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Barrage de Sivens (Tarn) : tensions après la mort d’un jeune manifestant
mardi 28 octobre 2014, par - Au fil des jours - Développement Durable
Aujourd’hui, les premières conclusions de l’enquête sont tombées : Rémi Fraisse, militant écologiste venu manifester pacifiquement contre le projet de barrage de Sivens (Tarn), est mort sur le coup par l’explosion d’une grenade offensive tirée par les ’forces de l’ordre’, dimanche 26 octobre.
La question de fond :
Dans le même temps, les experts désignés par le ministère de l’environnement se montrent très critiques par rapport au projet : ils parlent "d’une surestimation du volume de substitution destiné à l’irrigation d’au moins 35 %". Un surdimensionnement qui s’explique par une estimation des besoins établie "sur des données anciennes et forfaitaires".
"Le choix d’un barrage en travers de la vallée a été privilégié sans réelle analyse des solutions alternatives possibles", une situation d’autant "plus regrettable que le coût d’investissement rapporté au volume stocké est élevé", note également le rapport. Il qualifie en outre l’étude d’impact de "qualité très moyenne" et juge le financement du projet "fragile".
Mais ils estiment qu’il sera difficile d’arrêter complètement le projet qui est déja bien entamé après le forcing du Conseil général (dirigé par le PS).
De fait, les militants anti-barrage dénoncent ce "projet inutile et dangereux" qui va détruire une zone humide de 13 hectares (rare dans ce département), ainsi qu’une zone boisée ; et ceci pour alimenter en eau une vingtaine d’agriculteurs productivistes
Le débat se durcit :
Le forcing du Conseil général et de la préfecture pour entamer les travaux a tendu la contestation, ce qui explique l’ambiance de la manifestation de samedi dernier.
Et suite à ces dramatiques évènements, plusieurs personnalités politiques ont demandé une enquête sur les responsabilités du drame, ainsi que l’arrêt du chantier : José Bové, Jean-Luc Mélanchon, EELV (pour lire le communiqué de EELV, cliquer ici.
Cécile Duflot, l’ancienne ministre du logement "regrette les incidents perpétrés par quelques manifestants, venus avec la seule volonté d’un affrontement avec les forces de l’ordre. Mais aucun de ces débordements ne peut servir d’excuse à ignorer la gravité de la mort de Rémi Fraisse (…) et ne doit permettre de jeter l’opprobre sur un mouvement pacifique de mobilisation pour l’intérêt général". Elle a demandé dès lundi "l’arrêt immédiat des travaux sur le barrage du Sivens et la mise en place d’une enquête claire et précise sur les agissements des force de l’ordre".
Dans la matinée, l’ancienne ministre de l’écologie socialiste Delphine Batho avait, elle aussi, réclamé sur i-Télé "l’arrêt des travaux » et le rétablissement des moratoires mis en place pendant son mandat « sur tous les projets de ce genre dans toute la France".
Face au silence du gouvernement, Cécile Duflot a osé dire que cette absence de compassion du gouvernement avec ce jeune (qui, de plus, n’avait rien d’un casseur) était inadmissible. Le pouvoir s’est alors (enfin) réveillé, et le Président Hollande a fait une déclaration suivie par plusieurs déclarations de Ministres.
Ces nouveaux évènements creusent un peu plus le fossé à l’intérieur de la majorité présidentielle (ou ce qu’il en reste). Dans l’immédiat, le gouvernement devra, tout au moins, faire toute la lumière sur les circonstances du décès de Rémi Fraisse, et obtenir le plus vite possible le gel du projet (puis son abandon) par le Conseil général du Tarn.
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