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Primaire des écolos : Pouvoir ou influence ?
Edito politique de Thomas Legrand sur France-Inter le 20/09/21
mercredi 22 septembre 2021, par - Campagne présidentielle 2022 - Energies - Climat - Développement Durable
Que dit le 1er tour de la primaire du rapport de force au sein du mouvement écologiste ?
Que dit le 1er tour de la primaire du rapport de force au sein du mouvement écologiste ? Avant de tenter de répondre à cette question, soulignons que la méthode de départage choisie par EELV (techniquement bien maitrisée) a un inconvénient pour nous (chargés de déchiffrer les mouvements politiques) : on ne connait pas la sociologie, l’âge ou l’origine géographique des participants. Il aurait été important de voir si le cœur sympathisant qui a participé à cette primaire entre-ouverte (il faut se préinscrire) ressemble de près ou de loin à ce que l’on sait du profil des millions d’électeurs potentiels pour l’écologie à la présidentielle. On ne le sait pas.
Toujours est-il que les votants de la primaire ont bien fait les choses en proposant pour le 2nd tour une alternative très contrastée.
Comme souvent avec l’écologie politique, il ne s’agit pas tant du choix entre radicalité et modération que du choix entre un candidat (ici Yannick Jadot) qui propose une vision globale, prenant en compte l’état de la société et du rapport de force national du moment, c’est-à-dire un chemin stratégique de prise du pouvoir, et de l’autre côté, une vision plus tournée vers l’influence que vers le pouvoir (à court terme du moins). Cette tendance-là (incarnée par l’économiste Sandrine Rousseau) aborde la question écologique par un prisme, une grille de lecture très spécifique.
Il y a toujours eu, en face des écologistes qui visent les manettes du pouvoir, des théoriciens qui, en réalité, veulent surtout peser sur les débats et regardent le pouvoir avec méfiance.
Autrefois, par exemple, il y avait le prisme dominant et explicatif de la démographie, plus tard (avec Antoine Waechter), la vision purement environnementaliste primait.
Aujourd’hui avec Sandrine Rousseau c’est l’éco-féminisme.
L’éco-féministe n’est pas une idée neuve mais c’est la 1ère fois qu’elle fait office de thème de proue pour une élection. Inventé par la philosophe Françoise d’Eaubonne dans les années 60, l’éco-féminisme dit que pour réconcilier l’homme avec la nature, il faut se débarrasser du patriarcat.
Sandrine Rousseau modernise le concept avec la grille de lecture dominants/dominés (et d’abord homme/femme) qui explique toutes les discriminations, toutes les dominations destructrices comme celle de l’homme sur la nature.
Une partie de la jeunesse urbaine se reconnait dans ce que les détracteurs de cette vision appellent le wokisme.
Ce discours beaucoup trop novateur (ou décalé et parfois sectaire) peut peut-être permettre à Sandrine Rousseau de remporter la primaire dont on ne connait pas les électeurs.
Yannick Jadot, lui, ferait un candidat à la présidentielle plus lisible, plus apte à capter la masse des voix des électeurs classiques de la social-démocratie tentés par l’écologie.
L’issue de la primaire est en réalité très incertaine.
Tout dépend de l’intention de ce corps électoral mystère : tenter d’accéder au pouvoir et alors Jadot l’emportera ou bien peser sur les débats de la société et alors Sandrine Rousseau sera désignée.
Pour (Ré)écouter L’édito politique de Thomas Legrand, cliquer ici.
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