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La Région Pays de la Loire contre l’apprentissage à 14 ans :
tribune parue dans Ouest France (Nantes Forum) - mai 2006
jeudi 25 mai 2006, par - Conseil régional - Apprentissage
Lors de la session plénière des 29 et 30 juin, nous avons débattu d’un rapport qui exclue les Contrats Nouvelle Embauche (CNE) du bénéfice des aides régionales attachées à la création d’emplois (Aide au Recrutement par la Formation et Emplois Tremplins, par exemple). Dans le même esprit, nous avons décidé de réduire la prime compensatrice versée aux employeurs d’apprentis de moins de 16 ans au minimum légal (1000 €).
Etant Vice Président du Conseil Régional chargé de l’apprentissage (ainsi que de la formation professionnelle et des politiques de l’emploi), je tiens à réagir aux propos développés dans les colonnes de ‘Nantes Forum’ du 10 mai par votre lecteur (...) au sujet de l’apprentissage à 14 ans.
La description de son expérience passée d’élève d’une Ecole des Apprentis correspond grosso modo à celle que vivent aujourd’hui les élèves des Lycées Professionnels ou bien celle vécue par les Apprentis lorsqu’ils sont dans leur Centre de Formation d’Apprentis (CFA). Mais, pour ces derniers, cette situation ne vaut que pour UNE semaine par mois !
Le reste du mois, ils sont dans une entreprise en situation de travail, et non pas d’enseignement, puisque l’apprentissage est un contrat de travail, le plus souvent passé avec un artisan ou une très petite entreprise. Et là, leur situation n’a rien à voir avec ce que décrit votre lecteur, même si le Conseil Régional encourage financièrement la formation pédagogique des Maîtres d’apprentissage. Cela exige des jeunes un certain niveau d’autonomie et de maturité, ainsi que l’envie de « plonger » dans le monde des adultes, car l’encadrement n’est plus celui d’une Ecole, d’un Lycée ou d’un CFA.
Entendons nous bien. Je ne suis pas en train de dénigrer les bienfaits de l’alternance, bien au contraire !
Je pense en effet que l’enseignement général dans les Collèges et les Lycées valorise trop les savoirs théoriques, qu’il est trop coupé du monde professionnel réel, et qu’il ne comporte pas assez d’alternance. N’oublions pas que le système scolaire actuel ‘produit’ 150 000 jeunes par an sans qualification.
Mais dans les conditions actuelles, à 14 ans, les jeunes, dans leur immense majorité, n’ont pas les connaissances de base (lire, écrire, compter) et la maturité pour tirer profit d’une mise en situation de travail à 80% de leur temps.
D’ailleurs, dans leur grande majorité, les employeurs ne souhaitent pas embaucher des apprentis dès 14 ans, car ils considèrent, à juste titre, que ce n’est pas leur rôle de transmettre ces savoirs de base.
Il ne faut pas oublier les circonstances de la sortie de cette disposition : au lendemain des « émeutes » dans les « quartiers sensibles », l’apprentissage à 14 ans était censé répondre à l’inoccupation de ces jeunes en échec !
Cela traduit bien de l’idée que se font nos technocrates dirigeants actuels sur la voie professionnelle de la formation initiale (et tout particulièrement de l’apprentissage) : c’est pour ceux qui ont échoué !
Pour ma part, ayant exercé pendant 10 ans un travail « manuel » (chaudronnier dans la construction navale), je sais toutes les connaissances et l’intelligence exigées par les métiers : au bout de la main, il y a toujours un cerveau !
C’est avec cette volonté de valoriser cette voie professionnelle de la formation initiale que la Région initie et finance de nombreuses manifestations d’information, comme les « olympiades des métiers » : cette voie professionnelle peut mener à des qualifications et des diplômes supérieurs (BTS, Licence professionnelle, et même diplôme d’ingénieur), y compris par l’apprentissage.
C’est au nom de tout cela que nous sommes opposés à l’apprentissage à 14 ans.
Patrick COTREL
Vice Président du Conseil Régional
des Pays de la Loire,
le 15 mai 2006
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