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Le "pacte de confiance et de responsabilité" en question :
lundi 2 juin 2014, par - Au fil des jours - Emploi
Après le désastre des élections européennes, Manuel Valls et François Hollande nous ont déclaré qu’ils ne changeraient pas de politique.
Nous entrons donc dans la période où le "pacte de confiance et de responsabilité" doit être mis en œuvre ; et il doit se traduire par une diminution de 30 milliards € des charges des entreprises.
La question qui se pose est la suivante : ces avantages fiscaux pour les entreprises vont-ils être utilisés pour embaucher (=augmentation de la masse salariale), pour investir (et préparer l’avenir) ou bien pour augmenter les dividendes des actionnaires ?
Dans son dernier numéro, le trimestriel "L’économie politique" apporte des éléments de réflexion en mettant en évidence la financiarisation de l’économie.
La financiarisation de l’économie mondiale depuis 30 ans signifie qu’entre les intérêts des actionnaires, ceux des salariés et la pérennité de l’entreprise (= sa capacité à renouveler ses équipements et ses méthodes), ce sont les premiers qui sont devenus de plus en plus prioritaires.
La contribution de Pierre-Yves Chanu, secrétaire confédéral de la CGT s’appuie sur une étude réalisée par l’université de Lille I de 2013 (« Le coût du capital et son surcoût. Sens de la notion, mesure et évolution, conséquences économiques »). Et il met en évidence que la part de la rémunération des actionnaires (les dividendes) augmente de plus en plus, au détriment des investissements et de la part des salaires. Le graphique ci-dessous montre que les dividendes versé ont dépassé depuis 10 ans les investissements.
Même s’il y a une baisse conjoncturelle de la marge des entreprises, sur une échelle plus longue, la croissance est entièrement mangée par les dividendes.
Une autre contribution écrite par Gilles L. Bourque (chercheur à l’Institut de recherche en économie contemporaine) porte sur la situation au Québec et au Canada. Mais on peut facilement extrapoler sur la situation des grands pays occidentaux. Ils fait le même constat de l’augmentation des dividendes et de la baisse des investissements. Et il constate que, corrélativement, la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut est en diminution, comme le montre le graphique ci-dessous.
Dans ces conditions, la question de départ doit être posée plus clairement : par quelles mesures le gouvernement va-t-il obtenir des entreprises qu’elles utilisent les allégements de charges pour embaucher et investir, en contradiction avec la tendance lourde des 30 dernières années de financiarisation de l’économie ???
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