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EPR de Flamanville : jusqu’à la lie...
samedi 22 juin 2019, par - Au fil des jours - Développement Durable
Un nouvel avatar dans la construction de l’EPR de Flamanville, ces défauts de soudure déja annoncés depuis quelques semaines (après avoir été négligés par EDF) viennent de faire l’objet d’une obligation de réparation immédiate par l’Autorité de la Sécurité Nucléaire (ASN).
Ce nouveau revers s’additionne aux très nombreux précédents. Au total, le retard de livraison (initialement prévue en 2012 !...) va dépasser 11 ans, avec plus qu’un triplement du prix : plus de 11 milliards€, pour un coût initialement prévu de 3,5 milliards.
Un échec industriel et financier :
Ces centrales à eau pressurisée, de troisième génération, qui devaient être un fleuron de l’industrie nucléaire française, se révèle être un immense échec industriel et financier.
EDF (après AREVA) n’a pas réussi à démarrer une seule centrale EPR, et il a fallu indemniser la Finlande (3,5 milliards €, aux frais des contribuables français).
Seule la Chine a réussi à démarrer un centrale EPR en décembre dernier, mais après 30 ans d’efforts !
Renoncer à cette technologie du passé :
Cette question douloureuse pour le puissant lobbie nucléaire français doit être posée, car :
le prix de production de l’électricité sortant de l’EPR est nettement supérieur aujourd’hui à celui produit par les énergies renouvelables (ENR) ; surtout si on prend en compte les coûts du démantèlement à venir et du stockage des déchets hautement dangereux pour des centaines et des milliers d’années ; sans être plus souple que les ENR, puisque le régime de fonctionnement des centrales EPR est très lent à faire varier ;
même si EDF parvient à démarrer l’EPR de Flamanville, les déboires techniques ne sont pas terminés : les défauts de fabrication par Creusot Loire de l’acier de la cuve et du couvercle (élément central de la centrale) ont fait l’objet d’une décision de l’ASN de changer au moins le couvercle en 2024 (pièce où se concentrent particulièrement les défauts de forgeage) ;
le temps de mise en œuvre des centrales EPR se révèle trop grand pour pouvoir faire face au remplacement des centrales à énergie fossile que la lutte pour la sauvegarde du climat impose ;
la poursuite de la construction de l’EPR et la remise en état des vieilles centrales nucléaires françaises (le "grand carénage") nécessite des investissements de plus de 100 milliards €, qui bloquent les investissement dans les énergies renouvelables, qui sont pourtant beaucoup plus rapides à installer et moins chères à mettre eu œuvre ;
il est aussi urgent qu’EDF se désengage de la construction de deux EPR au Sud de l’Angleterre en 2025, à Hinckley Point, puisque, avant même le démarrage du chantier, le projet accuse déja plusieurs années de retard et un déficit de 1,5 milliard € !
Contrairement à ce qu’affirme le ministre de l’écologie, F. de Rugy (voir Ouest-France du 22 juin), il serait réaliste et raisonnable d’abandonner une affaire qui se transforme engouffre financier et en cauchemar.
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