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Quelques réflexions à propos des primaires de l’écologie

vendredi 21 octobre 2016, par Patrick Cotrel - -

Le résultat du premier tour de ces primaires a créé la surprise : Yannick Jadot (35,6% des voix) et Michèle Rivasi (30,2%) sont qualifiés pour le second tour et distancent très nettement Cécile Duflot (24,4%), Karima Delli obtenant 9,8% des suffrages.
Ce résultat est d’autant plus significatif que le corps électoral dépasse très largement les adhérents de EELV : 10 000 inscrits hors parti pour 7 000 adhérents.
Quelles sont les raisons de cette défaite ?
Trop proche du PS ?
La première explication qui a été évoquée dans la presse, c’est le fait que Cécile Duflot « payait » le fait d’avoir été ministre pendant plus d’un an de François Hollande, aujourd’hui très fortement rejeté par les militants écologistes.
Interprétation démentie par Daniel Cohn-Bendit à la radio dès le lendemain matin : « ce n’est pas pour cela, mais parce qu’elle a répété ‘Moi, moi, moi…’ »
Et de fait, cela fait plus d’un an que Cécile Duflot explique qu’elle se prépare à être candidate, et déjà plusieurs mois qu’elle dit "je suis prête". Elle a même réuni une équipe d’une quinzaine de personnes qui travaillent pour elle, dont les principaux dirigeants de EELV (dont le Secrétaire national et le Porte-parole), mais aussi des intellectuels, comme l’économiste Thomas Porcher. Elle a même annoncé son choix d’une Directrice de campagne (Caroline de Haas, ancienne adhérente du PS et initiatrice de la pétition massive contre la loi travail), alors même qu’elle n’était que candidate à la primaire.
Quant à sa participation au gouvernement, la grande majorité des militant.e.s ne lui reprochent pas d’y avoir mis fin, mais certains regrettent qu’elle l’ait fait individuellement, sans avoir mis le parti dans la boucle de décision.
Enfin, l’entrée au gouvernement d’anciens membres de EELV rappelle que Jean Vincent Placé a été pendant longtemps un de ses alliés très proches au sein du parti et un acteur du fonctionnement clanique de ce courant (sans être le seul : le clanisme, maladie juvénile des Verts ?...).
Voir l’article de Libération en cliquer ici.
Un projet trop politique ?
L’explication donnée ensuite par les proches de Cécile Duflot, Caroline de Haas en particulier, c’est que son projet était un projet d’écologie majoritaire à lui seul, un projet trop politique pour le niveau de conscience du parti qui est trop proche d’un retour à une écologie associative, de terrain, infra-politique.
Voir l’article de Médiapart en cliquant ici.
Cependant, si l’immense majorité des militants de l’écologie politique pensent que la vision écologiste est le pilier indispensable à l’émergence d’une véritable alternative à gauche pour le 21ème siècle, ils sentent bien que le noyau dirigeant actuel de EELV ne sera pas automatiquement l’unique centre de cette recomposition, auquel viendraient s’agréger tous les autres.
Dans la situation actuelle, on peut estimer que la gauche est traversée par deux grands courants :
- un courant traditionnel, qui croit encore que la solution de tous les problèmes viendra d’un redémarrage de la croissance, avec deux variantes :

  • une tendance sociale libérale qui croit fondamentalement au dynamisme du marché mondial pour « relancer la machine économique », tempéré par une intervention réglementaire de l’Etat ;
  • une tendance sociale colbertiste qui croit au repli sur nos frontières nationales et au rôle d’un Etat puissant et centralisé.

- un courant qui devient de plus en plus sensible à la vision écologiste de la nécessité vitale de la transition énergétique et écologique et qu’on retrouve aussi bien au PC qu’au PS (et même au Parti de Gauche, malgré son colbertisme).
Et je pense que ce second courant est potentiellement majoritaire au sein de la gauche.
Mais pour le faire émerger, il ne suffit pas de demander aux autres composantes de se rallier à notre panache vert. C’est à une véritable recomposition à laquelle il faut s’atteler patiemment au gré des évènements politiques et sociaux, sans jamais lâcher le lien avec les associations environnementales et sans jamais nous laisser entraîner par la "gauche de la gauche" ou par le social libéralisme.
Avoir cette vision, ce n’est pas rester au ras de l’associatif. C’est avoir une autre vision politique.
En tous cas, ce résultat du premier tour apparait sans doute aux yeux de beaucoup (dans et hors EELV) comme une volonté d’ouverture.

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