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Le nucléaire en sursis ?
mardi 29 octobre 2024, par - Au fil des jours - Energies - Climat
Alors que le gouvernement continue d’afficher sa confiance dans le développement de la filière des centrales nucléaires en France, plusieurs évènements viennent nous alerter.
Un risque de rupture d’approvisionnement :
Dans un courrier des lecteurs publié le lundi 28 octobre par Ouest-France, « Dominique (côtes-d’Armor) » aborde la question des ressources mondiales en minerai d’uranium.
Pour lire ce courrier, cliquer ici
« Ainsi, depuis que nous avons épuisé les gisements d’uranium sur notre territoire (dernière mine fermée en 2001), nous avons épuisé la grande mine d’Akouta au Niger, en 2021.
Actuellement, nous importons tout l’uranium que nous consommons, en grande partie du Kazakhstan, si bien que plus de 40 % nous viennent d’Asie par le biais de la Russie ! On conçoit bien la fragilité de cet approvisionnement et les risques géopolitiques qu’il entraîne. On ne peut donc pas parler d’indépendance énergétique […]. »
De plus, l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Nucléaire, dépendant de l’ONU) estime que « le rythme des découvertes ces dernières années tourne autour de29 000 tonnes d’uranium par an alors que nous en consommons 67 000 t/an dans le monde et possiblement 105 000 t/an en 2035. »
La découverte de ces gisements prend aussi beaucoup plus de temps que la construction des centrales nucléaires. Dans ce rapport, l’AIEA prévient qu’il y a un réel risque de rupture d’approvisionnement en uranium […]. Il est certain que de très graves problèmes géopolitiques surviendraient bien avant. »
Même Jean Marc Jancovici (pourtant ardent défenseur du nucléaire) « écrit dans son blog que cet élément radioactif naturel (l’uranium) ne durera guère plus longtemps que le pétrole, dont le pic de production mondiale approche déjà. »
Or, la France a fait le pari fou de dépendre à 65 % des centrales nucléaires pour produire son électricité, alors que toutes les mines d’uranium ont fermé en France : aucun autre pays n’est à ce point dépendant (18,25 % aux USA, 4,65 % en Chine).
Suggestion : puisque, selon le gouvernement, le budget de l’État doit réaliser une économie totale de 60 Milliards €, pourquoi ne pas renoncer à la construction de 6 nouvelles centrales EPR2 (pour un coût estimé à 67 milliards €), au profit d’investissements dans les énergies renouvelables, beaucoup moins coûteuses et beaucoup plus rapides à produire (comme indiqué par l’AIEA) ?
Le début de la fin des SMR (Small Modular Reactors) ?
Le Président Macron nous promettait le développement de petite réacteur nucléaires peu coûteux et disséminés sur le territoire, pour contre-balancer le gigantisme des EPR2.
Aujourd’hui, ce rêve semble s’éloigner.
« Trop cher, trop risqué et trop incertain » a écrit Antoine Bonduelle, ingénieur et expert auprès du GIEC, dans son rapport « SMR, le nouveau mirage de l’industrie nucléaire » publié en mars 2024.
Le message semble avoir été entendu par EDF, qui déclare : « compte tenu du niveau d’endettement du groupe, il parait logique de partir sur un autre projet s’appuyant sur des technologies éprouvées, ; plutôt que de se lancer dans une aventure hasardeuse. ».
Rien n’est officiel, mais l’affaire semble être entendue…(Selon La Croix, cité par « Sortir du nucléaire »)
Et pendant ce temps, les déchets s’accumulent…
A La Hague : c’est la première usine de retraitement des combustibles irradiés des réacteurs nucléaires. Mais elle n’est toujours pas démantelée. Ces « déchets » ont été mis , provisoirement, sous l’eau dans des piscines, étant donné leurs volumes. Mais, depuis, on a noyé le poisson… depuis un demi siècle !
Et le retraitement de ces déchets devient de plus en plus compliqué… !
Les mines d’uranium en France : entre 1946 et 2001, plus de 200 mines d’uranium ont été exploitées en France. Pour 80 000 tonnes d’uranium, 250 millions de tonnes de déchets ont été produits (de très faible à faible activité...mais qui va durer au moins 100 000 ans !).
Les stocks de réserve : Les stocks d’uranium naturel représentent au moins 4 ans de fonctionnement du parc nucléaire actuel.
Il y a aussi l’uranium appauvri qui sert à produire le mox, combustible utilisable seulement dans 22 réacteurs en France.
Quant à l’uranium enrichi, il encombre tous les site de stockage. Car Orano estime que l’uranium naturel (venant du Kazakhstan via la Russie) est moins cher.
L’EPR de Flamanville : après 17 années de construction (dont 12 de retard) et 20 milliards € (pour 3,3 milliards prévus), l’EPR de Flamanville a reçu l’autorisation de démarrer le 7 mai 2024.
C’est là que les ennuis ont commencé !
Entre le 17 mai et le 5 juin, il y a eu 10 « évènements significatifs pour la sûreté », entraînant la suspension des essais.
Entre le 14 juin et le 31 juillet, 18 évènements ont été déclarés.
Et depuis, aucune information précise n’a été donnée concernant le lancement de la réaction nucléaire (la divergence)…
Le naufrage de l’EPR2 continue...
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