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La fiscalité écologique et le centralisme de "En Marche"

jeudi 25 octobre 2018, par Patrick Cotrel - - - -

Mireille Alphonse, ancienne tête de liste aux municipale de Montreuil (93) nous a livré ses réactions après une réunion où sont intervenus la députée Bénédicte Peyrol chargée du dossier de la fiscalité écologique à la commission des finances de l’Assemblée Nationale, puis Brune Poirson, Secrétaire d’Etat auprès du ministre d’Etat François de Rugy.
Avec son autorisation, je vous livre ses premières impressions.

Nous étions quelques élu-e-s écologistes et un certain nombre d’ami-e-s engagé-e-s dans des structures associatives, syndicales ou entrepreneuriales, à participer la semaine dernière au congrès d’Amorce (réseau d’élus et d’entreprises engagés dans la transition écologique). Nous avons pu y écouter la députée Bénédicte Peyrol chargée du dossier de la fiscalité écologique à la commission des finances de l’Assemblée Nationale, puis Brune Poirson, Secrétaire d’Etat auprès du ministre d’Etat François de Rugy.

Le très gros « hic » concernant la fiscalité écologique : son acceptabilité par nos concitoyens, et donc sa pérennité et son efficacité, est bel et bien son affectation.

La députée m’a réellement choquée, comme du reste la majorité des élus locaux présents, parce qu’elle a assénée que bien que n’ayant jamais été élue locale, elle ne croyait pas opportun de reverser une partie de la contribution climat vers les territoires (entendre aussi bien le bloc communal que les départements ou régions). Elle s’y est dite hostile, pensant que l’État était plus efficace pour assurer la transition… Brune Poirson, avec plus de diplomatie dans les mots, n’a pas dit autre chose.

On se trouve là au cœur même de ce qui pose problème en Macronie : ce sont souvent des gens jeunes (très bien), plutôt bosseurs et assez doués intellectuellement (parfait), mais persuadés de la qualité exceptionnelle de leurs analyses et certains que leur technicité va tenir lieu de politique. En conséquence, ils sont partisans d’une re-centralisation des pouvoirs.
Avec en prime des lacunes, puisque quand j’ai pris le micro pour dire que la transition se jouait à environ 70 % dans les territoires (si l’on se réfère strictement aux délégations dont jouissent les différentes strates du mille-feuille institutionnel), pas par forfanterie, mais parce que c’est là que se prennent les décisions concernant la rénovation thermique des bâtiments, la lutte contre la précarité énergétique, les choix de mobilités ou de développement des Energies Renouvelables, quand j’ai souligné que la loi avait créé le "service public local de l’énergie" sans y affecter les moindres moyens… la députée n’a strictement rien répondu. Sauf sa conviction que l’État ferait mieux … et de citer le chèque énergie (200 € / famille environ … !!!). Des mesurettes en lieu et place des politiques de grande envergure dont nous avons besoin !

Bref : notre combat à mon sens doit être là. Si nous n’élevons pas la voix pour réclamer que la fiscalité écolo doit aller vers la transition écolo, alors au mieux elle va être noyée dans un grand fourre-tout fiscal qui n’aura comme seul résultat que de braquer Monsieur et Madame Toulemonde contre la transition écolo (les taxes, ça commence à bien faire), soit elle va continuer à être fléchée pour financer des politiques publiques que nous déplorons (CICE), ou pour financer des incongruités de très court terme (subventions déguisées à EDF pour l’empêcher d’augmenter le prix de l’électricité nucléaire). Et de toutes façons, elle n’aidera pas vraiment la France à prendre le virage nécessaire. Il faudrait par exemple que l’on rénove environ 500 000 logements / an, je crois que l’on n’arrive même pas à 200 000 aujourd’hui. Et nous, les territoires, n’avons pas l’argent pour le faire.

Par rapport au débat ouvert dans les médias, je voudrais aussi dire qu’opposer, ou même ne serait-ce que distinguer « fléchage social » et « fléchage environnemental » est une fois de plus une mauvaise manière que l’on nous fait. Si l’on alloue suffisamment d’argent au logement, aux transports (ferroviaire, vélos), au développement du mix énergétique… on créé de l’emploi. On redynamise l’économie.
À l’inverse, la transition écologique dans les territoires, financée majoritairement par des contrats passés avec des grandes entreprises nous permet de construire des quartiers pour classes moyennes aisées. Certainement pas pour rénover les passoires énergétiques où vivent les classes populaires. C’est une contradiction, mais je peux vous dire que, vue de Seine-Saint-Denis et certainement de beaucoup d’autres agglomérations, elle est déjà « à l’œuvre ».

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