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Selon l’INSEE, le chômage baisse
vendredi 19 août 2016, par - Au fil des jours - Emploi
L’INSEE annonce une baisse du taux de chômage au second trimestre 2016 : de 10,2% de la population active au premier trimestre à 9,9% (France entière).
Y a-t-il contradiction avec les chiffres mensuels de Pôle Emploi ?
Les différences :
Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active. On peut avoir un nombre de chômeurs qui augmente, mais une population active qui augmente proportionnellement plus vite. Le taux de chômage va alors baisser. On voit bien que pour avoir une idée globale du chômage, le taux de chômage est plus parlant. Et il est vrai que la population active en France continue d’augmenter
Autre intérêt des chiffres de l’INSEE, c’est qu’ils utilisent la définition du chômage du Bureau International du Travail (BIT). Cela permet donc de faire des comparaisons entre les différents pays.
Mais si on creuse un peu, on constate que les deux institutions ne comptabilisent pas la même chose, et pas avec les mêmes outils.
Exemple : pour comptabiliser le nombre de chômeurs, l’INSEE procède à un sondage ; et il estime sa marge d’erreur à … 0,3%, soit exactement la différence entre le premier et le second trimestre. Par contre, Pôle Emploi (PE) comptabilise exactement le nombre de chômeurs inscrits, même si quelques erreurs peuvent survenir au moment du ‘pointage’ mensuel des chômeurs. D’autre part, PE n’utilise pas la définition du chômage du BIT, mais une nomenclature en catégories qui distingue ceux qui cherchent un emploi et qui sont immédiatement disponibles (cat A, B et C) de ceux qui ne sont pas disponibles, par ex en formation (cat D, E, …). De plus PE fait la distinction entre ceux qui ont effectué un petit boulot de courte durée ou à temps partiel le mois précédent (cat B et C) de ceux qui sont restés sans aucune activité (cat A).
Et ces différentes méthodes donnent des résultats très différents !
L’INSEE comptabilise 2,8 millions de chômeurs en France métropolitaine, alors que PE en comptabilise 3,528 millions en cat A et 5,435 millions en cat A, B et C. Et cependant, on estime que le nombre de chômeurs de PE est un peu sous-estimé : certains chômeurs non indemnisés et découragés (en particulier chez les jeunes) ne sont plus inscrits ou bien poursuivent des études.
Le ‘halo du chômage’ :
Conscient qu’un nombre important de personnes, non comptabilisés comme chômeurs au sens du BIT, sont quand même à la recherche d’un emploi, l’INSEE les a comptabilisés. C’est ce qui est baptisé ‘halo autour du chômage’ estimé à 1,5 millions de personnes.
Et ce ‘halo’ augmente de 29 000 entre le premier et le second trimestre (et de 43 000 sur un an), ce qui représente une augmentation très importante.
De plus, si on additionne les 2,8 millions de chômeurs et le ‘halo’ de 1,5 million, on obtient un total de 4,8 millions, soit un chiffre inférieur au total des chômeurs A, B et C privés d’emploi qui sont comptabilisés par PE (5,435 millions).
Au total, je pense qu’il serait irresponsable de crier victoire à partir de cette communication de l’INSEE… à moins que les chiffres du chômage de juillet, prochainement publiés par PE, nous révèlent une très agréable surprise !
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