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Evolution du chômage en novembre 2017 et projet du gouvernement
jeudi 28 décembre 2017, par - Au fil des jours - Format. Profession. - Emploi
Les chiffres du chômage sont pratiquement équivalents à ceux de septembre : sur un mois, le nombre de chômeurs de cat.A diminue légèrement (-30 000) mais augmente sur un an (+0,2%).
Par contre le nombre de chômeurs de cat. B et C (qui ont fait un ‘petit boulot’ au cours du mois) augmente de 25 000. Au total le nombre de chômeurs de cat A, B et C est pratiquement stable sur un mois, mais en hausse de 135 600 sur un an (+2,5).
La description faite depuis août de la situation du chômage reste valable : le nombre total de chômeurs (A, B et C) continue d’augmenter au rythme de 2,5% par an. La cat A semble stabilisée, mais le nombre de chômeurs de cat B et C subit une augmentation annuelle de 6,5 à 7,5% par an. En confirmation de ce constat, on note que le nombre d’intérimaires augmente sans cesse depuis octobre 2014 (hausse annuelle de 14,5% actuellement).
Autrement dit, "Malgré l’allègement des charges des entreprises depuis plusieurs années et les signes de retour de croissance annoncés, l’économie continue à supprimer des emplois stables et à les remplacer par des emplois précaires. Ce ne sont pas les ordonnances travail qui vont arranger cette situation."
Les projets du gouvernement pour l’assurance chômage :
Le Canard enchaîné vient de révéler, ou plutôt de préciser, les intentions du gouvernement à propos de l’assurance chômage (pour voir l’article, cliquer ici).
Il me semble y reconnaître cette vieille idée consistant à dire que si le chômage continue d’augmenter (malgré les « bonnes » réformes libérales), c’est finalement de la faute des chômeurs qui ne recherchent pas assez du travail. La « solution » est alors claire : renforcer les contrôles et les sanctions. Cela semble cohérent avec la volonté du candidat macron de faire faire des économies à l’UNEDIC…
Cette logique fait bondir l’ancien directeur d’Agence locale ANPE que je suis.
Va-t-on encore plus dévier le Service Public de l’Emploi de sa mission fondamentale, qui est l’intermédiation entre les offres et les demandes d’emploi ?
Déjà, la fusion de l’ANPE et de l’ASSEDIC a ajouté une tâche comptable et administrative à la mission opérationnelle de l’ANPE sur le marché du travail.
Confronté à la forte montée du chômage et à la difficulté d’articuler deux missions qui ont des logiques complètement différentes, Pôle Emploi n’a plus le temps de faire correctement ce travail d’intervention sur le marché du travail et qui comprend :
le recueil des offres d’emploi auprès des employeurs et le conseil en recrutement ;
le suivi des demandeurs d’emploi : propositions d’offres d’emploi, conseil pour la recherche d’emploi ou sur la formation professionnelle, en cas de qualification insuffisante ou de changement de métier.
Pourtant, si le service public de l’emploi fait ce travail, tout naturellement, il réactive les demandeurs découragés, et il découvre ceux qui ne recherchent pas de travail (ainsi que des employeurs qui ne respectent pas les règles – par exemple en matière de discrimination).
Pour ma part, en tant que Directeur d’Agence local, j’ai le souvenir d’avoir signé, sans état d’âme, quelques radiations pour refus répété d’offres d’emploi, dans le cadre d’opérations de recrutement pour des entreprises.
Car, il faut le rappeler : cette sanction de radiation temporaire pour refus de 2 offres d’emploi existe depuis des dizaines d’années ; et plus récemment pour refus de formation – même si c’est plus délicat, car la motivation est essentielle pour réussir une formation. Il faut aussi préciser que chaque mois, entre 45 000 et 50 000 radiations sont prononcées, souvent pour non présentation à convocation (et plus rarement pour refus d’emploi ou de formation).
En ce moment de redéfinition (et de négociation ?) du fonctionnement de l’assurance chômage et du Service Public de l’Emploi, deux orientations sont possibles :
soit recentrer Pôle Emploi sur son cœur de métier d’opérateur sur le marché du travail, consistant à accompagner les employeurs et les demandeurs et leur intermédiation, en y consacrant un maximum de moyens humains ;
soit renforcer fortement un corps de contrôleurs, au détriment du cœur de métier de Pôle Emploi, et accroître sa bureaucratisation !
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