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La majorité part à la chasse aux voies de droite

mardi 16 novembre 2021, par Patrick Cotrel - -

Cette orientation était déjà perceptible de longue date dans la politique du président actuel, de son gouvernement et de sa majorité. Mais le dernier discours (télévisé) du président Macron et l’attitude des représentants français lors de la récente COP 26 à Glasgow sont très significatifs.
Le dernier discours du président Macron :
On attendait de M. Macron qu’il nous parle (comme d’habitude) de la crise sanitaire, et qu’il nous annonce (ou plutôt qu’il confirme, puisque c’était déjà annoncé) que le rappel du vaccin (3ème dose) allait être obligatoire pour conserver un passe sanitaire.
Mais il a été plus loin en se livrant à une sorte de bilan de mandat.

La réforme des retraites :
Elle n’aura pas lieu d’ici la fin du mandat (onj s’en doutait). Mais il faudra obligatoirement la faire au début du suivant. Mais de quelle retraite s’agit-il ?
La question est légitime, puisque les aspects du projet initial du style ‘retraite à la carte’ ou ‘retraite par points’ ont complètement disparus. Le projet semble se réduire à la suppression des régimes spéciaux, et surtout l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite...

Serrer la vis aux chômeurs :
Il a ainsi évoqué sa volonté de renforcer le contrôle des demandeurs d’emploi, insistant sur les sanctions pouvaient aller jusqu’à la radiation (et donc la suppression des allocations chômage). Il n’est pas le premier président à agiter ce discours de fermeté et de menaces contre les faux chômeurs qui abusent de la générosité d’un système payé par tous ceux qui travaillent (- eux !).
Discours tout à fait démagogique, puisque le contrôle de la recherche d’emploi et les sanctions pouvant aller jusqu’à la radiation existent depuis la création … de l’ANPE !
Mais le meilleur usage du contrôle et des éventuelles sanctions passe par la confrontation du demandeur d’emploi aux offres d’emploi (le rapprochement des offres et des demandes d’emploi est la base du métier) : ainsi, on peut déceler s’il y a, chez le demandeur, un problème de méthode de recherche d’emploi, d’orientation professionnelle (vers le métier vraiment recherché) ou de qualification professionnelle ; et lui proposer une prestation adaptée à son cas. Et, bien entendu, avoir recours à la radiation, lorsque le demandeur n’est pas simplement découragé, mais profite abusivement de l’assurance chômage.
Encore faut-il avoir les effectifs suffisants pour faire ce travail de rapprochement offres/demandes…
Le pire de tout (et ce n’est pas M. Macron qui en est à l’origine), c’est d’avoir détaché des conseillers de leur travail de rapprochement offres-demandes, pour faire à temps plein du contrôle de la recherche d’emploi. Peut-être l’actuel président voudrait accentuer ce dispositif ?
Par contre, l’actuel président a allongé la période de travail pour ouvrir des droits à l’indemnisation (de 4 à 6 mois) et il a diminué les allocations chômage de plus de un million de demandeurs d’emploi (calcul effectué par l’UNEDIC) en modifiant le calcul de l’indemnité journalière. Cela impacte particulièrement les chômeurs qui ont accepté un emploi précaire. Par contre le dispositif de bonus-malus qui devait pénaliser les employeurs abusant des contrats courte … est reporté à plus tard !
Le bilan antisocial est tout à fait clair !

Le climat : cela ne doit pas être pressé...
Alors que dans les épisodes précédents, E. Macron voulait se présenter comme à la pointe du combat européen pour la défense du climat, la France a été loin de briller à la toute récente COP de Glasgow. La délégation française s’est alliée aux défenseurs européens du charbon (comme la Pologne) ou du gaz. Ce n’est qu’en fin de parcours qu’elle s’est ralliée (sans gloire) aux pays qui exigent l’arrêt aux financements publics des projets d’extraction des combustibles fossiles : la France voulait pouvoir continuer à financer les projets d’extraction du gaz au-delà de 2035 !
Encore faudra-t-il, comme l’indiquent plusieurs ONG françaises, être vigilants, puisque l’accord précise qu’il ne faut pas financer les installations d’extraction du gaz «  ne comportant pas de dispositif de stockage du carbone  ».
Autre solution miracle avancée par E. Macron lors de son intervention télévisée, c’est le nucléaire. Il a évoqué la construction de 6 nouvelles centrales de type EPR (comme Flamanville), au nom de notre indépendance énergétique et de notre capacité à exporter !
Cela ne tient, bien entendu, pas compte de plusieurs réalités :
- Le combustible des centrales nucléaires est l’uranium, qui est intégralement importé d’Afrique (pour l’indépendance, on fait mieux).
- Ces centrales produisent des déchets, hautement dangereux pour les milliers d’années, dont on ne sait pas quoi faire. Les coûts de stockage en sûreté sont énormes. Ce coût, ainsi que le coût de déconstruction des anciennes centrales (aucune ancienne centrale n’a été complètement déconstruite en France), sont énormes et sous évalués.
- Il est souvent dit que la production d’électricité nucléaire est pilotable, alors que les énergies renouvelables sont intermittentes. Les formes de stockage de l’énergie se développent (sous forme d’hydrogène, ou en alimentant les lacs de barrages hydrauliques, ,…). Mais les centrales nucléaires sont aussi d’énormes cocottes qu’il faut continuellement refroidir, d’où leur construction proche de la mer ou d’un fleuve. Mais ces dernières années, il a fallu arrêter plusieurs centrales nucléaires françaises dans les périodes les plus chaudes, car l’eau trop chaude sortie des centrales risquait de mettre en cause gravement la faune dans des fleuves… Il a donc fallu importer de l’électricité allemande (produite avec du charbon !).
- enfin, la centrale de Flamanville a vu son coût multiplié presque de 6 fois, et le retard est de plus de 10 ans (et elle ne tourne toujours pas…). De plus l’État français a du indemniser la Finlande à hauteur de 3 milliards € pour le retard de l’EPR qu’EDF devait y construire (et qui, elle aussi, ne tourne toujours pas…).
Dans son interview sur France Inter ce lundi 15 Novembre à 8h20, Yannick Jadot a souligné que construire des centrales nucléaires reviendrait deux fois plus cher que d’investir dans les renouvelables. (pour le ré-écouter, cliquer ici. Le même midi, France Inter a interrogé un expert en énergies. Yves Marignac (expert auprès de Négawatt) a effectivement confirmé cette affirmation de Yannick Jadot. Il a même précisé que les investisseurs mondiaux ne s’y trompaient pas : l’an dernier, dans le monde, les installations de production d’électricité renouvelable construites représentent une capacité de 256 Gwatt, tandis que la capacité des installation nucléaires construites dans le monde ne représentent qu’une capacité de 0,4 Gwatt. Pour ré-écouter cette émission, cliquer ici.

Au total, on voit bien la tournure de la campagne du président sortant : allongement de l’âge du départ en retraite et des avantages des régimes spéciaux, pénalisation des chômeurs et menaces de radiations (en particulier pour qu’ils acceptent des contrats précaires), appui ‘quoiqu’il en coûte’ à la filière française de l’électronucléaire, malgré ses échecs techniques et financiers, ...c’est bien l’électorat de droite qu’il caresse dans le sens du poil !

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