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La France continue d’exporter des pesticides interdits chez elle
Selon l’article publié par le mensuel « Alternatives économiques » de Février 2025
vendredi 28 février 2025, par - Au fil des jours - Développement Durable
La loi Egalim (30 octobre 2018) devait proscrire l’exportation de pesticides interdits d’usage en Europe en raison de leur toxicité, mais la France profite des failles réglementaires pour passer outre : 7300 tonnes de substances actives toxiques interdites ont été exportées depuis la France en 2023, dont 80 % vers des pays à revenu faible ou intermédiaire, Brésil en tête (41 % du total).
Comment cela est-il possible ?
Une circulaire interministérielle, sous couvert de préciser les conditions d’application de la Loi Egalim, précise que l’interdiction ne porte que sur les produits ayant une formulation contenant les produits interdits, et pas les autres…
Cette faille a donc été largement utilisée par les industriels concernés.
Des déclarations , mais pas d’actes :
En 2022, Christophe Béchu, alors Ministre de la Transition écologique, reconnaissait la nécessité de corriger les failles de l’interdiction car « des entreprises en profitent » alors que « l’intention du législateur n’était pas de permettre une telle brèche ».
Mais depuis cette affirmation, très pertinente, rien n’a changé…
L’impact de ces exportations :
Ces exportations toxiques génèrent des impacts sur l’environnement et la santé des travailleurs et des populations riveraines dans les pays tiers . Au Brésil, premier pays importateur, l’usage de ces substances cause des intoxications massives chez les ouvriers agricoles, entraînant régulièrement des décès. Le Fipronil et le chlorpyrifos sont à l’origine de cancers et de maladies respiratoires chez les travailleurs, contaminent les cours d’eau et les écosystèmes aquatiques et menacent les populations locales.
Environ 20 % des personnes empoisonnées par les pesticides au Brésil sont des enfants, y compris les bébés, qui ingèrent des résidus de ces pesticides que l’on retrouve dans la lait maternel.
En France, dans la série documentaire « Vert de rage » sur France 5, les eaux de rejet des usines de syngenta et BASF (en Normandie) ont révélé la présence de thiaméthoxane (interdit en France depuis 2018) à un taux de 0,148 microgramme/litre (48 % de plus que la norme de qualité recommandée) et de fipronil (interdit depuis 2004), à des taux plus de 300 fois supérieurs au seuil de risque environnemental.
Un sujet européen :
En octobre 2020, la Commission Européenne s’était engagée à mettre fin aux exportations de produits chimiques et de pesticides dangereux interdits en Europe. Malgré cette promesse, le règlement européen n’a pas été modifié.
Pourtant, une interdiction d’exportation de pesticides dangereux interdits dans l’UE permettrait de se conformer à l’objectif fixé par les signataires dans le cadre de la Convention mondiale sur la diversité biologique, qui est de « réduire au moins de moitié les risques globaux liés aux pesticides et aux produits chimiques particulièrement dangereux »...
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