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Le débat énergies-climat est bien lancé
vendredi 19 novembre 2021, par - Au fil des jours - Energies - Climat
Après la publication du rapport de RTE sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, la tenue très décevante de la COP 26 à Glasgow, le débat sur l’avenir énergétique de la France et le climat est bien lancé.
C’est, maintenant, un sujet important de la campagne présidentielle qui commence.
Et sur cette question, nous avons eu, en quelques jours, les interventions de Emmanuel Macron, Yannick Jadot à France inter le 15/11. Puis en région C.Morançais, et la réponse de Lucie Etonno et Matthieu Orphelin. Et enfin, l’interview de Y. Jadot par Le Monde le 16Nov.
Un point qui semble partagé ?
Le rapport RTE insiste sur le fait que la neutralité carbone en 2050 implique de faire de très gros investissements très rapidement, en particulier dans les énergies renouvelables qui sont largement utilisables dès maintenant. RTE reconnaît également qu’une solution tout renouvelable est possible en 2050, (mais présente aussi deux autres scénarios).
Dans son discours, E. Macron semble valider le scénario 50 % nucléaire-50%énergies renouvelables, et il reconnaît la nécessité de mettre un coup d’accélérateur sur le déploiement des énergies renouvelables.
Il dit, mais dans les faits, il traîne les pieds pour la sortie des énergies fossiles : « Ce que j’ai vu à Glasgow est hallucinant : sept pays européens, dont l’Allemagne, ont participé à une conférence de presse pour critiquer la France qui, pour sauver son nucléaire, a sacrifié le climat en s’alliant à la Pologne du charbon et aux lobbys du gaz des pays européens de l’Est. Où est passé l’esprit de l’accord de Paris ? », interroge Yannick Jadot.
Nucléaire ou tout renouvelable ?
Quant à la solution nucléaire proposée par E. Macron, elle est peu crédible après l’échec industriel et financier de l’EPR de Flamanville (et de Finlande) : prix multiplié par 6 + 10 ans de retard, et … elle ne marche toujours pas !
Alors, M. Macron nous invente six nouveaux réacteurs nucléaires pas chers et rapides à construire. Mais les services de l’État (dans un rapport qui a fuité) parlent de livraison pas avant 2040 et plus cher que la prévision... « On fera six centrales, et on imagine que six fiascos feront un succès ? », interroge Jadot, qui affirme son opposition au nucléaire en raison des risques d’accidents graves (Tchernobyl, Fukushima) et des énormes quantités de déchets ultra dangereux pour des dizaines de milliers d’années et dont on ne sait que faire ; mais aussi par réalisme : « En dix ans, le prix du photovoltaïque a été divisé par dix, celui de l’éolien par deux. Le tarif du nucléaire, lui, ne cesse d’augmenter. »
Il faut donc mettre le paquet sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables, sachant que le stockage de l’énergie fait de gros progrès.
Un expert de l’énergie (qui travaille avec l’association Négawatt), interrogé par France Inter a confirmé les affirmations de Yannick Jadot (de même que les chiffrages publiés par l’Agence Internationale de l’Energie) : « les renouvelables ont connu ces dernières années des réductions extrêmement importantes et sont aujourd’hui incontestablement beaucoup plus compétitives. Cela se mesure au niveau mondial. L’an dernier, il y a eu 256 gigawatts de capacité de nouvelles installations renouvelable ajoutées dans le monde, 0,4 gigawatt de nucléaire. Ce chiffre dit tout de leur compétitivité comparée aujourd’hui. »
Le débat en Région Pays de la Loire :
On le sait, la présidente de la région Pays de la Loire a proposé que la centrale au charbon de Cordemais, promise à la fermeture à court terme, soit remplacée par une centrale nucléaire ‘comme l’a dit notre président Macron’, au risque de raviver des mobilisation du passé contre l’implantation d’une centrale nucléaire en Basse Loire.
Pour leur part, Lucie Etonneau et Matthieu Orphelin, qui co-président le groupe L’écologie ensemble à l’assemblée régionale, ont signé une tribune dans Ouest-France : « Et si on agissait pour notre autonomie énergétique ? ».
« Il est urgent de nous engager sur le chemin de la sobriété, pour ne pas voir nos enfants et petits-enfants pâtir des décisions actuelles, et il est indispensable d’ouvrir un débat démocratique, pour définir une décision collective. Les Français ne doivent pas, comme dans les années 70, en être privés ! »
Pour lire cette tribune, cliquer ici.
De plus, Michel Ménard (Président du Conseil départemental 44, PS) vient de faire paraître une tribune dans Ouest-France de ce jour (19 nov.2021) intitulé « Les énergies renouvelables pour lutter contre le dérèglement climatique ». Sa conclusion, très claire, est : « Alors, pourquoi s’obstiner à investir dans le nucléaire ? Je fais le choix d’une combinaison énergétique mêlant méthanisation, éolien terrestre et maritime, photovoltaïque, ou encore solaire thermique pour réaliser la transition énergétique du département. Je porte pour la Loire-Atlantique cette transition réaliste et pleine d’espoir pour les générations futures. »
Elargir le débat :
Dans son interview par deux journalistes du Monde ( Philippe Escande et Françoise Fressoz), Yannick Jadot montre bien que cette question du choix du mix énergétique ne se résume pas à un choix technique. c’est bien un choix de société : comment voulons nous vivre ? Quel choix de vie à l’échelle locale, quelle relocalisation de l’activité économique, quelle présence des services publics, des transports, … ? Quel rôle de l’État et de l’Union Européenne, quelles relations avec les pays africains ?
Pour mémoire, les pays du Nord avaient promis en 2009 de donner 100 milliards $ par an aux pays moins développés pour s’adapter au réchauffement climatique dont ils sont victimes en premier lieu, alors que ce sont les pays du Nord qui ont émis les gaz à effet de serre. Mais les actes n’ont pas ou très peu suivi…
Par contre, lors de la COP 26, « Les cinq cents lobbyistes des énergies fossiles étaient plus nombreux à Glasgow que les représentants des îles menacées de submersion. »
Par contre, les pays du Nord n’ont pas été capables de respecter les engagements qu’ils avaient eux-mêmes énoncés… Donc, il est difficile d’attribuer à l’Inde et aux pays du Sud seuls la responsabilité de l’échec de cette COP 26…
« L’Union européenne doit être beaucoup plus forte du point de vue de ses valeurs et de sa diplomatie. »
Pour lire l’interview, cliquer ici.
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