Accueil > Blog > Le déficit budgétaire de l’Etat
Le déficit budgétaire de l’Etat
mercredi 11 juin 2025, par - Au fil des jours - Développement Durable
Le déficit budgétaire actuel de l’État est devenu très important.
Qui est responsable du dérapage ? A l’évidence, ce sont les anciens premiers ministres, et le même président. On peut discuter du pourquoi on atteint cette situation dangereuse, Mais à l’évidence, la principale responsabilité en revient au Président et aux gouvernements qu’il a choisi.
De la faute des collectivités locales ?
On entend dire dans la majorité parlementaire qu’une part des responsabilités de cette situation revient aux collectivités locales qui ont trop dépensé. C’est d’ailleurs comme cela que les anciens ministres de l’économie et des comptes publics (Bruno Le Maire et Thomas Cazenave) ont tenté d’expliquer le dérapage des comptes publics.
D’où une tendance, dans la majorité parlementaire, à imposer des économies à ces collectivités. C’est oublier un peu vite que les budgets de toutes les collectivités doivent être voté en équilibre (ce qui n’est pas le cas pour l’État…).
Il est vrai que les compétences et prérogatives de l’État et des collectivités locales sont très imbriquées (sur les finances et les missions) et évolutives.
Mais en 2023 et 2024, les Collectivités locales ont subi une forte augmentation des dépenses énergétiques (ayant à gérer pas mal de locaux pour le spectacle, les locaux associatifs et sportifs) . Elles ont aussi dû exécuter une forte augmentation du point d’indice des fonctionnaires territoriaux décidée par l’État, et pour les départements des minima sociaux (RSA, ...). On ne peut que se féliciter de ces augmentations ; mais c’est l’État qui a décidé et les collectivités qui ont dû financer...
Par contre entre 2017 et 2022 (lors de la relance post Covid), les collectivités ont entamé des investissements en matière d’économies d’énergie. Ce fut plutôt positif pour l’activité économique et pour et la transition climatique, l’Etat ayant plutôt tendance à se désengager...
Enfin, les années 2023 et 2024 ont été marquées par la crise du logement, avec pour conséquence directe une forte diminution des droits de mutation (‘frais de notaire’) touchés par les collectivités locales. Cela a fortement pesé sur les recettes des collectivités locales, les départements en particulier.
.
Notons que la Cour des comptes elle-même notait en 2023 que l’État avait été ces dernières décennies le principal responsable du creusement de la dette…
.
.
.
Puisque le Président et son gouvernement considèrent qu’il ne faut pas toucher aux recettes de l’État (pas de nouvel impôt),
Il ne reste donc qu’une possibilité : réduire les dépenses sociales ?
En général, le progrès technique fait baisser les coûts. Mais pas dans la santé. On arrive à soigner des maladies qu’on ne soignait pas jusqu’ici. « La santé va nous coûter de plus en plus cher dans tous les pays, il faut l’admettre. Il est absurde de vouloir stabiliser cette dépense à 10 points de PIB » selon Eric Heyer, Directeur du département analyse et prévision de l’OFCE (Office Français des Conjonctures Economiques).
De plus, le vieillissement de la population et la baisse des naissances annoncent une situation plus difficile.
Le discours du Président de la République est sans ambiguïté : « On doit, d’ici 2029, faire 70 € d’économies sur 1000 € de dépenses publiques. Le cœur de la bataille, c’est de garder une réforme des retraites ou d’avoir quelque chose qui, au moins, est aussi rentable que celle qu’on a voté, et de freiner la dynamique des autres dépenses sociales, c’est-à-dire le chômage et la santé. »
Les différents leviers d’action :
Exemples d’économies : plafonner les indemnités journalières à 1,4 Smic au lieu de 1,8, depuis le 1er avril. Cela ne coûte pas moins cher, mais transfère une partie du coût vers les assurés sociaux : C’est une stratégie d’appauvrissement.
Autre possibilités : la TVA sociale qui consiste à diminuer les cotisations sociales et à augmenter les taux de TVA pour financer la protection sociale. Relevons d’abord qu’il s’agit d’une mesure socialement injuste qui pèse en proportion davantage sur les classes populaires. En plus, elle porte aussi sur les produits importés. Cela revient donc à faire financer notre modèle social sur nos voisins européens ; alors que notre modèle social résulte sur les choix que nous faisons. C’est à nous de les financer.
Enfin, une autre proposition consiste à établir une égalité de tous et toutes devant l’impôt en taxant les plus grosses fortunes au même niveau que les autres, possibilité réfutée par l’exécutif actuel.
Augmenter l’impôt des « ultra-riches » ?
Les économistes estiment que les ultra-riches payent deux fois moins d’impôt sur le revenu réel que le reste de la population ; et cela dans beaucoup de pays. Pour cela, ils utilisent différents outils, comme des holding personnelles qui perçoivent les dividendes. (ces holding personnelles sont lourdement taxées aux USA !).
Pour corriger cette situation, qui est contraire à l’égalité des citoyens devant l’impôt, l’économiste Gabriel Zucman propose une taxation minimale des très riches dans beaucoup de pays occidentaux : pour les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, la taxation proposée est de 2 % du patrimoine.
Cette taxation ne concernerait, en France, que 1800 familles, c’est à dire énormément moins que l’ex-Impôt sur la fortune.
Interrogé sur les risques d’exil fiscal que pourrait entraîner cette mesure, Gabriel Zucman réplique : « l’exil fiscal existe, mais dans des proportions très limitées. On n’a jamais constaté de fuite massive après une hausse des impôts sur les plus riches. Ne pas tenir compte de cela, c’est entretenir une peur infondée et fausser le débat démocratique. »
Derniers commentaires