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Nouvelle régression annoncée des allocations chômage
lundi 3 juin 2024, par - Au fil des jours - Emploi
Le gouvernement annonce de nouvelles restrictions sur les allocations chômage. Il a court-circuité la gestion paritaire des ASSEDIC et entend être seul maître à bord pour rythmer la régression de cet acquis social.
Si elles sont appliquées, on pourra faire le constat suivant ;
avant 2017, il fallait avoir travaillé 6 mois dans les 24 derniers mois pour ouvrir des droits à indemnisation. Après la « réforme » Attal, il faudra avoir travaillé 8 mois dans les 20 derniers mois.
avant 2017, les droits acquis antérieurement étaient « rechargés » après 1 mois de chômage. Après la « réforme », il en faudra 6 !
avant 2017, la durée d’indemnisation pouvait aller jusqu’à 24 mois. Après 2024, cette durée ne sera que de 15 mois.
avant 2017, la durée des plus de 53 ans étaient indemnisés plus longtemps. Après la « réforme », seuls les plus de 57 ans pourront être indemnisés plus longtemps.
Les sanctions envers les chômeurs sont aussi plus dures en cas d’absence à un rendez-vous à Pôle Emploi, de refus d’une offre d’emploi, … De plus, un salaire proposé trop faible ne pourra plus être un motif de refus d’un CDI, ...
Enfin, les règles et le montant des indemnités chômage pourront évoluer en fonction du niveau général du Chômage : ces règles seront assouplie si le niveau général du chômage est supérieur à 9 % (il est actuellement de 7,5 % de la population active).
Pourquoi cette « réforme » ?
On entend souvent dire que le gouvernement cherche, ainsi, à diminuer son déficit et son endettement qui se révèlent de plus en plus hors de contrôle.
Pourtant, c’est dès 2017 que ce pouvoir macronien a attaqué la gestion paritaire de l’Assurance chômage.
Dans un article récent, Le Monde fait un descriptif de toutes les sorte de régressions qui ont été décidées par le gouvernement depuis 2017. Et cette description démontre que c’est dès 2017 que le gouvernement macronien a décidé de supprimer, dans les faits, ce modèle assurantiel à gestion paritaire : les salariés du privé ne cotisent plus pour leurs droits au chômage mais contribuent à les financer par la contribution sociale généralisée (CSG). l’Etat peut donc décider seul de la part de son budget donnée à l’assurance-chômage. L’une des principales mesures de la loi de finances de 2018 est l’augmentation de 1,7 point du taux de CSG, destinée à compenser la suppression des cotisations maladie et chômage des salariés du privé. Ainsi, le gouvernement se donne le droit de décider seul des règles de L’ASSEDIC en cas de désaccord des partenaires sociaux, et d’énoncer un « cadrage » avant ces négociations des partenaires sociaux. Et le premier « cadrage » imposé par le gouvernement aux partenaires sociaux date de … 2019 : les partenaire sociaux devaient réaliser de 3 à 3,9 milliards € d’économie sur 3 ans.
Et petit à petit, c’est le gouvernement qui a imposé ses règles et tout le paramétrage de l’assurance chômage.
Quelle est la logique du gouvernement ?
Les motivations du gouvernement sont loin d’être uniquement financières. C’est toute une représentation du rôle des corps intermédiaires et de l’État qui est en jeux : la « libre » concurrence ne doit pas être faussée par des accords particuliers, selon lui. C’est l’État qui le seul garant de la liberté d’entreprendre et de la concurrence.
En fiers héritiers de le droite libérale (giscardienne), le pouvoir macronien est hostiles à l’action de tous les « corps intermédiaires » qui viennent ’fausser la pertinence et l’efficacité de la libre concurrence’, qui doit tout naturellement aboutir à un équilibre ’efficace’.
Mais aujourd’hui, alors qu’un fort déficit des finances publique est révélé, le chômage tend à repartir à la hausse (avec tendance à la baisse des offres d’emploi et des intentions d’embauche des employeurs en 2024).
Il devient évident que l’objectif de réduction du taux de chômage à 5 % ne sera pas atteint. Il est donc intéressant, pour le gouvernement, d’en attribuer la responsabilité aux chômeurs, qui sont ’trop bien indemnisés’ pour chercher réellement du boulot. Le langage plus poli dit ‘que des indemnités chômage trop généreuses n’incitent pas assez les chômeurs à reprendre le travail’.
Il ne lui vient même pas à l’idée que le chômage est vécu, pour la grande majorité, comme une exclusion sociale ; et qu’un renforcement de l’accompagnement est indispensable : on préfère faire du ’contrôle de la recherche d’emploi’...
La logique ultra-libérale et le progrès social ne font, décidément, pas bon ménage...
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