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L’augmentation des inégalités en France
vendredi 2 décembre 2022, par - Au fil des jours - Apprentissage - Emploi
Dans l’article précédent sur les évolutions du chômage en septembre et octobre 2022, nous avons constaté qu’il y a eu peu de changements quant au nombre de chômeurs, aux offres d ‘emploi recueillies par Pôle Emploi, en 2022… Pour relire l’article « Chiffres du chômage de l’INSEE (Septembre) et de Pôle Emploi (Octobre) », cliquer ici.
L’effet amplificateur du taux de chômage :
Mais pour calculer son taux de chômage, l’INSEE doit comparer le nombre de chômeurs au nombre de personnes en emploi, sous différents statuts et types de contrats de travail. L’INSEE donne, depuis quelques mois, plus de détails sur ces différents contrats de travail et les effectifs concernés. On peut ainsi voir les évolutions de ces effectifs dans le temps.
Autrement dit, depuis fin 2019, le taux d’emploi a augmenté de 1,5 %, principalement grâce au développement des emplois précaires : Apprentis, autoentrepreneurs, CDD, Intérim (+1,5%, soit environ 450 000 personnes).
Parallèlement, le nombre de chômeurs (suivant la définition de l’INSEE) est passé de 2,409 Millions fin 2019 à 2,252Millions fin septembre 2022, soit une diminution de 6 %.
Mais dans le même temps l’affichage officiel, c’est que le taux de chômage a diminué de 8,1 à 7,3, soit une baisse de 9,9 %.
On voit ici clairement que l’affichage de la diminution du chômage pendant la crise sanitaire (par la diffusion du taux de chômage) a été nettement amplifiée par une augmentation des emplois précaires.
Sous-emploi et Halo autour du chômage
L’INSEE a créé deux catégories de
personnes qui sont considérées comme au travail, mais qui entrent dans le champs du chômage :
Le ‘halo autour du chômage’ qui concerne des personnes qui recherchent un emploi, mais qui ne sont pas immédiatement disponibles ;
le sous-emploi, qui concerne les personne travaillant à temps partiel, mais souhaiteraient travailler plus ;
sachant que les personnes ne sont considérées comme au chômage que si elles n’ont pas travaillé une seule heure au cours de la semaine de l’enquête.
Comme on le voit sur ce graphique, les chômeurs sont évaluées à 2,25 millions, tandis que le halo et le sous emploi concernent, au total 3 millions de personnes.
Pauvreté et exclusion :
Avec les deux exemples évoqués ci-dessus, on perçoit bien que les phénomènes de pauvreté et d’exclusion, qui accompagnent le chômage de masse (avec une inertie importante dans le temps) sont sous évalués et mal mesurés.
D’autres approches, plus concrètes sont possibles et nécessaires.
Ainsi, dan le N° du 23 Nov 2022 de Ouest-France, ont peut lire plusieurs articles sur ce sujet (pages 4 et 5) :
Les restau du coeur : Le Président de l’association observe « un bond de 12 % du nombre des bénéficiaires, dont 60 % vivent dans l’extrême pauvreté, soit 10 % de plus qu’un an plus tôt ».
L’INSEE confirme le chiffre des ‘Restau’ : dans son étude sur l’aide alimentaire, elle estime à 3,2 à 3,5 millions le nombre de bénéficiaires. Les personnes immigrées sont fortement représentées dans les bénéficiaires de l’aide alimentaire : 44 % sont des des immigrés, alors qu’ils ne représentent que 10 % de la population métropolitaine.
De plus, presque la moitié des recourants réduit sa consommation alimentaire ou saute des repas, tandis qu’un tiers se couche en ayant faim. Le niveau de revenus des recourants est de 637€ pour ceux qui ont un logement et de 435€ pour ceux qui sont à la rue. Enfin, 21 % des recourants ont des ennuis de santé, contre 16 % pour la population pauvre et 9,5 % pour l’ensemble de la population.
‘C’est normal, c’est la crise ; et elle a touché tout le monde’ ?
Selon une autre étude de l’INSEE, la crise a entraîné un gain moyen de 280 € par an et par ménage. Mais ce n’est qu’une moyenne qui cache de grands écarts.
Car la baisse du barème des impôts et la suppression de la taxe d’habitation n’ont avantagé que la partie la plus aise de la population (les ménages les plus pauvres étaient exonérés de la taxe d’habitation et ne payaient que peu ou pas d’impôt) : gain de 5,3 à 5,7 Milliards€ qui ont bénéficié à seulement 15,2 et 17,2 millions de ménages.
Pour les plus pauvres, les gains ont été surtout ponctuels (chèque immédiats) représentant un maximum de 110€ par an.Par contre, les plus aisés ont eu un gain de 440€ pour l’année, et ce gain va se pérenniser par la suite.
Dans le même N° de Ouest-France (page 5), on apprend que les grands patrons du Cac40 ont battu les records de rémunération en 2021 : 7,9 millions€ en 2021, soit une « hausse de 52 % par rapport à 2019 » et 100 fois plus que leurs salariés...
Et c’est pas fini : réforme de l’assurance chômage et des retraites en vue
C’est la seconde fois que le gouvernement « réforme » l’assurance chômage. Alors que la conjoncture semble être favorable à l’embauche, le gouvernement veut « punir » celles et ceux qui restent au chômage (ça fait toujours plaisir aux patrons) : allongement de la période de travail pour ouvrir des droits à l‘indemnisation ou au rechargement des droits, réduction de la durée maximum de l’indemnisation (en particulier pour les plus de 50 ans), …
Résultat, certains jeunes ne restent plus inscrits à Pôle Emploi (l’indemnisation s’éloigne de plus en plus) et ne réclament plus leurs droits ; les plus de 55 ans vont se retrouver plus rapidement ‘réduits’ au RSA ; …
C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle TOUS les syndicats sont opposés au projet gouvernemental de recul de l’âge de la retraite : il faut d’abord faire en sorte que les employeurs conservent les plus de 55 ans et leur proposent emplois et formations.
Au total, la logique libérale du Président et de son gouvernement revient à faire payer la crise aux plus pauvres, tout en avantageant les plus riches.
Et le résultat est là : les inégalités et la précarité progressent dans notre société.
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