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A propos des moteurs diésel
3 août 2017, par Patrick Cotrel - #Déplacements - #Développement DurableUn article circule actuellement sur le web intitulé « honnêteté de Hulot et Macron !!! », qui semble être un réhabillage d’un message de 2016 intitulé « La paranoïa du diesel », sans qu’on sache précisément en situer l’auteur.
Pour donner le ton de l’article, citons son début : "Pour qui nous prend-on ? ? ?
La paranoïa du DIESEL ne concerne que les automobiles ! Les Poids lourds, Autocars, Avions, Navires, sont exclus !!!
Très bonne analyse nous démontrant que nos politiques (et les verts) nous font du spectacle."
Suit alors une « démonstration » qui affirme que la pollution occasionnée par les moteurs diésel des voitures particulières n’est rien, face aux pollutions des bateaux, des avions et des tracteurs.Quel étrange message qui semble vouloir défendre le diésel, qui parle de "pollution" en général (ce qui ne veut rien dire), et qui, finalement, revendique le droit de "polluer", puisque d’autres polluent davantage !
Reprenons donc les choses posément.
1/ Tous les hydrocarbures fossiles provoquent des émissions de CO2 (le charbon beaucoup plus, le gaz naturel moins). Le CO2 n’est pas toxique (il y en a dans l’air), mais son augmentation sans précédent accentue l’effet de serre et provoque un réchauffement/dérèglement climatique (avec les conséquences qu’on commence à voir).
2/ Dans les agglomérations, les moteurs thermiques, et tout particulièrement le diésel, émettent des particules fines et des oxydes d’azote qui sont très polluants. Ils provoquent en France (par exemple) plus de 40 000 décès prématurés par an.
3/ Les constructeurs automobiles français ont tout misé sur la motorisation diésel depuis des décennies, en s’appuyant sur la taxation inférieure du gazole par rapport à l’essence. Ils ont, par exemple et avec la complicité de l’Etat, étouffé complètement le GPL pourtant moins polluant et abondant (c’est un résidu du raffinage du pétrole). Question complémentaire : pourquoi le gazole continue-t-il à être moins taxé que l’essence, alors qu’il ne coûte pas plus cher à produire et est même moins abondant en France (on doit en importer) ??
4/ Les constructeurs auto étrangers commencent à amorcer leur transition énergétique : Volvo, par exemple a annoncé l’abandon des motorisations diésel et essence (sauf hybride-essence) pour 2019 ; Porche annonce son abandon de la compétition classique de type Le Mans pour se concentrer sur la compétition à motorisation électrique (Formule E), Audi annonce aussi sa conversion à venir vers les motorisations électriques, … Et les constructeurs français sont à la traine (sauf Renault, timidement, avec Zoé).En conséquence, plutôt que de revendiquer un droit à polluer autant que les autres, il est urgent d’exiger que tous polluent moins. Car les alertes sont pressantes. Ouest-France du 2 août publie un article intitulé : "Réchauffement de la terre : le pire se profile" (‘sans une diminution plus rapide des émissions de carbone, la température de la planète devrait grimper de 3,2 °C d’ici à 2100. L’accord de paris ne suffira pas.’).
Et se profilent la fonte de la banquise (4 millions de km2 déjà perdus), l’élévation du niveau des mers (+1,5 cm entre 2014 et 2016), la multiplication des phénomènes de canicules, cyclones, inondations, la désertification d’immenses zones géographiques en Asie et Afrique, et leurs cortèges de millions de réfugiés climatiques… (Pour lire l’article, cliquer ici).
Il est absolument urgent de réclamer à nos gouvernants de prendre les mesures radicales pour assurer une indispensable transition énergétique et écologique :réduction des moteurs thermiques, et des moteurs diésel en ville en particulier ;
fort encouragement à l’isolation thermique des logements anciens ;
l’instauration d’une taxe carbone sur les activités économiques (y compris le transport routier français et étranger) pour encourager les productions locales ;
fort encouragement au développement et à la recherche sur les énergies renouvelables,
mais aussi, bien entendu, la taxation du kérosène (avions), du gazole pour les camions et les agriculteurs, du fioul lourd pour les bateaux.
Il est urgent, aussi, de convaincre nos concitoyens de faire des efforts pour polluer moins, dans leurs activités privées : le civisme est à encourager, alors que revendiquer de plus polluer mène l’humanité dans le mur !
Précisions supplémentaires :
les chiffres cités dans ce texte sont difficilement vérifiables puisqu’ils ne sont assortis d’aucune précision des sources, comme l’indique le site http://www.hoaxbuster.com/forum/la-... (première ressource francophone sur les canulars du web) ;
à l’origine, cet article semble avoir été publié par le site [http://www.saintecroixvolvestre.info/], qui est maintenant en vente !...
Pour le lire, cliquer ici.
titre documents joints :- info document (PDF - 162.2 ko)
- info document (PDF - 119.3 ko)
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Face à l’EPR de Flamanville, l’ASN douterait-elle de son expertise ?...
L’Autorité de Sureté Nucléaire lance une consultation
30 juillet 2017, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement DurableDepuis plusieurs années, on sait que plusieurs centaines de pièces forgées par l’usine Creusot Forge (propriété de AREVA) et destinées à des dizaines de centrales existantes ou en construction, ont de graves défauts de fabrication : leur teneur en carbone n’est pas conforme, des fissures sont détectées et leur résistance est amoindrie. Des documents de conformité ont même été falsifiés par le fabriquant !
Dès 2005, l’ASN a alerté EDF et AREVA sur ce problème.
C’est la raison pour laquelle la plus grande partie des centrales françaises ont été successivement arrêtées pour vérifications.
Problème supplémentaire : la cuve de la centrale EPR de Flamanville (fabriquée par Creusot forge) présente sans doute le même défaut, mais a déjà obtenu l’autorisation d’installation. La changer signifierait casser l’ensemble de la construction déjà réalisée…
Or la construction de cette centrale EPR de Flamanville a déjà 7 ou 8 ans de retard et a déjà triplé coût de construction ! Aucune centrale EPR n’a réussi à démarrer dans le monde, ni en Chine, ni en Finlande, ni en France. Et malgré cela, AREVA (maintenant EDF) s’est engagée à construire 2 centrales EPR en Angleterre à Hincley Point, ce qui constitue une menace économique majeure pour EDF (à tel point que son Directeur financier a démissionné) !...
La question qui est aujourd’hui posée à l’ASN, c’est d’autoriser-ou non- l’installation du couvercle de la cuve de l’EPR, qui présente les mêmes faiblesses que la cuve.
mais dans le contexte actuel, refuser la mise en service reviendrait à mettre en cause la filière française du nucléaire et le rêve du lobbies nucléaire français (extrêmement puissant) qui rêve toujours d’imposer mondialement la "suprématie" de cette filières nucléaire française... qui accumule les échecs et qui nous mène tout droit dans le mur…(que l’Etat français devra financer, donc, que nous devrons payer, ...sans parler des rsques d’accident).
Est-ce pour cela que des rumeurs laissent entendre que l’ASN pourrait autoriser la mise en service pour 6 ans (les centrales sont prévues pour au moins 30 ans) ?
Le gap politique est-il trop important pour l’ASN, qui souhaiterait partager sa responsabilité avec le public ? Les citoyens sont-ils devenus experts en risque nucléaire ???Ceci dit, puisqu’on nous demande notre avis sur le nucléaire, profitons-en !
Green Peace nous invite à nous inscrire sur le site de l’ASN pour donner notre avis et explique la marche à suivre pour cela : cliquer ici pour la suivre.
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Evolution du chômage en juin 2017
26 juillet 2017, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #EmploiLes annonces :
Certains médias (comme Ouest-France) annoncent une baisse du chômage. Et c’est vrai que le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (n’ayant effectué aucun travail dans le mois) a baissé de10 900 par rapport à mai 2017.
D’autres, plus affutés (comme France-Inter), font remarquer que dans le même temps, le nombre de chômeurs de catégories 2 et 3 (c’est-à-dire ceux qui ont fait un ‘petit boulot’ dans le mois) a augmenté de12 700. Ce qui fait que le total des chômeurs de cat. A, B et C a augmenté de 1 800.
Les tendances :
Pour prendre de la distanceavec ces chiffres au mois le mois et approcher une tendance, il faut examiner l’évolution sur un an en pourcentage du nombre de chômeurs de catégories A, B et C.
Alors que dans de dernier semestre 2016, le chômage semblait être à peu près stabilisé, nous sommes repartis depuis 3 mois sur une augmentation de plus de 2% sur un an. (cf courbe)
Mais en même temps, comme le montre la courbe ci-dessous, le nombre de chômeurs de catégorie A est en baisse (sur un an) depuis avril 2016.
Cela signifie que la sortie du chômage complet (cat.A) passe de plus en plus par un ‘petit boulot’ de quelques heures ou quelques jours.
Les contrats précaires sont de plus en plus nombreux, avant même les ordonnances macron en préparation.
Cela repose donc la question de la nécessité d’assouplir les contrats de travail et d’encourager, encore, la précarité.
Les offres d’emploi recueillies par Pôle Emploi :
Elles sont en nette baisse : 291 700 contre 301 200 le mois dernier ; ce qui laisse entrevoir une certaine atonie du marché du travail, malgré les emplois résultant de la saison touristique d’été.
La situation en Pays de la Loire :
Depuis plusieurs mois, la situationde l’emploi en Pays de la Loire était nettement plus favorable que la situation nationale. Mais le mois dernier, nous avons signalé un retournement de situation. Les statistiques « Corrigées des Variations Saisonnières », maintenant disponibles, permettent de montrer que nous sommes revenus à une situation à peu près similaire à la situation nationale (augmentation du chômage ABC sur un an de l’ordre de 2%).
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Les enjeux des ‘réformes’ du travail en préparation (2)
24 juillet 2017, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement Durable - #Format. Profession. - #EmploiSelon Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, les modifications du code du travail par ordonnances ont pour objectif "de libérer les énergies des entreprises et des actifs, mais aussi d’adapter les droits des salariés à leurs attentes et à leurs besoins",. Ces adaptations des règles du travail sont implicitement présentées comme indispensables pour « déverrouiller » la création d’emplois.
Quels sont donc les domaines de la réglementation du travail qui sont visés par la réforme ?
Quels impacts vont avoir les autres réformes envisagées (chômage, sécurité sociale, formation professionnelle) ?
Et enfin, ces réformes ont-elles des chances d’être efficaces, au regard des expériences passées et des expériences dans d’autres pays ?Pour faciliter la lecture, ce dossier a été divisé en deux articles sur ce blog. Voici le second.
Second article : la logique de ces réformes
Dans le premier article, nous avons fait le constats suivant : "En résumé, il semble bien que ce projet aura pour conséquence une précarisation des salariés et un amoindrissement du rôle des syndicats de salariés et des prud’hommes (instance paritaire entre syndicats de salariés et d’employeurs)." Pour relire ce premier article, cliquer ici.
Mais, selon le gouvernement, cette "souplesse" (=précarisation) doit être accompagnée de contreparties en terme de sécurisation des parcours individuels des actifs.
Les "contreparties" :Le "chèque syndical" et la représentation des salariés au Conseil d’administration de l’entreprise : ces points sont vaguement évoqués dans la loi, mais peu évoqués dans les discours (déja évoqué).
L’augmentation du pouvoir d’achat des salariés par la suppression des retenues des salariés au titre de l’assurance chômage et de l’assurance maladie. C’est l’Etat qui va se substituer, en contrepartie d’une augmentation de la CSG, qui touchera particulièrement les retraités.
C’est donc une étatisation de l’assurance chômage qui va avoir lieu, avec une négociation entre l’Etat et le patronat (qui continue à cotiser). L’Etat va décider d’étendre l’indemnisation du chômage à des catégories nouvelles d’actifs (travailleurs indépendants, salariés démissionnaires une fois tous les 5 ans). Une alerte : le candidat Macron a annoncé vouloir faire une économie de 10 milliards € par an sur l’assurance chômage ; qui en fera les frais ???
Dans la même logique, on va avoir une étatisation plus complète de l’assurance maladie.La formation professionnelle. La plus grosse part des crédits de la formation professionnelle continue (FPC) provient des entreprises. Jusqu’à présent, les fonds sont collectés par les OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés) et gérés paritairement par les syndicats ouvriers et patronaux. S’appuyant sur les défauts (réels) de ce système, le gouvernement semble vouloir affecter la plus grande partie de ces sommes au Compte Personnel de Formation, avec l’intention affichée d’améliorer le droit des salariés à la formation/reconversion. Du coup, les OPCA (à gestion paritaire) seront supprimés. Qui va réguler les achats et le financement des formations ???
La logique de ces réformes :La fin du paritarisme ? Le point commun de toutes ces réformes, si on y ajoute la fin des négociations nationales interprofessionnelles et la restriction du périmètre des prud’hommes, c’est la disparition du paritarisme ; ou plus exactement du rôle national des syndicats de salariés, puisque les employeurs, qui continueront à cotiser à l’UNEDIC et à la FPC, auront toujours la capacité de négocier avec l’Etat. La première grosse conséquence de ces réformes, c’est l’exclusion des syndicats ouvriers des négociations nationales sur les règles du travail, ainsi que sur la gestion des institutions sociales liées au travail. Nul doute que cela ne peut qu’affaiblir les intérêts globaux des salariés et amoindrir la réalité des "contreparties".
La recentralisation par l’Etat : L’autre caractéristique importante de ces réformes, c’est la recentralisation vers l’Etat des orientations et de la gestion des relations sociales en France.
Soyons clair : nous ne considérons pas que le système actuel, par exemple de la FPC, soit parfait. Il a permis beaucoup d’abus et pas assez bénéficié aux moins qualifiés qui en avaient le plus besoin. Mais, normalement, ce sont les Régions qui ont en charge la FPC (pour les chômeurs et les jeunes sans emploi ni qualification). Et lorsque plusieurs Vice présidents écologistes ont été en charge de la FPC, ils ont développé des échanges avec les partenaires sociaux et avec Pôle Emploi pour avancer vers une coordination et une meilleure efficacité de la FPC vis à vis des moins qualifiés... Le gouvernement Macron-Philippe tire un trait sur tout cela et recentralise !Le rejet du ’modèle’ social-démocrate : Comme le souligne Guillaume Duval dans ’alternatives économiques’ de juin 2017, cette évolution nous rapproche d’un modèle anglo-saxon de société, mais tourne le dos au modèle ’social-démocrate’ plus ou moins à l’oeuvre en Allemagne et dans les pays européens du Nord.
En Allemagne, par exemple, dans l’industrie (qui exporte !), la syndicalisation des salariés est quasi obligatoire et les représentants du personnel ont la moitié des sièges au sein des Conseils d’administration des entreprises. Dans un Etat décentralisé, les syndicats de salariés sont une force incontournable.
Comme le souligne Sandrine Foulon dans le même N° d’’alternatives économiques’, "trente ans de dérégulation du travail n’ont pas réussi à endiguer le chômage qui reste à des niveaux élevés depuis les années 1980."
Il est malheureusement probable que ce nouveau et grand pas vers la dérégulation du travail ne résoudra pas les problèmes du chômage en France. -
Les enjeux des ‘réformes’ du code du travail en préparation
21 juillet 2017, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement Durable - #EmploiSelon Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, les modifications du code du travail par ordonnances ont pour objectif "de libérer les énergies des entreprises et des actifs, mais aussi d’adapter les droits des salariés à leurs attentes et à leurs besoins",. Ces adaptations des règles du travail sont implicitement présentées comme indispensables pour « déverrouiller » la création d’emplois.
Quels sont donc les domaines de la réglementation du travail qui sont visés par la réforme ?
Quels impacts vont avoir les autres réformes envisagées (chômage, sécurité sociale, formation professionnelle) ?
Et enfin, ces réformes ont-elles des chances d’être efficaces, au regard des expériences passées et des expériences dans d’autres pays ?Pour faciliter la lecture, ce dossier sera divisé en deux articles sur ce blog
Premier article : quelle réforme du code du travail ?
Le projet de loi d’habilitation de la réforme par ordonnances est très flou sur le contenu précis des réformes. Mais d’après les interventions et explications des responsables gouvernementaux, on peut reconstituer les objectifs de cette réforme.
Les principaux points sont les suivants :La hiérarchie des normes :
Jusqu’à présent, un accord national interprofessionnel (signé par les organisations patronales et les syndicats de salariés) s’imposait à toutes les branches professionnelles et à toutes les entreprises, surtout lorsqu’il avait l’aval de l’Etat (on parlait alors d’un accord étendu).
La réforme vise à "reconnaître et attribuer une place centrale" à la négociation d’entreprise. Exit, donc les négociations nationales interprofessionnelles. Certains domaines seront réservés à des accords de branche professionnelle (classifications, mutualisation des financements paritaires, gestion et qualité de l’emploi (dont le recours au CDD, l’extension des contrats de chantier), égalité professionnelle entre hommes et femmes,… Les branches pourront aussi, si elles le souhaitent, traiter de certains sujets comme la pénibilité, le handicap, les moyens d’exercice d’un mandat syndical.
Tout le reste est du domaine de la négociation d’entreprise.Contrats de travail :
Objectif : donner plus de souplesse pour l’utilisation par les employeurs des CDD et créer des "contrats de chantier" qui prennent fin avec le chantier, mais sans la prime de précarité dont bénéficient les CDD.Instances représentatives du personnel (IRP) :
Il s’agit de fusionner "en une seule instance les délégués du personnel, le comité d’entreprise et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT)", ce qui est déjà possible pour les entreprises de moins de 300 salariés. De plus, les délégués syndicaux qui représentent leur syndicat dans l’entreprise et sont nommés par lui (non élus) pourraient aussi être fusionnés en cas d’accord majoritaire. Par quel mode de désignation ?Prud’hommes :
Initialement, un licenciement devait avoir une raison explicite : faute grave du salarié, incompétence professionnelle, ou motif économique. Pour donner plus de souplesse, il a été créé la "rupture conventionnelle" où, moyennant une certaine somme versée par l’employeur, les deux parties mettent fin au contrat de travail sans précision de motif. Actuellement on enregistre en moyenne 30 000 ruptures conventionnelles par mois. Mais cela ne doit pas suffire, ou bien coûter trop cher aux employeurs. C’est la raison pour laquelle le projet veut limiter les indemnités décidées par les prud’hommes pour les licenciements "sans cause réelle et sérieuse". C’est une façon d’officialiser ces licenciements abusifs, moyennant une indemnité qui ne prend pas en compte le dommage réel pour le salarié particulier concerné.Licenciements :
Dans le passé, le groupe industriel ou financier auquel appartient l’entreprise qui procédait à des licenciements économiques était solidaire pour les propositions de reclassement dans d’autres entreprises du groupe et pour les moyens financiers mis dans le ‘plan social’. Ce n’est plus le cas avec la loi El Khomeri.
Mais la future ‘loi travail’ en rajoute une couche : pour vérifier les difficultés d’une entreprise qui veut procéder à des licenciements économiques, on prend en compte la situation internationale. Le projet de loi Macron veut restreindre ce périmètre à la convenance du gouvernement (sans doute pour rassurer les investisseurs étrangers).
Enfin, le projet veut définir des situations où le licenciement économique ne peut pas être contesté devant les prud’hommes. La loi El Khomeri avait énoncé plusieurs critères définissant les difficultés économiques d’une entreprise. Le projet macron semble vouloir encore aller plus loin dans la simplification et même l’unification des motifs (baisse sur un ou plusieurs trimestres, suivant la taille de l’entreprise, du chiffre d’affaires ou des commandes). Et pour faire bonne mesure, le projet vise à réduire le délai pour entamer une action en justice.Les ‘contreparties’ :
Plusieurs contreparties pour les salariés à cette flexibilité du contrat de travail sont évoquées dans le projet. Par exemple le système du chèque syndical (le salarié opte pour un syndicat lors de son embauche) et la présence de représentants des salariés au Conseil d’administration de l’entreprise, sont évoqués sans trop de précision.
Le compte individuel social du salarié est également évoqué. Mais une de ses composantes, le compte individuel de pénibilité provoque un tollé du côté patronal. Le projet se propose dont de le simplifier... en supprimant certains critères de pénibilité (port de charges lourdes, utilisation de produits toxiques, fortes vibrations au poste de travail, ...) !
L’amélioration des possibilités de formation professionnelle continue pour les salariés sont aussi souvent évoquées dans les contreparties. Mais nous n’en savons pas beaucoup plus, sauf la volonté affichée par le Président que l’Etat recontrôle ce domaine qui était pour le moment dévolu aux partenaires sociaux.
Par contre, l’élargissement de la possibilité de référendum des salariés à l’initiative de l’employeur (sans l’avis des syndicats) est projeté.
Pour télécharger la loi d’habilitation des ordonnances, cliquer ici.En résumé, il semble bien que ce projet aura pour conséquence une précarisation des salariés et un amoindrissement du rôle des syndicats de salariés et des prud’hommes (instance paritaire entre syndicats de salariés et d’employeurs).
Ce projet reprend point pour point le cahier de doléances du Medef du printemps 2015 : "Contrat de travail : le Medef en a rêvé, Macron l’a fait", titrait le Figaro. On comprend mieux le silence actuel du Medef...Dans un prochain article, nous reviendrons sur les autres projets sociaux du président Macron, sur le sens global de ces réformes et sur leurs chances de succès.
Pour lire ce second article, cliquer ici.
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