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Quelles réformes : à propos de "l’exemple allemand"
20 septembre 2017, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement Durable - #EmploiAu moment où le gouvernement français prépare une série de ‘réformes’ et où l’Allemagne est souvent citée comme exemple, il est intéressant de regarder de plus près ‘l’exemple’ allemand : pourquoi cet écart entre les deux pays ? Qu’est-ce qui a marché et ce qui n’a pas marché en Allemagne ?
Dans son numéro de septembre 2017, le mensuel Alternatives Economiques publie un dossier sur les réformes en Allemagne. Ce qui suit est fortement inspiré par ce dossier.Les réformes Schroëder :
Elles sont souvent présentées comme les assouplissements du droit du travail qui ont permis l’expansion économique de l’Allemagne.
C’est vrai que ces réformes ont permis la multiplication des petits boulots précaires et mal payés dans les services : les ‘mini jobs’ payés moins de 450€ par mois ne paient quasiment pas de charges sociales et se sont multipliés (mais ils n’ont pas de protection sociale et de retraite). Résultat : les ‘mini jobs’ représentaient 19% de l’emploi salarié en juin 2016, et sont surtout occupés par des femmes. Le nombre de salariés pauvres a explosé : 8,9% en 2015, contre 5,9% en France.> 1ère leçon : il n’est pas certain que l’opinion majoritaire en France soit prête à accepter la multiplication de petits boulots précaires et mal payés pour les femmes.
Mais ce qui n’est pas dit, c’est que ces réformes Schroëder n’ont absolument pas concerné les domaines industriels exportateurs : l’assise des syndicats, la présence des représentants des salariés dans les conseils d’administration et la ‘cogestion’ dans les entreprises, n’ont pas été touchés. Or, ce sont justement ces secteurs qui ont consolidé la réputation allemande de qualité et de haut niveau de technologie à l’exportation.> 2ème leçon : ce n’est pas en marginalisant les syndicats et en précarisant les salariés qu’on consolide des industries ‘haut de gamme’.
De plus, la longévité d’Angéla Merkel vient du fait qu’elle a su atténuer certaines réformes Schroëder : introduction d’un SMIC, retour à 63 ans pour l’âge de la retraite, …
Quelles sont donc les explications de la réussite économique allemande ?Sa faiblesse démographique : entre 2000 et 2016, le nombre d’emplois en France a augmenté de 8,3%, tandis qu’il augmentait seulement un peu plus en Allemagne (9,3%). Mais dans le même temps, la population active en France a augmenté de 10% et seulement de 5,5% en Allemagne. De plus, moins de jeunes signifie moins d’écoles à payer pour l’Etat, moins de logements à construire (et des logements moins chers)…
L’industrie allemande s’est adapté aux besoins des pays émergents : en se spécialisant depuis des décennies dans la production de biens d’équipement (machines-outils, équipements électriques, …), l’Allemagne a su répondre aux besoins des pays émergents comme la Chine, le Brésil, … D’où son fort développement de grosses PME exportatrices. Dans le même temps, l’Allemagne a produit les grosses berlines haut de gamme pour la fraction de population fraîchement enrichie de ces mêmes pays…
L’Allemagne a profité de la chute du mur de Berlin : Cela a permis à l’industrie allemande d’intégrer le tissu industriel de l’Est de l’Europe à son propre réseau, en bénéficiant d’une main d’œuvre bien formée et peu chère. L’Allemagne y a beaucoup investi et a délocalisé massivement.
L’Allemagne applique aussi quelques bonnes recettes :Une Allemagne toujours mobilisée pour les migrants : 890 000 réfugiés ont été accueillis en 2015, et 280 000 en 2016, après les accords avec la Turquie ; alors que la France peine à en accueillir quelques milliers… Bien sûr, le gouvernement allemand espère que l’intégration de tous ces migrants peut rééquilibrer une pyramide des âges de la population en déficit de jeunes. Mais il faut comprendrez que cette arrivée massive a été accueillie par une très large mobilisation populaire pour les accueillir..
Une transition énergétique très volontariste : Le lobby nucléaire français explique que la décision de l’Allemagne de sortir du nucléaire a entraîné le recours à des centrales au charbon très polluantes. C’est tout à fait inexact. Ce sont les énergies renouvelables qui ont connu une croissance très importante. Elles sont aujourd’hui la première source d’électricité. Les principaux courants politiques allemands sont d’accord pour considérer que la transition énergétique représente l’avenir industriel de l’Allemagne. En fait, l’Allemagne est exportatrice l’électricité vers les pays de l’Est … et la France (lorsque ses centrales nucléaires sont indisponibles, ce qui arrive de plus en plus souvent). Ce sont ces exportations (par définition intermittentes) qui sont couvertes par les centrales au charbon ; et cela rapporte de forts bénéfices à l’Allemagne. Il lui reste à prendre la décision politique (techniquement possible) de sortir du charbon pour respecter ses engagements. Mais le plus dur est fait.
Conclusion :
Même s’il est toujours difficile de faire des transpositions, "(...) l’Allemagne mériterait pourtant d’être copiée pour son organisation décentralisée, qui lui donne un territoire nettement plus équilibré que la France, pour l’insertion réussie des jeunes sur le marché du travail via l’apprentissage, pour le pouvoir important accordé aux salariés dans les entreprises via la ‘cogestion’, ou encore le volontarisme avec lequel ils abordent la transition énergétique, … Mais certainement pas pour les réformes Schroëder." (Guillaume Duval, Rédacteur en chef de ‘Alternatives Economiques’)Il y a 0 message(s) de forum -
Climat :
Le sénateur Ronan Dantec annonce la création d’un observatoire des acteurs non-étatiques
13 septembre 2017, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement DurableOn connait le rôle très important de Ronan Dantec (Sénateur de Loire Atlantique) pour la mobilisation des acteurs mondiaux non étatiques (associations, villes, agglomérations, …) engagés dans la lutte contre les dérèglements climatiques.
A ce titre, il est le Président de l’association mondiale ‘Climate Chance’, qui participe aux réunions mondiales des Etats (les COP) et organise périodiquement des sommets mondiaux intermédiaires. C’est un tel sommet qui a eu lieu à Nantes en 2016.
Un nouveau Climate Chance vient d’avoir lieu à Agadir (Maroc), à la suite de la COP 22 de Marakech.
Pour ses organisateurs, cet événement est "le plus grand temps fort collectif de l’ensemble des acteurs non-étatiques avant la COP 23". "Une mini COP en elle-même" assure le président de la COP 22, Salaheddine Mezouar. Au moins 3000 participants de 50 pays étaient attendus et 300 intervenants avaient été sélectionnés.
Ce sommet est notamment l’occasion de la mise en place des premières sessions de travail pour le lancement d’un observatoire des acteurs non-étatiques engagés dans la lutte contre les changements climatiques. Son objectif : "recouper tout ce que l’on sait de l’évolution des émissions de GES des États, mais aussi des dynamiques des acteurs non-étatiques", détaille Ronan Dantec.
Celui-ci devra aboutir à la publication, de manière annuelle, d’un méta rapport, découpé en quatre volets : analyse quantitative et qualitative sectorielle de l’action climat des acteurs non-étatiques, approche territoriale de ces questions, financement des acteurs non-étatiques et croisement des questions climat et développement.
Le premier rapport sera présenté en septembre 2018, à l’occasion d’un sommet international sur les acteurs non-étatiques et le climat, organisé en Californie.
La déclaration finale à Agadir devait mettre l’action de Climate Chance en perspective par rapport au bilan de 2018 (prévu par les accords de Paris) des efforts réalisés par les Etats en vue d’atteindre l’objectif à long-terme [contenir le réchauffement climatique bien en dessous des 2°C]. Ce premier bilan est un exercice très attendu, d’autant plus que ce sera le seul avant le bilan global qui se déroulera en 2023. Des bilans devraient ensuite se tenir tous les cinq ans.
Les organisations non étatiques veulent faire pression pour engager une révision des engagements des Etats pris à l’horizon 2023. "Les acteurs non-étatiques doivent travailler vite pour nourrir la réévaluation des engagements des États." Indique Ronan Dantec.
Pour télécharger la newsletter du sommet d’Agadir, cliquer ici. -
Ma participation à la consultation de l’ASN sur l’EPR de Flamanville
Demande de non validation de la cuve et du couvercle par l’ASN
13 septembre 2017, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement DurableRappel préalable :
La cuve fait partie des équipements dits "en exclusion de rupture". (En clair, aucune procédure n’est prévue en cas de rupture ou fuite de la cuve ou du couvercle qui sont réputées comme fiables à 100%.)
Or, l’ASN reconnait que la composition de l’acier de ces deux pièces essentielles n’est pas conforme ; et elle se dit même prête à exiger le remplacement du couvercle dans 7 ans (alors que la durée normalement prévue est de 30 ou 40 ans).La question n’est pas nouvelle :
Dès 2005, l’ASN avait alerté EDF sur le fait que l’usine Creusot Forge connaissait de sérieux problèmes de qualité. C’était avant la fabrication de la cuve de l’EPR.
A plusieurs reprises, des tests de résistance ont été réalisés avec les mêmes résultats : la résistance attendue n’est pas obtenue. Il est même établi que l’usine Creusot Forge (AREVA) a livré des pièces forgées non conformes aux exigences de résistance pour de nombreuses centrales nucléaires, des générateurs de vapeur en particulier. Pire, même, certaines pièces ont été accompagnées de faux certificats de conformité !
Mais un décret du 1er juillet 2015 instaure un régime dérogatoire pour les règles de conformité des équipements sous pression nucléaires pour permettre l’installation de la cuve de l’EPR à Flamanville. Elle est maintenant noyée dans le béton et son remplacement reviendrait à reprendre la construction de la centrale à zéro !En Belgique, l’Autorité de sûreté nucléaire (AFCN) a adopté une autre attitude :
Découvrant la présence de fissures dans la cuve de la centrale de Doel 3, près d’Anvers, l’AFCN a ordonné l’arrêt immédiat (et sans doute définitif) en 2016. De plus, elle a provoqué le 16 août 2016 une réunion des Autorités de sureté nucléaire des 7 pays concernés par la production de Creusot Forge pour les alerter, en particulier par rapport à la cuve de la centrale de Tricastin dont les fissures sont potentiellement plus dangereuses que celles de Doel 3.
L’ASN aura-t-elle le même courage ?
Pourtant, un refus de mise en service de la cuve et du couvercle de l’EPR de Flamanville accélérerait une décision de sortie progressive du nucléaire et éviterait d’avoir à financer des dizaines de milliards € d’investissements qui viendront s’ajouter à une facture déjà énorme : 32 milliards€ pour l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, 57 milliards pour essayer de prolonger la durée du parc vieillissant des centrales en fonctionnement, 21 milliards € pour l’hypothétique construction de 2 EPR en Angleterre…, qui viennent s’ajouter au triplement du prix de l’EPR de Flamanville (+ 7 milliards), au renflouement d’AREVA (4,5 milliards), de EDF (2 milliards), au indemnités réclamés par la Finlande pour non démarrage de l’EPR (5 milliards),…
C’est indispensable pour concentrer les investissements vers la transition énergétique : isolation thermique des habitations et locaux, développement des transports en commun, recherche et développement pour les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie (ex. hydrogène).Pour lire l’intégralité de ma contribution, cliquer ici.
Référence :
L’article de Bernard Laponche (spécialiste de l’industrie nucléaire et ancien Conseiller technique du Ministère de l’environnement) : [https://blogs.mediapart.fr/bernard-laponche/blog/080917/la-perilleuse-affaire-de-la-cuve-de-l-epr-de-flamanville]
titre documents joints :- info document (PDF - 175 ko)
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Manifestation du 12 septembre
Forte mobilisation
12 septembre 2017, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #EmploiLes organisateurs annoncent 15 000 manifestants à Nantes et 5000 à Saint Nazaire, ce qui traduit une forte mobilisation pour cette rentrée.
Finalement, les extrémistes, les fainéant et les cyniques sont plus nombreux que ne l’espérait Emmanuel Macron...Après la fin de la manifestation, j’ai croisé des jeunes casqués, cagoulés et habillés en noir. Un peu plus loin, j’ai croisé des policiers casqués, cagoulés et habillés en noir. Je me suis dit qu’ils avaient peut-être rendez-vous. Aux dernières nouvelles, il se sont bien rencontrés... heureusement après la fin de la manif.
Appel à manifester de Emmanuel Macron ?
Cette mobilisation a sans doute été favorisée par les propos provocateurs de Emmanuel Macron.
Dans sa ’Lettre politique’, Laurent Jauffrin commente le discours d’Athènes du Président : "L’appel à la manifestation lancé d’Athènes par Emmanuel Macron contre la loi travail est voué à rencontrer un remarquable succès. Voilà un homme qui, s’il n’avait pas été président, aurait fait un grand leader syndical… En fustigeant « les fainéants, les cyniques et les extrêmes » qui s’opposent à lui, il était sûr de réunir dans la rue une vaste coalition de Français."
C’est dommage, car "Emmanuel Macron, avant sa sortie devant les Français de l’étranger, avait fait un bon discours sur l’Europe. Plusieurs propositions neuves y figuraient, notamment cette idée de présenter des listes transnationales, qui bouleverserait le jeu habituel des élections au Parlement de Strasbourg.
Mais il a cru bon de contredire son entourage pour qui les fainéants étaient les précédents Présidents : il a précisé "que le mot « fainéant » visait « tous ceux qui s’opposent aux réformes » et donc, par définition, les manifestants."
De quoi donner envie d’y aller !...
Pour lire toute la "Lettre politique", cliquer ici. -
Apprentissage : une réelle voie de formation
2 septembre 2017, par Patrick Cotrel - #Apprentissage - #Format. Profession.Article publié par Ouest-France le 15 sept. 2017 dans le courrier des lecteurs.
Les déclarations d’Antoine Frérot, Pdg de Véolia, à France inter mercredi matin donnent une bien étrange image de l’apprentissage. Après son plaidoyer pour l’apprentissage, Léa Salamé l’a piégé : "Est-ce que vous avez poussé l’un de vos enfants à être apprenti ?", Réponse balbutiante du grand patron : "Non je ne l’ai pas fait parce que... étant brillants à l’école... et l’un voulant être médecin... L’autre peut-être, ma dernière, le sera, d’ailleurs, apprentie, mais en études supérieures ! Donc le problème ne s’est pas posé.".
Cela traduit bien la conception de l’apprentissage des grands responsables économiques : pour eux, il s’agit d’une solution de rattrapage pour les enfants des couches populaires, pas assez doués et brillants pour l’enseignement supérieur et les Grandes écoles, comme le sont, naturellement, leurs propres enfants. Mais cela peut donner le goût du travail à ces enfants de chômeurs, de façon à pouvoir fournir de la main d’œuvre pour leurs usines.
Fort heureusement, cette vision est bien loin de la réalité de ce qu’est l’apprentissage aujourd’hui.Les Centres de Formation d’apprentis (CFA) reçoivent aujourd’hui un public très divers, depuis le jeune qui n’en peut plus du collège et qui veut plonger dans la vie réelle, jusqu’au jeune qui a l’impression d’avoir « traîné » quelques années en fac. et qui veut reprendre son parcours d’une autre manière. C’est pourquoi, en Pays de la Loire, nous avons instauré des parcours individualisés, pour s’adapter à ces caractéristiques de jeunes très différenciées : 15 à 20% des jeunes ont un tel parcours personnalisé dans les CFA.
L’apprentissage est un autre mode d’acquisition de connaissances, qui part du faire pour comprendre et qui responsabilise les jeunes. Ce n’est pas mieux ou moins bien que l’enseignement général ; mais cela peut être mieux adapté à la personnalité de certains jeunes. Pour autant, cela ne limite pas les connaissances et les niveaux. Le plus grand nombre de sections ouvertes ces 10 dernières années visent des diplômes de l’enseignement supérieur : BTS, licences pro., diplômes d’ingénieur, …Les deux écoles les plus réputées de Nantes (Ecole Centrale et Audencia) ont ouvert une section d’apprentissage il y a 10 ans. Et les régions dirigées très majoritairement par la gauche et les écologistes ont commencé à construire de véritables filières permettant d’aller aux plus hauts niveaux par l’apprentissage.
Il me revient le souvenir d’un jeune fils de paysans que je connaissais. Il avait choisi la voie de l’apprentissage ; car, quand on est issu de milieux modestes, on sent bien les barrages qui existent pour aller vers les grandes études, les filières longues.
Et puis, comme cela l’intéressait et qu’il était intelligent, il a continué : bac pro, BTS, toujours par apprentissage. Je me souviens l’avoir rencontré à La roche/Yon, lui et ses parents : il venait d’être admis dans une école d’ingénieurs. Dans un contexte où l’appareil de formation initiale est toujours aussi sélectif en fonction des origines sociales et culturelles, l’apprentissage peut permettre ce genre de parcours.Mais cette profonde mutation de l’apprentissage, basée sur l’adaptation pédagogique à tous les jeunes, la qualité de la formation et le lien avec les employeurs d’apprentis, ne s’est pas faite par miracle : les Régions, qui sont responsables de l’apprentissage, y ont très fortement contribué.
Et aujourd’hui, alors que le nouveau gouvernement parle de réforme de l’apprentissage, une question se pose : cette réforme va-t-elle donner plus de moyens et de marges de manœuvre aux régions pour franchir une nouvelle étape et conforter l’apprentissage comme une des voies normales de la formation initiale des jeunes ? Ou bien, emporté par un élan re-centralisateur, l’Etat va-t-il vouloir tout diriger et tout régenter, alors qu’il est bien loin du terrain ?
.......................................... Patrick Cotrel,
ancien V-président du Conseil régional Pays de la Loire,
chargé de la formation profes. et de l’apprentissage
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