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Crise sanitaire ET crise hospitalière
jeudi 22 avril 2021, par - Au fil des jours - Emploi
A l’occasion de cette crise sanitaire, le gouvernement a fait l’objet de nombreuses critiques. A l’évidence, on peut lui faire la critique d’avoir dit n’importe quoi au sujet de l’approvisionnement des masques.
Certains diront que tout le monde a été pris de court par cette pandémie, et que gérer un telle crise est très compliqué. Et c’est vrai.
Mais la crise a révélé un manque très important de lits de réanimation ; et depuis plus d’un an, rien n’a changé…
(lire à ce sujet l’article de Alternatives économiques d’avril 2021).
Le constat :
L’été dernier, Olivier Véran a parlé de 12 000 lits de réanimation. Mais pour chaque lit, il faut un infirmier spécialisé, 6 aides soignants, 3 médecins et presque autant d’internes. Soit 156 000 personnels, ce que les hôpitaux publics et privés sont loin d’avoir !
Selon la Cour des Comptes, au plus fort de la première vague du Covid-19, mi-avril 2020, il y a eu jusqu’à 10 707 lits de réanimation. Mais au prix d’une énorme mobilisation et de très nombreuses déprogrammations d’autres intervention prévues. Ce chiffre est rapidement retombé à 10 133 lits le 15 mai, 8 320 le 15 juin et 5 800 en juillet. Il s’est ensuite stabilisé autour de 5 000 lits, ce qui est déjà insuffisant hors pandémie.
Cette situation est très ancienne, puisque de 2013 à 2019, le nombre de lits de réanimation n’a augmenté que de 0,17 % par an, alors que ces lits sont occupés au 2/3 par des personnes de plus de 65 ans et que cette population a augmenté 10 fois plus vite (1,7 % par an).
La cour des Comptes pointe les effets pervers du système de tarification à l’activité(T2A) qui régit les finances de hôpitaux depuis 2005 : « Compte-tenu des règles en vigueur, l’ouverture d’un lit en réanimation médicale génère un déficit moyen estimé à 115 000 € par an. » Cela « n’est pas de nature à inciter les établissements à adapter leurs capacités d’hospitalisation aux besoins constatés. »
Epuisement général du personnel :
En fait, pendant la première vague, c’est grâce à la chute de nombre d’accidents et aux déprogrammations d’interventions que le nombre de lits de réanimation a pu être multiplié par deux. Mais cela ne peut pas continuer longtemps. : à la longue, les équipes soignantes s’épuisent, car le Covid-19 n’est plus une crise passagère.
De plus, il n’y a plus que le Grand est et l’Ile de France qui demandent de l’aide d’urgence. Toutes les Régions sont touchées…
Enfin, le personnel est touché par les désillusions politiques, avec le sentiment de ne pas avoir été entendus, malgré les applaudissements des premiers mois. Il a fallu faire des choix terribles, mais la reconnaissance de l’État n’est pas venue : « Nous sommes le seul pays au monde à avoir continué à fermer des lits en pleine pandémie » explique un représentant syndical. Il y a eu des augmentations de salaires, mais les salaires restent inférieurs de 10 % à la moyenne européenne. De plus, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 prévoit plus d’un milliards d’€uros d’économie.
Pas étonnant que le nombre de postes vacants (7 500 avant le Ségur de la santé) ait été multiplié par 4, depuis….
A moins d’un changement radical de politique, nous ne sommes pas près de sortir d’une grave crise … de confiance.
C’est pas la crise pour tout le monde :
Alors que la pandémie a fait basculer la France dans une crise économique et sociale sans précédent, nous apprenons l’entrée de 4 nouveaux milliardaires français dans le dernier classement Forbes . A la tête du palmarès, Stéphane Lancel, PDG de Moderna, dont les Vaccins Anti-Covid ont enrichi sa fortune personnelle. Selon Oxfam, les milliardaires ont gagné près de 175 milliards d’euros entre mars et décembre 2020, soit deux fois le budget de l’hôpital public français ! Dans le même temps, les associations caritatives déplorent une augmentation de près de 3 millions des bénéficiaires de l’aide alimentaire depuis le début de la crise.
Ce n’est pas une fatalité, puisque 2 français sur 3 (dont 59 % des électeurs de LaREM) sont favorables à la mise en place d’une taxe exceptionnelle sur les multimillionnaires pour faire face à la crise.
Pour avancer dans ce sens, signez la pétition soutenue par Oxfam France et Le Mouvement [en cliquant ici→https://oxfamfrance.cmail20.com/t/t-l-mdhldkk-mhhhdtdkh-i/].
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