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Les vœux de macron : annonce d’un durcissement social ?
vendredi 4 janvier 2019, par - Au fil des jours - Développement Durable - Emploi
Le discours précédent, en réponse aux ‘Gilets jaunes’, semblait plus compréhensif vis-à-vis du mouvement de mécontentement. Pourtant, les mesures qui ont été précisées ensuite ne représentent en aucun cas un ‘tournant social’ du quinquennat.
Il n’y a pas de tournant social :
Un article de Guillaume Duval publié dans ‘Alternatives économiques’ de janvier 2019 fait le point sur cette question. Pour télécharger cet article, cliquer sur le lien suivant.
Aucune des mesures annoncées ne concerne les plus pauvres. Par exemple, le RSA n’est pas revalorisé, les aides au logement (APL) vont baisser (ou n’être revalorisées que de 0,3%, pour une inflation de l’ordre de 2%, soit une baisse de 1,7%), les allocations familiales vont également baisser de 1,7% et le gouvernement veut imposer aux partenaires sociaux de faire une économie de 1,3 milliards € sur le budget de l’UNEDIC (dons une baisse des allocations chômage).
Sur le front du chômage, la défiscalisation (et la désocialisation) des heures supplémentaires va inciter les employeurs à recourir à ces heures supplémentaires, plutôt qu’à des embauches.
Quant aux baisses des taxes sur les carburants, elles vont peu profiter aux plus pauvres : près de la moitié des 10% la plus pauvre de la population n’a pas de voiture, alors que les 10% la plus riche de la population possède 1,6 voiture par personne.
Les fonctionnaires ont des salaires qui stagnent depuis 10 ans (blocage du point d’indice).
Les retraites sont en forte baisse : hausse de la CSG de 1,7% pour les retraites supérieures à 2000 €, puis baisse de 1,7% (réévaluation de 0,3% pour une inflation de 2%) pour toutes les retraites.
En ce qui concerne la prime pour l’emploi, son augmentation va dans le sens de la baisse ou de la stagnation des bas salaires. Progressivement, c’est l’Etat (donc les contribuables) qui se substitue aux employeurs. Cela va dans le sens de l’assèchement des finances de l’etat et des comptes sociaux. Si cela n’est pas compensé par des prélèvements sur les plus riches, alors la diminution des services publics et des prestations sociales est inéluctable.
Les vœux du Président : une confirmation
Le discours des vœux présidentiels confirme et renforce cette analyse des mesures concédées en urgence :
Sans jamais citer les Gilets jaunes, il explique que le mouvement de mécontentement "vient de loin", et donc qu’il n’a rien à voir avec ses propres orientations politiques et sa gestion des affaires de l’Etat. Rien d’autre sur les causes de ce lourd mécontentement. Par exemple, pas un mot sur son double discours consistant à justifier les nouvelles taxes par la lutte contre le changement climatique, alors qu’elles servent surtout à renflouer les caisse de l’Etat après les énormes subventions sans conditions aux entreprises et aux plus riches. Et, bien entendu, pas un mot sur sa promesse d’éradiquer ce scandale des personnes qui sont ’à la rue’...
Il nous a joué du violon sur "ces femmes élevant seules leurs enfants , et qui n’arrivent à boucler leur fin de mois". Pourtant, cela ne va pas de l’empêcher de leur baisser les allocations familiales et les allocations logement (’revalorisation’ de 0,3%, pour une inflation annuelle de l’ordre de 2% !).
Pour lui, il n’y a rien à changer dans ses orientations politiques, il faut continuer les ’réformes’. Dans ces conditions, on peut s’interroger sur les résultats du ‘grand débat’ qui va être lancé dans les semaines à venir : les conclusions en seraient-elles connues à l’avance ??? (même s’il faut y participer).
Ce discours présidentiel contenait, en filigrane, des menaces sur les politiques sociales et les services publics, puisqu’il avait l’air de regretter les moyens énormes (plus forts que dans d’autres pays) consacrés à ces domaines. Par exemple :
la baisse des allocations chômage : le gouvernement ordonne aux partenaires sociaux de réduire le budget de l’UNEDIC de 1,3 milliards € en 2019 et pendant les 2 autres années à suivre. Et déjà, le gouvernement annonce un alourdissement des sanctions vis-à-vis des chômeurs…
Les retraites vont être amputées de 1,5 à 1,7% (ré-évaluation annuelle de seulement 0,3%) pour tous les retraités, y compris les petites retraite. Idem pour les pensions d’invalidité, pour maladie professionnelle et accident du travail...
Pas de ré-évaluation du RSA, … On peut s’attendre à des baisses importantes de nombreuses prestations sociales et des services publics, au nom de la justice !
Non, ce discours des vœux présidentiels n’annonce rien de bon !
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