Accueil > Blog > Présidentielle : les débats volés
Présidentielle : les débats volés
mardi 8 mars 2022, par - Au fil des jours - Campagne présidentielle 2022 - Energies - Climat
Les débats pourtant essentiels qui devaient rythmer la campagne de la présidentielle semblent aujourd’hui relégués au second plan, derrière la question de l’Ukraine.
Pourtant, si on y regarde de près, le conflit ukrainien est un révélateur qui fait apparaître sous un jour nouveau ces questions qui nous paraissaient hier fondamentales. Prenons quelques exemples.
La question des énergies :
Ce conflit révèle que la plupart des pays de l’Union Européenne sont fortement dépendants du gaz russe. D’où certaines
hésitations à aller trop loin dans la gravité des sanctions à prendre à l’encontre de la Russie par l’Union Européenne.
A propos du nucléaire et de la menace de Poutine par les bombardement à proximité de certaines centrales nucléaires en Ukraine (qui réactivent les souvenir de Tchernobyl) met l’accent sur nos faiblesses, avec nos 56 centrales en France, qui sont loin d’être à l’épreuve de bombardements.
Dans ces conditions, le projet de Macron de prolonger le fonctionnement des centrales nucléaires actuelles (qui sont loin d’être à l’épreuve des missiles ou des crash d’avions) et d’en construire au moins 5 nouvelles, semble peu sérieux. D’autant moins que l’expérience de Flamanville montre que le délai de construction est d’au moins 10 ans pour un coût énorme (au moins 20 milliards € pièce)…
Comme le titre l’association « Agir pour l’environnement », Nucléaire : une campagne présidentielle atomisée ?!
Car cette option risque d’être prise sans véritable débat, malgré les graves problèmes qu’elle soulève, au-delà des risques face à une guerre :
nous laisserions au générations futures le soin de gérer éternellement les déchets atomiques ;
l’uranium (comme le pétrole ou le gaz) est importé de quelques pays connaissant une forte instabilité politique Niger, Kazakhstan). On est loin d’une indépendance énergétique ;
l’énergie nucléaire est devenue une énergie peu fiable et intermittente : 17 réacteurs sont à l’arrêt (dont 5 en raison de problèmes de corrosion). De plus, les épisodes climatiques extrêmes (tempêtes, canicule) obligent régulièrement les centrales à réduire, voire stopper leur production, faute de débit suffisant des cours d’eau servant à refroidir les réacteurs.
La question climatique :
Le dernier rapport du GIEC nous alerte encore un peu plus : « Il donne des informations fondamentales sur les impacts qu’aura le réchauffement du climat pour les populations, et sur les façons de s’adapter et d’atténuer les menaces, en augmentation. Pourtant, en France, moins de 3% du temps de débat dans la campagne présidentielle traite du climat. Nous publions ici une synthèse sans appel : jamais l’humanité n’a fait face à une telle menace climatique. L’inaction des gouvernements est ce qui nous scandalise le plus. » écrit Greenpeace.
Les risques climatiques apparaissent plus rapidement et s’aggravent plus tôt que prévu.
Le changement climatique cause déjà des pertes et des dommages considérables, détruisant des vies, des écosystèmes et nos moyens de subsistance. Cela va empirer. Les scientifiques du GIEC évaluent que ces risques vont intervenir dès un niveau de réchauffement climatique plus bas que précédemment calculé. D’ores et déjà, les effets du dérèglement sur les écosystèmes et leurs conséquences ont devancé les prévisions.
Chaque dixième de degré supplémentaire aggrave la situation mais limiter le réchauffement à 1,5 °C nous fait conserver une chance de nous y adapter.
Si le réchauffement climatique est limité à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, comme fixé par l’accord de Paris, l’humanité et les écosystèmes subiront moins de pertes, mais y seront néanmoins irrémédiablement confrontés. Au-delà de 1,5 °C, tout sera pire, l’adaptation plus difficile voire impossible pour certaines populations. Les dommages liés aux aléas climatiques sont inégalement répartis et les pays en développement pourraient subir les plus grosses pertes.
Nous sommes entrés dans une décennie critique.
Nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre beaucoup plus rapidement, tout en nous préparant au réchauffement que nous ne pouvons plus empêcher. (,,,) Les terres, les eaux douces, les océans doivent faire l’objet d’une préservation efficace à hauteur de 30% minimum : sans cela, la résilience de la biodiversité et des écosystèmes est menacée. L’humanité avec.
Pour réussir, l’adaptation doit s’appuyer sur les droits et les besoins.
La crise climatique interagit avec d’autres problèmes d’origine humaine : la perte de biodiversité, la surexploitation des ressources et les injustices sociales. Les solutions mises en place face au péril climatique doivent donc répondre à tous ces enjeux, sans quoi nous ne saurons développer une résilience suffisante.
Nous ne sommes pas préparés.
Dans les pays très vulnérables, il y a eu 15 fois plus de morts à cause des inondations, de la sécheresse et des tempêtes au cours de la dernière décennie, par rapport aux pays à très faible vulnérabilité. Que dit ce chiffre ? Les tentatives d’adaptation aux aléas climatiques ont beau se multiplier autour du monde, elles arrivent trop tard et ne protègent pas ceux qui en ont le plus besoin.(...)
Le rapport du GIEC est on ne peut plus clair.(...) Nous devons de toute urgence changer de modèle de société. Il nous faut sortir de notre dépendance aux énergies fossiles, moteur du dérèglement climatique, et facteur de déstabilisation géopolitique majeur. Il est également indispensable de se tourner vers une agriculture agro-écologique. Ces changements de paradigmes doivent reposer sur un partage de l’effort efficace et équitable envers les populations les plus modestes et les plus vulnérables.
Quelques conclusions :
Les évènements géopolitiques que nous vivons nous invitent à remettree les débats sur l’énergie et sur la transition écologique en perspective.
Aujourd’hui, la voie de la raison consiste à (r)établir au plus vite une indépendance énergétique par le développement de moyens de production les moins dangereux possibles et la moins coûteuse en investissements.
A l’évidence, ce sont les énergies renouvelables qui répondent le mieux à ces différents objectifs. Car :
ce sont elles qui présentent une rapidité de mise en œuvre et de résultats ;
ce sont ces énergies qui demandent les investissements les moins lourds, comme l’a démontré l’Agence Internationale de l’Energie ;
ces ENR ne nécessitent aucune importation de carburant, contrairement aux énergies fossiles (pétole, gaz, charbon), et également à l’énergie nucléaire (l’uranium provient du Niger et du Kazakhstan) ;
ce sont les énergies qui présentent le moins de risques face aux accidents (et aux guerres) : pas de stockage de combustibles ‘usés’ dans des ‘piscines’ refroidies pour des milliers d’années.
Bien sûr, il y a un retard français pour le déploiement de ces ENR et il est urgent de combler ce retard et de mettre les bouchées doubles, comme le soulignait RTE dans son rapport d’octobre 2021 (Pour relire l’article sur ce rapport, cliquer ici).
Bien entendu, il est impossible de fermer immédiatement les 57 centrales nucléaires actuelles : on ne le fera qu’au fur et à mesure de notre capacité à répondre aux besoins d’électricité par les ENR. Pendant ce temps, les anciennes centrales nucléaires devront rester en activité, ce qui représente une faille de sécurité qui est inévitable, mais qu’il serait dangereux de prolonger.
Et puis, et c’est très important, nous devons consacrer de forts investissements dans les économies d’énergie et la sobriété énergétique (isolation des logements et locaux, transports en commun, …), source d’économies pour les ménages : la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas.
La transition écologique et la lutte climatique sont la seule voie que l’humanité doit retenir. (…) A ce jour la France ne respecte pas l’accord de Paris sur le climat, et a été doublement condamnée en 2021 par la justice pour inaction climatique. Quant au mandat d’Emmanuel Macron, nous n’en retenons que des renoncements. Face à une menace climatique inouïe, le silence de la classe politique dans les débats à la présidentielle est assourdissant : moins de 3% traitent du climat.
Signez et relayez l’appel de l’Affaire du Siècle pour plus de climat dans les débats présidentiels : cliquer ici.
Participez aux Marches Climat qui seront organisées un peu partout en France le 12 mars…
...Sans oublier le soutien au peuple ukrainien...
Derniers commentaires