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Ma réponse à l’enquête publique de l’Etat sur l’énergie
mercredi 21 décembre 2022, par - Energies - Climat - Déplacements - Développement Durable
Dans un article récent, j’ai donné le lien vers la concertation publique (assez discrète...) lancée par L’Etat jusqu’en fin janvier.
Vous trouverez ci-dessous ma participation à cette consultation, qui répond aux thèmes avancés par l’Etat.
N’hésitez pas à en faire de même !
Thème 1 : Comment adapter notre consommation pour atteindre l’objectif de neutralité carbone ?
La question qui nous est collectivement posée n’est pas celle de notre consommation individuelle, mais l’impact de notre société (tous pays confondus, mais particulièrement les pays les plus « développés ») sur la terre et les espèces vivantes qui nous entourent.
La question du climat en est un bon exemple ; mais pas le seul, car il y a aussi la question de la menace sur la biodiversité.
La neutralité carbone en 2050 est un objectif juste, mais il ne sera atteint que si les objectifs de baisse annoncés lors de la COP de Paris pour 2030 sont atteints.
L’énergie la moins chère est celle qu’on ne dépense pas : La première question que nous devons poser est de savoir comment on peut diminuer notre consommation d’énergie fossile, en regard de son utilité.
Exemple : Nos automobiles sont de plus en plus lourdes parce que de plus en plus de dispositifs et de gadgets y sont installés.En conséquence, elles consomment de plus en plus d’énergie. Est-ce vraiment utile (hors dispositifs de sécurité) ?
Autre exemple : Limiter la vitesse maximale des voitures sur autoroutes à 110 km/h au lieu de 130 km/h aurait un impact tout à fait réel sur la consommation d’énergie et un impact assez peu perceptible sur les temps de parcours. En plus, c’est une mesure qui ne coûte rien à personne, mais rapporte un peu à chaque automobiliste.
Autre exemple : obtenir des fabricants une garantie effective de réparabilité des objets fabriqués.
De plus, l’État doit avoir un engagement fort (en particulier financier) pour réduire nos émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) dans les domaines qui en produisent le plus :
Les aides à l’isolation des locaux d’habitation et d’activités : un engagement fort de l’État est indispensable, car le retour sur investissement est assez long. De plus il est essentiel d’aider, encore plus, les ménages qui ont peu de revenus.
Le développement des transports en commun et du ferroutage, et l’arrêt les travaux routiers (hors travaux de sécurité) : il faut pouvoir donner aux particuliers d’abord, mais aussi aux commerçants et industriels des solutions pour pouvoir renoncer en bonne partie aux véhicules thermiques (essence, gazole, gaz).
Il faut aussi encourager la recherche sur les procédés industriels moins gourmands en énergie (fossiles en particulier).
Thème 2 : Comment satisfaire nos besoins en électricité, et plus largement en énergie, tout en assurant la sortie de notre dépendance aux énergies fossiles ?
Le schéma qui nous est proposé par Mr Macron consiste à remplacer, pour la plus grande part, les énergies fossiles par l’électricité nucléaire complétée par les énergies renouvelables.
Ce modèle est tout à fait contestable de plusieurs points de vue.
La question du coût : d’après l’Agence Internationale de l’Energie, le coût du kwh (en cents de $) était en 2020 pour les installations nouvelles de 16,3 pour le nucléaire, 8,6 pour l’éolien offshore, 4 pour l’éolien terrestre et de 3,7 pour le photovoltaïque.
Nous en faisons la triste expérience en France, avec l’EPR de Flamanville qui va accuser (au mieux) 12 ans de retard par rapport à la date initiale de livraison, pour un coût de 20 milliards€ (coût initialement prévu de 3,5 Milliards€).,
La question de la rapidité de mise en œuvre : Si les démarches administratives sont allégées, un projet de production d’électricité à partir d’une énergie renouvelable peut demander 3 à 4 ans de délai avant sa mise en route. Par contre, nous savons bien, par expérience, qu’un projet de centrale nucléaire va demander à peu près 15 ans (pour Flamanville, la construction seule aura demandé au moins 12 ans).
Dans ces conditions, le projet gouvernemental de construction de 6 EPR2 peut-il sérieusement résoudre notre problème de production d’électricité avant de très nombreuses années : déjà, la France a été le seul pays européen à ne pas respecter ses promesses (faites à la COP de Paris) de mise en route de projet d’énergies renouvelables. S’entêter sur le nucléaire, c’est être certains que nous ne tiendrons pas nos engagements pour 2030 et que la neutralité carbone en 2050 ne sera pas obtenue.
La question de l’efficacité énergétique : Les énergies renouvelables produisent simplement de l’électricité, soit directement (panneaux photovoltaïques), soit à partir d’une énergie mécanique qu’il est assez facile de transformer en électricité.
Par contre les centrales nucléaires, comme toutes les centrales fonctionnant à partir de combustibles fossiles, sont des centrales thermiques ; c’est à dire qu’elles produisent de la chaleur dont une partie sera transformée en énergie mécanique, puis électrique, et l’autre partie devra être évacuée sous peine d’explosion (à plus petite échelle, on a le même problème avec les véhicules thermiques qui doivent impérativement être refroidis).
Cette question du refroidissement représente tout d’abord une perte très importante d’énergie qui doit être disséminée dans la nature : ces centrales nucléaires sont toutes situées à proximité d’un fleuve ou de la mer pour rendre possible ce refroidissement. Et avec le réchauffement climatique cela pose de plus en plus de problèmes, si on veut éviter de porter atteinte aux écosystèmes impactés par cette dissémination de chaleur. C’est la raison pour laquelle plusieurs centrales nucléaires ont dû être stoppées au moment des fortes chaleurs d’été, sous peine d’atteintes graves sur la faune et le végétal environnant.
En plus des problèmes de soudures, cette question du refroidissement va accroître les risque d’indisponibilité des centrales nucléaires, avec le réchauffement climatique. Les arrêts imprévus qu’on constate de plus en plus sur le parc nucléaire français rendent cette énergie intermittences, au même titre que les renouvelables.
La question de la dangerosité des déchets et des installations :
Les centrales nucléaires sont de installations à haut risque, même si leur surveillance est actuellement assurée en France, en temps de paix. Par contre, on perçoit le danger qu’elles représentent en temps de guerre avec la situation en Ukraine.
Mais reste la question du démantèlement de ces centrales après leur arrêt : elles restent dangereuses pour des centaines de milliers d’années, et le démantèlement de la centrale de Brénilis n’est toujours pas terminé, plusieurs dizaines d’années après son arrêt définitif...
Enfin les déchets nucléaires produits par les centrales nucléaires s’entassent dans les piscines (pour les refroidir), sans qu’on sache quoi en faire. Mais sans qu’elles soient correctement protégées contre les risque extérieurs (attentats, accident d’avion, guerre).
La dépendance vis à vis de pays tiers : L’uranium utilisé dans les centrales nucléaires françaises provient pour 60 % du Niger et pour 40 % du Kazakstan (contrôlé par la Russie) ! Ajoutons que Rosatom (entreprise russe du nucléaire) retraite une partie des déchets nucléaires français, dont on ne sait plus quoi faire...
Nos « amis russes » nous tiendraient-ils par la barbichette ?
Il faut tirer le bilan de l’échec industriel et financier du nucléaire français.
EDF est archi-endettée. Le nucléaire est devenu très cher par rapport aux énergies renouvelables, d’autant qu’il faut payer des pénalités de retard pour les centrales EPR exportées : 3 milliards€ pour l’EPR de Finlande (payé par l’État !) ; combien pour les 2 EPR anglaises ?
La nationalisation forcée d’EDF a pour but de boucher ces trous financiers béants !
Thème 3 : Comment planifier, mettre en œuvre et financer notre transition énergétique ?
Les grandes lignes découlent de ce qui précède.
1/ Renoncer aux projets de développement du nucléaire
Le renoncement aux projet de développement d’un « nouveau nucléaire » donne déjà à l’État des marges financières importantes. Elles doivent rapidement être utilisées pour démarrer tout ce qui peut être fait rapidement dans le domaine des économies d’énergie.
2/ développer les économies d’énergie et la sobriété :
limiter la vitesse sur les autoroutes et réduire les travaux routiers (hors sécurité)
Lancer un grand plan d’aide à l’isolation des logements et locaux d’activité. Cela a aussi l’avantage de soulager les problèmes financiers de tous ceux qui ne peuvent plus faire face aux augmentations de prix actuelles.
Lancer un plan national de développement des transports en commun et du ferroviaire, de façon à réduire nos émissions de GES, mais aussi à aider les citoyens qui ont le plus de difficulté dans la période actuelle. Dans ce domaine, une participation des collectivités locales peut être recherchée pour co-financer, mais aussi trouver une efficacité qui colle à la réalité du terrain.
Encourager la construction et la mise sur le marché de véhicules individuels électriques légers (et économes).
3/ Démarrer un plan pluriannuel de développement des Energies Renouvelables :
Il faut accélérer le rythme des projets, de façon à, progressivement, pouvoir fermer les centrales nucléaires les plus vétuste (plutôt que de vouloir, à tout prix les maintenir en activité au-delà de 40, voire 50 ans). Cette sortie du nucléaire doit obligatoirement se faire au fur et à mesure que les économies d’énergie et la capacité de production des Energies Renouvelables se développera.
RAPPEL : Pour participer à la concertation, cliquer ici
Attention ! Cette enquête "publique" prend fin le 18 janvier 2022 !!
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