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Echos de la plénière du Conseil régional du 22 mars 2018

lundi 26 mars 2018, par Patrick Cotrel - - -

Deux grands sujets étaient à l’ordre du jour : un plan emploi et une feuille de route pour la transition écologique.
Un autre point concernait les tarifs des TER. Ce point a été abordé dans un article de ce blog : "Nouveaux tarifs TER" en date du 14 mars. Pour le lire, cliquer ici.

Quelques mots sur une l’ambiance surprenante de cette plénière, peu conforme à la tradition régionale : pour les vœux (sur des sujets qui ne sont pas de la compétence régionale) sur des sujets sur lesquels un consensus semble possible, on a assisté à des guerres de tranchées. Alors même que les positions semblaient très proches, la majorité a systématiquement refusé toute rédaction commune permettant un vote quasi unanime du Conseil régional (mis à part le Front National).
Exemples :
- l’éolien en mer : l’Etat semble vouloir remettre en cause les prix de l’électricité produite, au risque de remettre en cause les accords passés, impliquant les délais de réalisation, et donc des emplois prévus sur le bassin de St Nazaire. La majorité a refusé toute négociation en vue d’un vœu commun avec les groupes PS et Ecolo.
- L’apprentissage : refus de la majorité d’aboutir à un vœu commun.
- Réforme de la formation professionnelle continue : ce vœu présenté par Christelle Cardet (Ecologiste et citoyenne) dénonce la re-centralisation (et l’étatisation) de la gestion des fonds de la formation professionnelle continue, sans apporter aux salariés la garantie de pouvoir accéder à une véritable qualification complète (comme le permettait le Congé Individuel de Formation), et sans accompagnement et conseils gratuits. Pour lire le projet de vœu, cliquer ici. Refus de la majorité quasiment sans argument.
On peut s’interroger sur les raisons de ce refus de toute collaboration, même ponctuelle, avec les groupes PS et Ecolo. Car un vœu adopté à une large majorité devrait avoir plus de poids et d’écho. Est-ce une volonté de communiquer sur l’idée que la seule opposition responsable au gouvernement, c’est la droite classique ?

Le plan emploi :

Même si le chômage est plutôt moins fort dans notre région que dans les autres régions, cela reste un très gros problème : fin janvier, le nombre de chômeurs de catégories A, B et C s’élève à 318 000, dont 148 700 ayant plus d’un an de chômage (165 900 en cat.A). De plus, "la Région a des compétences en matière d’économie, de formation et d’orientation professionnelle." Elle est donc "légitime à agir".
Ce "Plan de bataille pour l’emploi" affiche 43 mesures et modes de coordination avec les intercommunalités.
- Certaines de ces mesures sont positives, comme les aides à la mobilité et l’hébergement des stagiaires en Formation professionnelle, comme l’élargissement de l’apprentissage aux bénéficiaires su RSA de 26 à 30 ans ou l’amélioration du portail d’orientation professionnelle de la Région (et du CARIF-OREF).
- Certaines autres résultent du Plan Investissement dans les Compétences (PIC) que le gouvernement délègue aux Régions. C’est d’ailleurs la principale source des crédits nouveaux que comporte ce Plan de bataille pour l’emploi.
Ainsi, les actions d’orientation et de remise à niveau des compétences de base en direction des publics les plus éloignés de l’emploi réapparaissent, alors que la majorité régionale les avait progressivement supprimées depuis 2015 : 2 122 place supplémentaires. Mais on est loin de retrouver les 5 500 places qui existaient avant.
Autre réapparition : les prestations d’aide aux TPE/PME sur la fonction Relations Humaines, du même ordre que les prestations proposées par l’ARACT (Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail), mais supprimées par la majorité au Budget Primitif.
- Enfin, d’autres actions sont sous-tendues par une analyse erronée de la situation de l’emploi. La majorité pense que l’économie est repartie et crée des emplois. Mais elle ne trouve pas la main d’œuvre qualifiée qu’elle cherche, surtout parce que les chômeurs ne sont pas assez qualifiés, mais aussi en raison de freins divers (déplacements, logement, diffusion des offres, ...). En réalité, la reprise de l’activité économique a continué à détruire des emplois stables, et a créé beaucoup de boulots de courte durée et précaires : depuis 5 ans, l’intérim a augmenté au rythme de 14% par an ! Depuis 5 ans les chômeurs de catégories B et C, c’est à dire ceux qui ont accepté de travailler quelques heures ou quelques jours, augmentent au rythme de 7 à 8% par an. Or intérim et précarité ne font pas bon ménage avec qualification et enracinement dans l’entreprise. A ne proposer que des emplois précaires, les entreprises se cantonnent dans de production de faible qualité : on ne peut pas jouer à la fois sur la qualité et la précarité. De ce point de vue, les actions d’adaptation au poste de travail développées par la Région sont néfastes, car elles encouragent les entreprises à se cantonner dans le « bas de gamme », qui a bien du mal à s’exporter.
- Ajoutons qu’on cherche en vain des mesures pour anticiper les mutations économiques, sociales et écologiques en cours qui vont avoir un impact sur le développement des éco-filières et sur les métiers (agriculture durable, éco construction, énergies renouvelable, …).
- Dernier point : les territoires d’action ("territoires d’actions unifiées"). La majorité a effectué un découpage en 19 territoires calqués sur le découpage administratif des intercommunalités, mais qui n’a rien à voir avec les bassins d’emploi, définis par l’INSEE et adoptés par l’ANPE puis Pôle Emploi, déterminés principalement par les déplacements domicile-travail. On aboutit donc à des aberrations consistant à mettre dans le même ‘territoire de solutions’ des zones d’emploi comme Ancenis en plein boum économique (Terena, Manitou, Toyota, …) où le chômage a diminué de 7,5% en un an, avec la zone d’emploi de Châteaubriant qui est en grande difficulté (augmentation la plus forte de la Région sur un an). Comment imaginer des ‘solutions unifiées’ ??? Autre exemple : la commune de Treillières, qui touche la commune de Nantes, se retrouve rattachée à Châteaubriant !
Il est bien entendu nécessaire de travailler avec les intercommunalités et les communes ; mais adopter un découpage d’actions qui n’a rien à voir avec l’emploi et l’économie ne peut qu’augmenter les difficultés. Cerise sur le gâteau : la majorité a refusé que la minorité soit représentée dans les instances de concertation des 18 territoires. Alors que de 1998 à 2010 (avec alternance de majorité) les élu.e.s de la minorité participaient aux ‘comités de bassin d’emploi’…
Pour lire l’intervention de Christelle Cardet sur ce Plan, cliquer ici.
Seule réponse de André Martin (Président de la commission Apprentissage, form. Pro.) : Intérim et précarité ne sont pas équivalents, car il existe des contrats intérimaires en CDI. Il a raison : sur 743 351 intérimaires fin décembre, il y avait 62 845 CDI (8,4%). On peut toujours souligner le détail pour masquer la généralité…

La feuille de route de la transition écologiste :

Ce débat fera l’objet d’un article dans les prochains jours, dans la lignée de l’article sur l’alerte du GIEC (cliquer ici) et celui sur le plan gouvernemental de rénovation thermique des bâtiments (cliquer ici).

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