Accueil > Blog > Les chiffres du chômage de Pôle Emploi en déc.2022

Les chiffres du chômage de Pôle Emploi en déc.2022

jeudi 2 février 2023, par Patrick Cotrel - -

Les principaux chiffres :


On entend dire partout que le chômage est en forte baisse. Et les derniers chiffres de Pôle Emploi semblent le confirmer :
- le total des demandeurs de catégories A, B, C et D est en baisse sur un an (-190 000) ;
- le nombre de demandeurs de cat. A est également en baisse (-258 000) ;
- par contre, le nombre de demandeurs de cat. B et C augmente (+47 000), ce qui indique une tendance à la précarisation des emplois proposés.

On note également une baisse importante du nombre de chômeurs de longue durée : 286 000 (sur un total de 2,27 Millions de personnes). Est-ce le résultat d’une forte hausse du nombre des offres d’emploi ? Ou bien un signe de découragement face à des exigences des entreprises hors de portée. Si cette seconde hypothèse est la bonne, on risque d’avoir un renforcement de ce découragement dans la période à venir, en raison de la réforme de l’indemnisation qui diminue la période d’indemnisation de 25 % de sa durée.

Les Offres d’emploi :
Cette seconde hypothèse semble renforcée lorsqu’on examine le nombre d’offres d’emploi recueillies par Pôle Emploi : ce nombre est quasiment stable sur un an (voir graphique).
Elle est également renforcée si on examine les mouvements d’entrées et de sorties du chômage. Par exemple, le nombre de sorties du chômage pour reprise d’emploi, qui s’élevaient sur l’ensemble de l’année 2021 à 1,444 millions ne sont plus que 1,142 millions en 2022 (121 600 en déc.2021 pour 88 500 en déc. 2022).

Actualisation (pointage) – radiations :
Si on fait le même calcul pour les actualisations mensuelles(pointage électroniques) et les radiations prononcées par Pôle Emploi, on a le résultat suivant :
- sorties du chômage pour défaut d’actualisation : 2,31 millions en 2021 ; 2,86 millions en 2022 ;
- sorties du chômage pour radiations : 500 000 en 2021 ; 611 000 en 2022.
Tout cela a-t-il un rapport avec la création et le renforcement d’un corps de Conseillers chargés spécifiquement du contrôle de la Recherche d’Emploi (plutôt que de mieux travailler au rapprochement entre offres et demandes d’emploi – ce qui constitue le meilleur contrôle de la recherche) ?

Les commentaires :
L’ensemble des indices cités ci-dessus ne peut pas passer inaperçu. C’est sans doute pourquoi Ouest-France a titré le 28 janvier dernier : «  Pôle Emploi : une baisse à nuancer ».
C’est aussi pourquoi la DARES (branche études et statistiques du ministère du travail – qui publie chaque mois les chiffres évoqués dans cet article) se fend d’un commentaire qui concerne les faits évoqués dans cet article. Selon la DARES, les problèmes viendraient du changement du questionnaire utilisé pour l’actualisation. C’est à cause de ce changement qu’il y a « (…) baisse sur le nombre de demandeurs de catégorie A, en contrepartie d’une hausse pérenne des catégories B et C (…) et d’une légère hausse des sorties des listes(...)  ». La DARES évalue même que « (…) le passage au nouveau formulaire d’actualisation conduirait à une diminution cumulée de 105 000 demandeurs d’emploi en catégorie A entre janvier et novembre 2022, en augmentant le nombre de demandeurs d’emploi en catégories B et C de 90 000 et les sorties de 15 000.  ».
La DARES ajoute même : «  (…) avec le nouveau script d’actualisation, les sorties pour défaut d’actualisation sont plus nombreuses tandis que les reprises d’emploi sont moins souvent déclarées (...) » de l’ordre de « 6 points ».
Belle tentative d’expliquer et de minimiser les phénomènes qui deviennent évidents : en effet, les défauts d’actualisation constatés sont de 22 % et la baisse des reprise d’emploi est de 21 %… bien, loin des 6 % « calculés » par la DARES !!

Terminons par un questionnement :
La période du Covid que nous venons de vivre a eu des conséquences pratiques : beaucoup de licenciements économiques ont été évités grâce à l’action gouvernementale, même si, peu ou prou, beaucoup de pays ont mis en place des dispositifs assez proches.

Malgré cela, les entrées au chômage avec les motifs « Licenciements non économiques », « Ruptures conventionnelles » et « démissions » ont augmenté de façon importante (voir graphe). Au total, cela concerne 1,342 millions de personnes eu 2022.

Remise dans le contexte : lorsqu’une des deux parties (employeur ou salarié) souhaite mettre fin au contrat de travail, des négociations peuvent s’engager sur les condition de la rupture (conditions qui ne peuvent pas être plus défavorables au salarié qu’un licenciement individuel). C’est donc bien une situation de conflit qui se révèle, et qui peut se conclure par une rupture conventionnelle, ou un licenciement individuel ou une démission. Et deux types de motivations peuvent être à la base de ce conflit :
- soit l’employeur, en pleine crise économique (covid + Ukraine), a peur de la suite et estime qu’il faut se séparer de collaborateurs pas assez efficients ;
- soit le salarié est angoissé par la situation, le télétravail, … et souhaite partir pour vivre une autre expérience…
Il me semble que c’est l’employeur qui est maître du contrat et des conditions de travail (premier cas), même si la crise que nous traversons depuis 2 ans interroge de plus en plus de salariés sur leurs conditions de vie et de travail.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Vous inscrire sur ce site

L’espace privé de ce site est ouvert aux visiteurs, après inscription. Une fois enregistré, vous pourrez consulter les articles en cours de rédaction, proposer des articles et participer à tous les forums.

Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.