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Conférence de presse
Attention à la privatisation de l’apprentissage !
lundi 19 février 2018, par - Conseil régional - Apprentissage - Format. Profession.
Le 9 février, le gouvernement a annoncé les premières mesures phares de sa réforme de l’apprentissage. Désormais, l’apprentissage ne sera plus géré par les Régions (qui décidaient de l’ouverture ou la fermeture des CFA et sections) mais simplement supervisées par les branches professionnelles. Le financement du fonctionnement sera fonction du nombre de contrats d’apprentis, avec un fort risque de mise en concurrence des CFA. Les Régions seront toujours chargées de l’investissement mais ne percevront plus la taxe d’apprentissage.
Le groupe Ecologiste et Citoyen au Conseil régional alerte sur cette forme de privatisation de l’apprentissage, qui risque d’entraîner de très grandes inégalités entre les apprentis.
De très bons résultats par les Régions, pourquoi changer ?
Avec 30 300 apprentis répartis dans 54 centres de formation, la Région Pays de la Loire affiche un taux d’occupation de 75 %. Un chiffre en hausse de 6,6 % par rapport à 2016*. La plupart des formations dépassent 85 % de taux d’insertion professionnelle avec près de 94 % pour le secteur bancaire.
Attention à la privatisation de l’apprentissage, pouvant entraîner de fortes inégalités
Confier l’apprentissage aux branches professionnelles, c’est mettre en péril la formation et l’avenir des jeunes :
le financement par le nombre des contrats va favoriser les branches professionnelles fortes (métallurgie, bâtiment,…) et risque de faire plonger les branches les plus fragiles pourtant nécessaires (artisanat, métiers transversaux, …), au détriment des apprentis. Christelle CARDET, conseillère régionale insiste sur ce point : « La Région, en tant que collectivité publique joue un rôle essentiel de régulateur entre les centres de formation et de manière harmonieuse sur son territoire. La loi du marché ne peut pas tout réguler ! »
les volets « accompagnement des jeunes » et « éducation à la citoyenneté » seront également rayés de l’apprentissage puisque les branches n’ont pas cette vocation pédagogique. Patrick COTREL, ancien Vice-président à l’apprentissage et à la formation professionnelle témoigne : « la Région est toujours allée au-delà de la simple formation à un métier : elle accompagne les apprentis dans leurs démarches pour leur logement, transport, sorties culturelles… La sensibilisation à la citoyenneté, au développement durable, au civisme était aussi très importante avec actions éducatives, les démarches de type Agenda 21 (comme les lycées) ou encore la connaissance des institutions. Car former des jeunes c’est avant tout en faire des citoyens éclairés ! »
Une réforme qui rate sa cible
Avec 23 % de taux d’abandon des jeunes apprentis, la véritable question aurait dû être : « Comment renforcer la qualité de l’apprentissage pour éviter les abandons ? ». Ce à quoi le Gouvernement ne répond absolument pas en aggravant les conditions de travail des apprentis : temps de travail pouvant être porté à 40 heures/semaine, ruptures de contrats d’apprentissage échappant aux prud’hommes. Par contre d’autres mesures sont positives (légère augmentation de la paie, Erasmus, crédit permis de conduire, …)
Nous proposons, en outre (comme nous le proposions en 2014) d’attribuer une prime supplémentaire aux employeurs embauchant un(e) apprenti issu des quartiers « politique de la ville ».
Le groupe Ecologiste et Citoyen formule 4 propositions simples et concrètes :
1- Favoriser la mutualisation CFA et lycées professionnels dans un même domaine (métallurgie…), faciliter le passage d’un statut à l’autre (lycéen et apprenti), mutualiser les relations avec les entreprises et mieux utiliser les plateaux techniques (pour une bonne part financés par la Région).
2- Renforcer la coordination avec les entreprises par des visites plus fréquentes des formateurs des CFA et professeurs des lycées pro., par une formation systématique des tuteurs en entreprise : il faut mieux coordonner ces deux lieux de formation des jeunes et mieux faire pénétrer les nouvelles techniques professionnelles dans les centres de formation.
3- Inclure les compétences adaptatives et la transition des compétences. Aujourd’hui, savoir acquérir de nouvelles compétences et s’adapter à plusieurs environnements de travail, aux changements d’équipes ou d’entreprises est tout aussi important que d’exceller dans son domaine.
4 – Coordonner les formations professionnelles au niveau de la région : il semble indispensable de donner aux régions la responsabilité de gérer la carte géographique des formations professionnelles, en lycée professionnel et en apprentissage, du CAP aux BTS, IUT et Licences pro. C’est une condition indispensable pour obtenir un équilibre entre les territoires, les demandes des familles, des artisans, des branches… ce que l’Etat (ou le marché) est incapable de faire.
Et la formation professionnelle continue dans tout ça ?
Il est préoccupant que le débat se focalise sur l’apprentissage au détriment de la formation professionnelle, tant au niveau du Gouvernement que des régions.
La volonté affichée par le gouvernement de prélever 1/3 du budget pour financer la formation des chômeurs et des jeunes sans emploi ni qualification nous parait légitime. Mais qui va gérer (et comment) cette masse financière de plusieurs milliards d’euros ? De notre point de vue, ce sont les Régions qui sont les mieux parées pour gérer ces fonds et d’y intégrer les 3 piliers qui sont :
La formation de toutes et tous et tout au long de la vie
La transition écologique et solidaire
L’aménagement du territoire et la situation particulière de chaque bassin d’emploi.
Voir aussi : l’intéressante interview du Président de la Chambre régionale des Métiers. Pour la télécharger, cliquer ici.
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