Articles les plus récents
page précédente | 1 | ... | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 | 101 | 102 | ... | 335 | page suivante
-
Selon Oxfam, les inégalités se creusent, dans le monde et en France
Contribution de Oxfam-France au « grand débat » ?
21 janvier 2019, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement DurableA la veille du Forum économique mondial de Davos qui rassemble le gotha du monde politique et économique, Oxfam révèle dans son rapport « Services publics ou fortunes privées » qu’en 2018 la fortune des milliardaires de la planète a augmenté de 12 % représentant un gain quotidien cumulé de 2,2 milliards d’euros, tandis que la richesse de la moitié la plus pauvre de la population mondiale – soit 3,8 milliards de personnes – a chuté de 11 %.
Pour Pauline Leclère, porte-parole d’Oxfam France : "Après les Etats-Unis, la France est le pays qui a connu la plus forte progression de millionnaires en 2018. Aujourd’hui, en France, 8 milliardaires français possèdent autant que les 30% les plus pauvres" "La responsabilité des gouvernements est sans équivoque : loin de s’attaquer aux inégalités, ils les aggravent d’un côté en allégeant allègrement la taxation des entreprises et des plus fortunés, et en renonçant à combattre l’évasion fiscale tandis que de l’autre, ils sous-financent les services publics, au détriment des plus pauvres et des femmes notamment."
Oxfam indique que le fossé entre les plus riches et les plus pauvres a continué de se creuser en 2018, compromettant par là-même, globalement, la lutte contre la pauvreté : en Afrique subsaharienne, l’extrême pauvreté a ainsi augmenté, et à ce jour, encore 3,4 milliards de personnes survivent avec moins de 5 € (5,5 $) par jour.
Ainsi :En France, en 2018, les 5% les plus riches détenaient 40% des richesses nationales. Et les 1% les plus riches en détenaient 20,6 %.
Depuis la crise financière, le nombre de milliardaires a presque doublé : ils étaient 1 125 en 2008, et 2 208 en 2018.
Le rythme de la réduction de la pauvreté dans le monde a été divisé par 2 depuis 2013. La pauvreté repart même à la hausse en Afrique subsaharienne.
Le taux nominal maximum moyen de l’impôt sur le revenu des particuliers dans les pays riches est passé de 62% en 1970 à seulement 38% en 2013.
Les grandes fortunes dissimulent 7 600 milliards de dollars aux autorités fiscale et l’évasion fiscale des multinationales privent les pays en développement de 100 milliards de dollars chaque année.
Les hommes possèdent aujourd’hui 50% de richesses de plus que les femmes. Aux Etats-Unis, un homme blanc célibataire a un patrimoine 100 fois plus important que celui d’une femme hispanique célibataire.
Au-delà de l’impact économique, le désengagement des gouvernements dans l’éducation ou la santé a un coût humain très élevé. En réduisant les moyens alloués aux services publics qui bénéficient d’abord aux plus pauvres, et aux femmes et aux jeunes filles, les gouvernements renforcent encore les inégalités de genre, pénalisant les femmes, qui compensent le manque de services publics par davantage de travail domestique non-rémunéré.
"Le sentiment d’injustice est très fort aujourd’hui et il repose sur une réalité économique et sociale particulièrement grave. La fiscalité a été détournée de l’un de ses objectifs nobles et principaux : celui d’aider à construire une société inclusive, à rendre l’économie plus humaine. Emmanuel Macron ne manque pas une occasion de déplorer l’ampleur des inégalités et en a fait le thème central du G7 dont il prend la présidence cette année. Il est temps qu’il se mette à l’écoute des 99 % des Français et non des 1 % les plus riches et qu’il mette en œuvre des réformes fiscales en ce sens !"
"Pour s’attaquer véritablement aux inégalités en France et dans le monde, les gouvernements doivent obliger les plus aisés et les grandes entreprises à payer leur juste part d’impôt et à contribuer davantage à l’effort commun. Les recettes fiscales investies dans des services de santé et d’éducation de qualité sont une clé pour réduire les inégalités en corrigeant des inégalités de départ. Enfin, les grandes entreprises ont également un rôle crucial à jouer en commençant par réduire les écarts de salaires indécents en leur sein."
Pour répondre à la crise des inégalités et au sentiment d’injustice fiscale, Oxfam demande aux gouvernements – à commencer par Emmanuel Macron qui préside le G7 cette année – de promouvoir et d’adopter des mesures ambitieuses :Mettre en place des fiscalités progressives pour financer des services publics de qualité, en demandant aux plus aisés – particuliers et grandes entreprises – d’être davantage mis à contribution pour l’intérêt général. Cela commence en France par le rétablissement d’un impôt sur la fortune.
Lutter efficacement contre l’évasion fiscale en dressant une liste crédible des paradis fiscaux et en exigeant des multinationales qu’elles paient des impôts correspondant à leurs activités réelles.
Adopter et promouvoir des politiques d’aide au développement qui investissent prioritairement dans les services essentiels (éducation, santé, agriculture, protection sociale).
Réduire les écarts de salaires dans les grandes entreprises, en fixant un écart maximum entre les plus hauts salaires et le salaire médian et dès maintenant en obligeant les grandes entreprises à publier les écarts de salaire par quartile en leur sein.
Faire de l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre toutes les discriminations fondées sur le genre, un axe transversal de toutes les politiques publiques.
Pour lire l’intégralité du communiqué de Oxfam, cliquer ici
Pour signer la pétition de Oxfam contre les inégalités, cliquer iciIl y a 0 message(s) de forum -
La lettre aux citoyens pour le "grand débat" :
Les pièges de Macron
17 janvier 2019, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement Durable - #EmploiEn dépit de la variété des revendications mises successivement en avant par le mouvement des gilets jaunes, c’est bien la ligne générale des « réformes » mises en œuvre par le gouvernement qui sont contestées.
La ligne générale des réformes Macron :
On peut la résumer en deux orientations lourdes :Donner des aides et avantages aux plus riches (les "premiers de cordée") et aux entreprises, sans conditions (CICE, baisse de l’impôt sur les sociétés, suppression de l’impôt sur la fortune, …).
Pour financer ces 30 milliards € par an, au bas mot, ce gouvernement a fait le choix de couper dans le budget de la transition écologique et de réduire les prestations sociales pour les plus pauvres (on "dépense un pognon de dingue" pour des "fainéants" "qui déconnent"…) et pour les classes moyennes (blocage du RSA et quasi blocage des allocations familiales et logement, retraites, ).
Le double discours de la communication Macron
Les axes fondamentaux des ‘réformes macron’ sont masqués / habillés par un double discours sur des sujets fondamentaux, dont on a quelques exemples dans sa lettre :Il nous écrit, à propos de la transition écologique, "Plus nous tardons à nous remettre en cause, plus ces transformations seront douloureuses". C’est exactement ce que disent le GIEC et même des économistes : c’est dans les 2 ou 3 prochaines années qu’il faut faire un gros effort ; sinon, ces efforts nécessaires à notre survie seront encore bien plus énormes.
Or, malgré ce discours, Macron fait l’inverse : le Plan Pluriannuel de l’Energie reporte les choix à 10 ans. Le plan pour l’isolation des logements a été complètement tronqué (c’est un des motifs forts de la démission de Nicola Hulot) et le choix de se désengager progressivement du nucléaire, pour concentrer les investissements sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables, a été reporté à 10 ans.Il évoque la possibilité de "renforcer la décentralisation et donner plus de pouvoir de décision et d’action au plus près des citoyens", alors qu’il a systématiquement baissé les dotations aux collectivités locales et qu’il a enlevé aux régions la responsabilité qu’elles avaient en matière d’apprentissage et de formation professionnelle au profit d’une recentralisation vers l’Etat.
Les pièges tendus par Macron :
Le mot d’ordre des gilets jaunes concernant le rétablissement de l’Impôt Sur la Fortune (ISF) constitue bien une contestation de la ligne générale des réformes Macron évoquée plus haut.
Le président Macron s’y oppose : "Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour […] encourager l’investissement".
Mais il sait qu’entamer un ’grand débat national’ en interdisant certains sujets n’est pas très porteur.
Il s’efforce donc de rallumer des polémiques tout au long de son courrier, pour détourner l’attention de l’essentiel de sa politique. Exemple :Il présente la transition écologique comme générant seulement des coûts supplémentaires qu’il faudrait compenser par des impôts supplémentaires. Il oublie de dire qu’un investissement massif dans l’isolation des logements créerait beaucoup d’emplois non délocalisables, et donc améliorerait le budget des habitants et les rentrées financières pour l’Etat. Il oublie de dire qu’en conditionnant les aides de l’Etat aux entreprises à leurs investissements vers la transition écologique, on peut orienter les capitaux privés vers cet objectif (idem pour l’ISF). Il oublie de dire qu’en accélérant la réduction de la part du nucléaire dans la production l’électricité, on pourrait économiser une bonne partie des investissements pour prolonger la durée de vie des centrales (estimés à 100 millions € par la Cour des comptes), etc…
Il tente d’opposer les retraités à "ceux qui travaillent" qui financent les pensions, en oubliant que ces retraités ont, eux-mêmes, financé la retraite de leurs prédécesseurs.
il suggère de supprimer certains services publics "dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité", et il met un zoom sur Pôle Emploi à qui il supprime déjà 800 postes en 2019 ; alors que l’accompagnement des chômeurs est déjà saturé et le traitement des offres d’emploi est réduit au strict minimum…
Il en remet une couche sur l’immigration en suggérant l’instauration de quotas et en renforçant "les principes de la laïcité".
Etc…
Ne pas se laisser piéger et participer au Débat :
Le décor est maintenant planté. Il est primordial de participer à ce débat, même si c’est sans illusions sur la volonté du président de mettre en œuvre des mesures qui sortiraient de sa propre logique. Mais c’est quand même une bonne occasion pour maintenir la pression politique sur ce gouvernement et ne pas laisser le terrain libre à l’extrême droite.
Nous devons convaincre sur l’impérieuse nécessité de lancer une réelle transition écologique pour limiter les effets du réchauffement en cours. Mais cette transition ne pourra se faire qu’en diminuant les inégalités, en améliorant protection sociale et services publics, en se préparant à accueillir dignement les réfugiés climatiques, dont le nombre ne va pas diminuer. -
Région Pays de la Loire : la majorité verrouille !
14 janvier 2019, par Patrick Cotrel - #Conseil régional - #Déplacements - #Format. Profession.De plus en plus, la nouvelle Présidente de la Région et son équipe développent un net sectarisme vis-à-vis de l’opposition, ce qui n’était pas habituel lors des mandats précédents, quel que soit la majorité.
Les dernières décisions de cette majorité le mettent en évidence.
Déjà, lors du débat budgétaire de décembre…
Formation professionnelle :
Christelle Cardet a présenté un amendement dans le cadre de la création de 18 conseils locaux emploi/formation/orientation professionnelles. Si le groupe s’est félicité de cette initiative, leur composition n’inclut pas de représentant.e.s de la minorité régionale.
"Lors des mandats de 1998-2004 (avec une majorité de droite) et 2004-2010 (avec une majorité de gauche), il existait des comités de bassin d’emplois et la minorité était toujours invitée à participer aux réunions." a précisé Christelle Cardet.
Amendement rejeté au motif que la majorité est représentative de la politique régionale, c’est à nouveau le signe de l’incapacité de la majorité à mettre en place une autre gouvernance, basée sur l’intelligence collective.
Pour lire l’intervention de Christelle, cliquer ici
Représentation territoriale :
Selon Ouest-France, le dernier numéro du magazine régional a fait tousser les cinq élus du groupe Écologiste et Citoyen. Ils ont eu beau chercher leur nom sur la carte régionale où figurent ceux des conseillers régionaux référents de chaque territoire, ils ne l’ont pas trouvé. Lors de l’intervention de leur co-présidente Sophie Bringuy, ils se sont levés pour manifester leur agacement et afficher : nous existons, nous proposons, nous alertons, nous agissons.
"La conférence ligérienne de l’énergie, les Grenelles de l’apprentissage, la journée des maires. Nous étions là. Les auditions de Contrats Territoires-Région ou de Contrat régionaux de bassins versants, la journée du Réseau Rural Régional sur la mobilité durable, celle sur l’économie circulaire et la commande publique. Nous étions là. Les Conseils d’administration des Parcs naturels régionaux, de Fontevraud ou de l’ONPL ou les comités de ligne. Nous étions là." a précisé Sophie Bringuy.
"Malgré notre disparition dans le triangle, non des Bermudes, mais de la communication majoritaire, nous existons bien. Nous agissons. Nous proposons. Nous alertons."Documentaire sur Notre Dame des Landes :
C’est lors de la commission permanente du 28 septembre dernier que les aides à la création cinématographique, dont les documentaires, ont été votées. Dans l’annexe au rapport 315 qui proposait d’attribuer des subventions à 14 projets retenus sur les 44 déposés au titre du fonds d’aide au développement et à la production, l’avis du comité technique concerné était précisé.
"Au Conseil régional, les élu.e.s suivent toujours l’avis du comité technique, sauf deux exceptions en 1998 et 2013. Quand nous recevons le rapport, les documentaires sont décrits en une ligne. Nous faisons donc confiance aux experts désignés par la Région. En tant qu’élue de la minorité, je vérifie si l’avis des experts est suivi. Or, cette fois-ci, l’avis du comité était noté « rejet »*. Nous avons donc cru que, du point de vue artistique, le documentaire était jugé comme en-deçà de ceux sélectionnés", explique Lucie ETONNO qui suit les dossiers culture pour le groupe des écologistes et citoyens.
Or, il se trouve que l’avis du Comité technique était positif !
"Aujourd’hui, je pose la question à Laurence GARNIER : avez-vous volontairement diffusé une information fausse pour éviter la polémique ?", ajoute lucie.
"Quant à l’acte de censure en lui-même, nous le condamnons avec la plus grande fermeté" affirme Sophie Bringuy, coprésidente du groupe. "Cela constitue une entrave à la liberté d’expression et à la diversité d’opinions : des valeurs fondamentales d’un fonctionnement démocratique et républicain. C’est grave. La majorité régionale clame souvent de grands principes républicains. Quand il s’agit de passer à la pratique, elle oublie ses appels à l’exemplarité et pose des actes qui encouragent la méfiance des citoyen.ne.s à l’égard de nos institutions.
Ce documentaire sera diffusé sur France3 Pays de la Loire ce lundi 14/01 à 23h30 et sur fr3 national jeudi 17/01 à 23h45.
Pour lire le communiqué des élu.e.s Ecologistes et citoyens, cliquer ici -
Un sentiment croissant de pauvreté
10 janvier 2019, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement Durable - #EmploiPour l’INSEE, la définition officielle de la pauvreté se situe à 60% du niveau de vie médian , soit 1096 €/mois.
Mais deux sociologues (Nicolas Duvaux et Adrien Papuchon) ont mené une enquête sur le côté subjectif de la pauvreté : quels sont celles et ceux qui se considèrent comme pauvres ? (note1)
Surprise : Il n’y a pas que les gens en-dessous du seuil de pauvreté qui se sentent pauvres ; ni même que des chômeurs. Il y a aussi des gens qui perçoivent jusqu’à 20% de plus que le seuil de pauvreté.
Le point commun à l’ensemble de ces ‘pauvres subjectifs’ ? C’est un pessimisme pour leur propre avenir, associé à la conviction d’avoir subi un déclassement social vécu comme irréversible.
Au-delà de la faiblesse des revenus, la pauvreté ressentie se nourrit également d’un fragilisation du parcours de vie et d’une absence de perspectives d’amélioration de l’existence, ce qu’on peut traduire par ‘Insécurité sociale’.
Comment devient-on pauvre ? (note2)
Robert Castel souligne qu’être salarié, ce n’est pas seulement toucher un salaire régulier. C’est aussi bénéficier de différents dispositifs associés fournissant aux salariés et à leur famille des protections contre différents risques de l’existence (maladie, perte d’emploi, …), ce qui leur permet de ne plus vivre au jour le jour. C’est pourquoi Robert Castel parle non pas d’exclusion, mais de désaffiliation.
Or, ces dernières années, on a vu ces protections refluer, par exemple par la loi de révision du code du travail, qui a renforcé l’utilisation de contrats précaires : missions de très courtes durées, temps partiel non choisi, statuts précaires (autoentrepreneur, tâcheron, ubérisation, …).
D’un autre côté, les liens familiaux et les réseaux d’entraide privée ont tendance à se distendre, en fonction du nombre croissant de séparations…
Enfin, les dispositifs d’assurance sociale tendent à être remplacés par des politiques d’assistance, et donc à exclure du monde ‘normal’.
L’individu peut plus souvent se retrouver isolé, en marge, fragilisé économiquement, sans point d’appui et sans avenir.
Il apparait ainsi que la pauvreté est un phénomène social, et pas seulement économique, une spirale marquée par des ruptures progressives de liens sociaux.Note 1 : "Qui se sent pauvre en France ? Pauvreté sociale et insécurité sociale", enquête publiée dans la Revue française de sociologie de décembre 2018. Alter Eco se fait l’écho de cette enquête dans son N° de janvier 2019.
Note 2 : Cette question est traitée par deux sociologues dans deux ouvrages : "La montée des incertitudes. Travail, protections, statut de l’individu" de Robert Castel et "La régulation des pauvres" de Serge Paugam et Nicolas Duvoux. Il en est rendu compte, également, dans Alter Eco de janvier 2019. -
A propos du ras-le-bol fiscal
10 janvier 2019, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement DurableLes informations contenues dans cet article sont tirées principalement de l’article de Christian Chavagneux dans le N° de janvier de AlterEco.
Trop d’impôts ?
Les gens disent souvent qu’on paie trop d’impôts. Et les déclarations du Président et du Premier ministre vont dans le même sens.
Et de fait, la barre symbolique des 1000 milliards € de prélèvements a été franchie en 2017 (45,3% du PIB). C’est un record de France (dans l’histoire) et du monde (aujourd’hui).
Encore faut-il préciser ce qui est comptabilisé (et qui ne l’est pas forcément dans d’autres pays). Il s’agit de la somme de tous les impôts et de toutes les cotisations sociales obligatoires. Mais sont comptabilisées les cotisations que l’Etat patron paie… à lui-même. Si on évite ces doubles comptes, cela baisse de 10% du total. Mais cela reste quand même très élevé.
A quoi sert l’impôt ?
Selon un sondage Ipsos de début novembre 2018, seulement 54% des personnes interrogées déclarent encore avoir le sentiment de réaliser un acte citoyen en s’en acquittant. Mais dans le même sondage, les impôts devraient servir prioritairement à : permettre de bénéficier d’un service public important, notamment en matière de santé et d’éducation, maintenir un haut niveau de protection sociale et un moyen de redistribuer les richesses pour réduire les inégalités. Ce sont trois choix qui nécessitent un haut niveau d’imposition.
Face à ce souhait, on peut constater que notre système de santé est assez égalitaire et performant : on ne demande pas au malade ou à l’accidenté s’il a les moyens de payer les soins, avant son admission à l’hôpital, comme cela peut être le cas dans d’autres pays ‘développés’. Pour le système d’éducation, même s’il est socialement sélectif, il reste néanmoins gratuit.
Enfin, notre système est très nettement redistributif.Quelques exemples :
En 2015, 22,3% des français sont sous le seuil de pauvreté (égal à 60% du revenu médian, soit 1096 € aujourd’hui). Mais après impôts et cotisations, ils ne sont plus que 14,2%, ce qui place notre pays dans le peloton de tête des pays développés.
Aujourd’hui, le tableau ci-contre montre la réalité de cette redistribution.
Alors, d’où vient ce sentiment que l’impôt est trop fort ?
L’impôt réduit de moins en moins les inégalités :
Les données de la Commission européenne montrent une évolution de long terme du système fiscal français vers une moindre taxation des plus aisés. Le taux maximum d’imposition pour les revenus les plus élevés a chuté de 59,1% en 1995 à 50,2% en 2017. Et le taux d’imposition le plus élevé pour les entreprises est passé d’un maximum de 41,7% en 1997-1998 à 34,4% en 2018.
La suppression (incomplète) de l’Impôt Sur la Fortune (ISF) et la baisse de la taxation de revenus du capital, ramenée à un maximum de 30%, ont diminué la capacité du système fiscal à réduire les inégalités.
Confirmation, selon ‘Les Echos’, l’année 2018 a été une année record en matière de distribution de dividendes aux actionnaires : +12,8% par rapport à 2017. Cela signifie que les aides financières de l’Etat aux entreprises (CICE, baisse du taux d’imposition et des prélèvements, …) ont été utilisées prioritairement pour rétribuer les actionnaires, plutôt qu’à l’accroissement des investissements (en particulier pour s’adapter aux impératifs de la transition écologique).
Nous y sommes : ce ’ras-le-bol’ de l’impôt est principalement dû au sentiment que ce gouvernement fait payer aux plus pauvres et aux ménages à revenus modestes les avantages accordés aux plus riches et aux entreprises. Et il ne semble pas que le président soit prêt à l’admettre…
page précédente | 1 | ... | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 | 101 | 102 | ... | 335 | page suivante