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Les chiffres de Pôle Emploi en sept. 2021
lundi 8 novembre 2021, par - Au fil des jours - Format. Profession. - Emploi
Des chiffres du chômage en baisse ?
Depuis la publication des chiffres de Pôle Emploi de septembre, le gouvernement nous annonce une croissance record et un niveau de chômage plus bas qu’avant la crise sanitaire. (voir note en fin du texte) ;
On nous annonce même un taux de chômage plus bas qu’avant la crise, que l’INSEE devrait publier le 19 novembre.
Pourtant, certains médias sont plus prudents. Ainsi, Ouest-France titrait, avec prudence, « Moins de chômeurs, plus de petits boulots ».
Les chiffres :
Soulignons d’abord que le dispositif de chômage partiel, ainsi que les nombreuses aides et avances faites par l’État aux chefs d’entreprises, ont permis d’éviter des licenciements massifs. La plupart des pays ‘développés’ ont mis en place des dispositifs similaires.
Quel point de comparaison ?
Etant données les vagues successives qui ont ponctué la crise, les comparaison sur un an n’ont pas beaucoup de signification. Le seul point de référence, c’est donc la situation d’avant crise, c’est-à-dire le mois de janvier ou février 2020.
Les transferts entre catégories :
Il est parfaitement vrai que le nombre de chômeurs de cat. A a diminué, au point de retrouver un chiffre comparable à celui de février 2020. Mais le phénomène du chômage ne se résume pas à ce seul indicateur. C’est pourquoi, depuis plusieurs décennies, je défends l’idée qu’il faut examiner l’ensemble des catégories (donc avec les B et C), et aujourd’hui la cat. D.
A plusieurs occasions, nous avons mis en lumière que la diminution des chômeurs de catégorie A s’accompagnait de la hausse des chômeurs de cat. B ou C.
Explication : devant les incertitudes de la période, les employeurs proposent des contrats de très courte durée, éventuellement à temps partiel. Cela se comprend ; mais globalement, on assiste à une précarisation du travail.
De plus, une longue période de chômage ne permet pas de maintenir la qualification des chômeurs (leur « employabilité »). Pour faire face à ce problème de recrutement, l’État a développé des mesures d’accompagnement et de formation professionnelle en faveur des chômeurs. Ainsi, le nombre de chômeurs de cat.D (personnes non disponibles immédiatement = en formation ou malades) est passé de 294 000 en février 2020 à 372 400 en sept. 2021 (+27%), en étant passé par un pic de 442 700 en août 2021.
Il n’est, bien entendu, pas question de remettre en question l’intérêt de passer par la case formation professionnelle pour un chômeur, surtout s’il n’a pas travaillé depuis un certain temps. Mais même s’il n’est pas disponible immédiatement pour reprendre un emploi, il est toujours chômeur.
Le résultat :
On peut le visualiser sur le graphe ci-contre : Le total des chômeurs de cat A, B, C et D était de 5,677 millions en février 2020 ; Il est de 5,883 millions en septembre 2021 (+3,7%). Pour une baisse du chômage, on fait mieux !
Le chômage de longue durée :
Dans l’article sur les chiffres du chômage en août 2021, je soulignais la forte augmentation du nombre de chômeurs de longue durée.
C’est encore le cas en septembre 2021, puisque leur nombre est de 2,724 millions fin septembre, contre 2,532 millions en fév. 2020 (+7,6%).
Le graphe ci-contre montre que cette augmentation encore plus forte pour la population des chômeurs de plus de 3 ans : +11,2 %.
Cela relativise la portée des cris de victoire du pouvoir, qui souligne le record de la baisse du taux de chômage. Or, justement, ce calcul du taux de chômage ne prend pas en compte cette population au bord de l’exclusion ou complètement découragée.
Qu’on le veuille ou non, cette crise sanitaire est aussi une crise sociale qui exclut un peu plus les plus précaires.
Cela met en évidence le cynisme du gouvernement qui profite de cette soit-disant embellie du marché du travail pour diminuer les indemnités de chômage des plus précaires, de deux façons : sur le calcul du montant de l’indemnité et sur le durée de chômage nécessaire pour ouvrir des droits à indemnisation !
Quant à la pénalisation des employeurs qui abusent des contrats précaires, … on verra plus tard !
Note : Tous les chiffres cités, comme chaque mois, ont été publiés et mis en ligne par la DARES (service études et statistiques du ministère du travail) et concernent uniquement la métropole (hors les outre-mer et Mayotte).
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