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A qui rapporte l’Euro de foot ?
mardi 14 juin 2016, par - Au fil des jours - Emploi
La semaine dernière, Patrick Kanner (Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports), interviewé à France Inter, parlait de l’Euro 2016 de foot comme d’une « grande communion laïque ». Est-ce vrai ?
Bien sûr, les amateurs de sport et de football sont nombreux ; et le sport de haut niveau peut être un beau spectacle et il peut inciter les jeunes à s’engager dans une pratique sportive où ils trouveront le goût de l’effort, de l’entraînement et de l’esprit d’équipe.
Mais ce tableau idyllique est loin de faire le tour de la question de ce sport professionnel dominé par l’argent. En effet :
Les retombées économiques sont souvent très surestimées, au-delà des attentes des débits de boissons, qui vont être déçues pour limiter les risques de violences ;
Par contre, les droits de diffusion et le sponsoring vont rapporter énormément à l’UEFA : 1,9 milliards € attendus. Et les aides aux petits clubs amateurs reversés par cette même UEFA ne seront que de quelques million €.
En fait, ce sont les collectivités locales qui vont fortement être sollicitées, par exemple pour agrandir et moderniser les stades (en particulier pour l’accueil des "personnalités"). Ces stades seront ensuite très surdimensionnés par rapport aux besoins habituels des clubs. Et même s’il y a eu un ‘partenariat public-privé’ pour construire de nouveaux stades (Bordeaux, Nice, Lyon, Lille), c’est, comme d’habitude, le public qui devra quasiment seul assumer les risques…
Les sponsors du foot sont toujours aussi peu reluisants, avec des sommes énormes dépensées pour le sponsoring et des salaires de misère pour les ouvrières du Sud-Est asiatique fabriquant les articles de sport : sur une paire de chaussures Nike Air Jordan, on estime que le sponsoring représente 5,6% du prix, alors que le salaire des ouvriers n’est que de 2,4% (et le bénéfice pour Nike est de 23,4% !). Pire, encore : sur un maillot Adidas vendu 50€, seulement 0,5€ revient au salarié qui l’a confectionné…
Dans ces conditions, l’exemplarité du sport professionnel (et du foot en particulier) peut être interrogé sur de nombreux points, sans parler du dopage…
Pour plus de précisions, se reporter au dossier sur ce sujet dans le N° de juin de la revue ‘Alter éco’.
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