François Fillon a annoncé ce midi, de façon théâtrale, sa convocation par les juges d’instruction le 15 mars pour être, selon lui, mis en examen. Il a précisé qu’il se rendrait à cette convocation tout en dénonçant un « assassinat politique ». « Je ne céderai pas, je ne me rendrai pas, je ne me retirerai pas, j’irai jusqu’au bout », assène-t-il. « Ce n’est pas moi seulement qu’on assassine, c’est l’élection présidentielle ». Il a dénoncé de façon virulente le rôle de la justice et de la police, lui qui se voulait le représentant de l’ordre et du respect de la loi.
Dans la suite de la journée on a constaté une situation chaotique. Après une réunion semble-t-il houleuse des cadre des Républicains, une partie lui réaffirmaient leur soutien, tandis que Bruno Lemaire et ses partisans se retiraient de la campagne, que Catherine Vautrin souhaitait la désignation d’un autre candidat, que l’UDI suspendait sa participation à la campagne de François Fillon, que Yves Gégo demandait au Conseil constitutionnel de repousser l’élection présidentielle, …
Lors de sa visite au salon de l’agriculture (reportée précipitamment l’après-midi) François Fillon s’est retrouvé dans des scènes de chaos total, où aux exclamations "Fillon président !" répondaient les cris "Fillon rends le pognon !".
Evoquant sa phrase célèbre « Imagine-t-on le Général de Gaulle mis en examen ? » et sa volonté de retirer sa candidature s’il était dans un tel cas, Charline Vanhoenacker parlait ce soir sur France Inter du seul candidat qui commençait à ne pas tenir ses promesses, avant même d’être élu !

Blocage à gauche :
Contre tous les pronostics, c’est Benoît Hamon, sur un programme écologiste reprenant une bonne partie des idées force des Verts et de EELV, qui a gagné la primaire du PS, en battant Valls (le représentant du courant social-libéral).
Prenant acte de cette bonne nouvelle, Yannick Jadot et les écologistes ont passé un accord programmatique (secondairement pour les législatives) avec Benoît Hamon.
Mais de son côté, Jean-Luc Mélenchon a construit sa campagne en opposition à la candidature (jugée quasi certaine) de Hollande, ou même de Valls. C’est d’ailleurs sur cette base qu’il s’est opposé au printemps dernier à la tentative de primaire de la gauche et des écologistes : si Hollande était candidat, alors la gauche serait vaincue ; et il avait tout à gagner à représenter la vraie gauche (avec une dose de bonapartisme : je vais prendre le pouvoir pour le rendre au peuple).
A l’inverse, Yannick Jadot avait été un des promoteurs de cette tentative de primaire de la gauche et des écologistes, estimant que le courant social-libéral était minoritaire au sein de la gauche. Et les faits donnent raison à Jadot : le courant social libéral est bien minoritaire à l’issue du quinquennat Hollande ! Mais Mélenchon se trouve maintenant coincé par son erreur de stratégie ; et son entêtement risque de voir la gauche éliminée du second tour et réduite au rôle de spectateur impuissant entre le FN et on ne sait quelle droite.

Mais peut-être que cette campagne présidentielle va nous apporter encore d’autres surprises et retournements !...