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La surenchère du MEDEF
Manuel Valls pris en tenailles
mercredi 17 septembre 2014, par - Développement Durable
Dans une « indiscrétion » opportunément distillée à la veille du débat sur la « confiance » au nouveau gouvernement, le MEDEF met les pieds dans le plat sur ses propositions : baisse du SMIC pour les personnes non qualifiées, suppression de 2 jours fériés, suppression des 35 heures de travail par semaine…
Comment imaginer qu’une augmentation massive du temps de travail va permettre aux entreprises d’embaucher et d’investir, plutôt qu’augmenter les dividendes des actionnaires, si la demande n’est pas au rendez-vous ?
Sans surprise, les syndicats de salariés crient à la provocation. Cela augure mal d’un nouvel élan pour le dialogue social…
Mais le véritable objectif de cette « fuite » est politique : il consiste à dire publiquement que le MEDEF ne sera pas engagé par le discours de Manuel Valls, forcément un peu gauchi, devant les députés PS, à l’occasion du vote « de confiance » au nouveau gouvernement. Le MEDEF en veut plus ; et il en voudra toujours plus, afin de ne prendre aucun engagement précis et chiffré.
Et d’ailleurs, est-ce son rôle, lui qui veut représenter les intérêts communs de l’ensemble des chefs d’entreprise ? Ces intérêts communs découlent de la loi du marché. Et le respect des droits sociaux des salariés ou le respect de l’environnement viennent s’imposer de l’extérieur, sous la pression des lois et du rapport des forces sociales. Il n’y a donc pas égalité dans une négociation entre un pouvoir politique et les représentants d’une catégorie sociale. C’est au pouvoir politique de fixer les objectifs sociétaux (et les moyens adéquats) et de s’en donner les moyens législatifs et de mobilisation sociétale ; la négociation avec les représentants des catégories sociales n’étant nécessaire que pour convaincre et ajuster les moyens.
La confiance au nouveau gouvernement en question
Les raisons de voter la confiance au nouveau gouvernement (ou de voter contre, ou de s’abstenir) sont multiples.
Ainsi, JM Ayrault, qui se rappelle aux bons souvenirs de Manuel Valls, appelle à soutenir "le Président de la République" ( ??!), tout en précisant "que les principes du social-libéralisme appliqués ailleurs ne permettraient pas (...) d’être fidèle aux principes d’égalité, de justice et de redistribution". Il pense encore "qu’une réforme profonde de notre fiscalité, pour un système fiscal plus juste, plus simple et plus efficace, reste incontournable" (ce qui semble enterré par Manuel Valls). Enfin, prenant le contre-pieds d’un appel à resserrer les rangs, il précise aussi que "le soutien n’est pas l’uniformité", que "le débat est sain" et "les propositions alternatives sont précieuses". "Ne nions pas les différences. Elles sont naturelles et animent la gauche depuis toujours."
Pour lire un commentaire de cette intervention de JM Ayrault, cliquer ici
Voter ou ne pas voter la confiance ?
Le débat a traversé la gauche depuis les contestataires du PS jusqu’au Front de Gauche, en passant par les écologistes.
Essayer de mettre le gouvernement en minorité aurait été irresponsable, en l’absence d’alternative de gauche crédible, ce qui n’est pas (encore) le cas à l’heure actuelle.
Par contre, il y a sans doute désaccord sur ce qu’il est urgent de faire dans la période à venir.
Jean-Vincent Placé (Sénateur EELV), estime qu’au centre, l’écologie peut devenir l’axe de recomposition de la politique française. Mais "Dans trois ans, nous serons dans l’opposition. Pour lire son interview par Reporterre,cliquer ici
A l’inverse, je pense qu’il est nécessaire d’élaborer, non pas un espace sur la scène politique, mais un projet de société capable de rompre avec le social libéralisme, mais aussi avec le productivisme classique à gauche de la gauche (voir mon article sur ce blog : "L’après Hollande a déjà commencé" cliquer ici). On ne peut plus vivre grâce aux dettes que les générations futures devront payer. Mais il faut absolument favoriser la consommation et l’investissement responsables qui permettront de diminuer nos frais de fonctionnement aujourd’hui et demain (en particulier en importations de combustibles fossiles). Et bien entendu, cette élaboration d’une alternative écologique et de gauche ne pourra être efficace que si elle permet d’associer les nombreuses expériences de sobriété heureuses ou de vivre autrement qui se déroulent sur le terrain. Ce n’est qu’à cette condition que ce projet sera réellement mobilisateur, c’est-à-dire capable de mordre sur l’abstention.
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