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Le Plan de Transition Ecologique de la Région
samedi 31 mars 2018, par
Cet article a été annoncé dans les « échos de la plénière du Conseil régional du 22 mars 2018 » (cliquer ici). Il est dans la lignée de l’article sur l’alerte du GIEC (cliquer ici) et celui sur le plan gouvernemental de rénovation thermique des bâtiments (cliquer ici) : comment se fait-il qu’après la COP 21 de Paris, les émissions de Gaz à Effet de Serre soient repartis à la hausse et que les alertes sur la perte accélérée de biodiversité soient de plus en plus pressantes ?
La Feuille de Route de la Transition Ecologique :
C’était l’un des points principaux de cette session plénière du 22 mars.
Et la présentation introductive de cette feuille de route était alléchante : "Depuis la 2ième révolution industrielle, le modèle de croissance reposait sur une surconsommation à crédit de ressources finies : énergies fossiles, eau, air, espace agricole, métaux lourds ou rares. Les processus de productions, de déplacements, de consommations, ... produisent des émissions de gaz à effet de serre, remettant en cause l’équilibre de la planète, ainsi que des pollutions aux conséquences néfastes pour l’Homme et son environnement."
"Le changement climatique est une réalité de plus en plus prégnante. Il représente l’un des défis majeurs du XXI ème siècle pour l’avenir des populations et des territoires de notre Région."
"Il est à présent nécessaire de franchir un nouveau cap, en élargissant notre ambition vers une démarche plus globale qui intègre les domaines du développement économique, de l’économie circulaire, de l’eau, de l’air, de la biodiversité, de la mobilité durable. Il s’agit de changer d’échelle, en dépassant le stade de la prise de conscience, des initiatives pionnières et des premières mesures sectorielles, pour aller vers une mise en mouvement coordonnée, volontariste, de l’ensemble des acteurs de la société et secteurs de l’économie."
Pourtant, à y regarder de plus près, on tombe sur des limites évidentes de ce discours :
Le rapport parle principalement du dérèglement climatique, mais beaucoup moins de la perte accélérée de biodiversité, alors que les signes sont tout aussi alarmants (c’est d’ailleurs souvent le cas dans les médias) ;
Il fustige l’écologie punitive et affirme sa "volonté de dépasser un discours écologique culpabilisant pour favoriser une écologie positive, tournée vers le modèle de croissance verte."
Il ne parle pas de la sobriété indispensable pour pouvoir répartir les efforts et les ressources au niveau international, mais se place uniquement dans l’optique d’une croissance verte : "Mais plus qu’une nécessité, la région veut affirmer, combien la transition écologique et la croissance verte peuvent être de véritables opportunités pour les territoires. En étant pionnier dans ces domaines, nous éviterons de subir demain, nous renforçons l’attractivité et la compétitivité de notre territoire."
Pour lire l’intervention de Sophie Bringuy sur cette feuille de route, cliquer ici.
Les axes de la feuille de route :
Dans la plupart des cas, cela constitue un catalogue d’intentions (qui peuvent être intéressantes), mais sans calendrier et sans budget.
Quelques exemples :
‘Amplifier la Croissance verte’ constitue le premier axe et le plus développé du rapport. Mais il s’agit surtout de l’annonce de ce qu’il faudrait faire dans l’avenir. Ainsi, les ‘métiers de demain’ impactés par la transition écologique sont évoqués, mais on n’en trouve pas trace dans le rapport sur l’emploi ;
la création d’un ‘GIEC régional’ (ou inter-régional) est évoquée. Mais comment, avec qui, avec quels financements ?
La centrale EDF de Cordemais. La fermeture des centrales à charbon d’ici 2022 est prévue dans la loi de transition écologique. Une étude d’EDF sur l’évolution de la centrale vers l’utilisation de la biomasse est en cours. La Région participera à hauteur de 31 450 €. Mais les écologistes doutent de la possibilité de fournir du travail à l’ensemble du personnel dans ce cadre. Ils s’étonnent donc du retard pris par EDF pour une étude prévisionnelle des emplois et compétences, y compris pour les salariés des entreprises sous-traitantes. Pour lire l’intervention de Franck Nicolon sur ce sujet, cliquer ici.
La mobilité : la majorité dit vouloir « développer l’usage du ferroviaire », mais augmente fortement les tarifs pour les abonnés ! (voir l’article à ce sujet en cliquant ici). Quant à la motorisation électrique, elle peut apporter une amélioration par rapport aux pollutions de l’air en ville, mais sans doute pas pour les déplacements inter-cités, en fonction des difficultés de stockage de cette forme d’énergie (cars électriques).
Biodiversité : Beaucoup d’idées sont évoquées, mais sans chiffrage et sans calendrier. Ainsi, un plan apiculture est rapidement évoqué, mais sans aucune allusion aux pesticides…
L’amélioration de la qualité des eaux est abordée, sans mesure nouvelle.
L’économie circulaire : une liste d’actions intéressantes est citée, sans chiffrage et sans calendrier
La rénovation thermique des logements et bâtiments : l’Etat et d’autres collectivités ont mis en œuvre des aides diverses. Le manque, c’est l’intervention d’un ensemblier capable d’aider et de conseiller les particuliers (par ex. en finançant des bilans thermique accompagnés de préconisations chiffrées, avec une liste d’entreprise et d’artisans, ainsi que l’indication des aides mobilisables).Par le passé, la Région avait commencé à s’engager dans cette voie, mais la majorité actuelle n’en parle plus…
Soulignons aussi que le dossier de propositions remises en février par le Groupe écologiste et citoyen a été très peu pris en compte (mis à part l’idée de développer le tourisme de nature). En particulier, les propositions d’information des citoyen-nes et l’encouragement à leur mobilisation au plus près du terrain n’ont pas été repris (seul l’initiative des milieux économiques est favorisée).
Conclusion ?
A travers l’analyse d’une politique gouvernementale (l’isolation thermique des habitations et bâtiments) et l’analyse de cette feuille de route régionale on perçoit mieux la mécanique qui consiste à reprendre le discours général d’alerte du GIEC, tout en renvoyant à plus tard les choix les plus difficiles à présenter (par exemple un renoncement à tout miser sur la Sainte Croissance, qu’on s’empresse à repeindre en vert).
On constate également que cette « mécanique » est d’autant plus à l’œuvre qu’on s’éloigne du terrain ; sans doute parce qu’au niveau de la commune ou l’intercommunalité, les résultats des actions se voient mieux (cf l’appréciation positive des élue.s écologistes et citoyens de Nantes Métropole sur le nouveau Plan Climat. Cf l’article :cliquer ici).
A l’occasion de ce constat, peut-être percevons-nous un peu plus la nécessité de la présence des écologistes dans le champ de la politique ?
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