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L’effondrement de nos sociétés est-il certain ?

mercredi 26 décembre 2018, par Patrick Cotrel - -

La colapsologie est ce courant de pensée qui veut étudier les signes des crises qui minent la société actuelle (réchauffement climatique, diminution de la biodiversité, augmentation des inégalités dans chaque pays et au niveau mondial, crise financière, …) et la conduisent à un effondrement rapide.
Cette pensée semble intéressante par toutes les questions qu’elle nous pose.

Voici des extraits de l’interview de Pablo Servigne publiée dans le N° du 20 décembre 2018 de Télérama.

Nous ne voulons pas croire à ce qui se passe sous nos yeux : l’effondrement de notre civilisation. Or, plutôt que de sombrer dans le désespoir, il nous faut accepter l’idée d’une catastrophe certaine, nous dit le chercheur Pablo Servigne. C’est, selon lui, le préalable pour que l’humanité trouve la force d’inventer un nouvel horizon.

"Nous sommes partis de ce constat : malgré l’accumulation de savoirs scientifiques sur les catastrophes en cours, nous ne croyons toujours pas ce que nous savons. Et donc, nous n’agissons pas. Comment faire ? L’ « effondrement » nous a paru efficace pour mettre en récit ces faits sidérants. Ce mot extrêmement large, puissant, permet aussi bien de parler des études scientifiques, de la raison, que de toucher l’imaginaire et d’ouvrir une nouvelle vision du monde."
"…croire que des catastrophes Irréversibles sont déjà en cours n’empêche pas d’agir. Au contraire. Il faut comprendre qu’en acceptant cette réalité, il reste encore une marge de manœuvre, un élan de vie et la possibilité d’un passage à l’action."
"Et au fond, l’effondrement n’est rien d’autre que la question de la mort projetée à une échelle collective. La démarche que nous proposons est de l’accepter."
"Les humains sont des animaux de croyances. Celles-ci forment notre manière d’être au monde, de voir le présent, le futur, d’aborder les autres, et ce qui nous met en mouvement. Elles peuvent être conscientes et inconscientes. Et elles sont souvent plus fortes que les faits - certaines nous imprègnent depuis si longtemps qu’elles ont fini par ressembler à des vérités indiscutables. Nos croyances, ce sont le progrès, la croissance infinie, la technoscience qui domine la nature. Celle aussi qui nous dit qu’il n’existe qu’une seule loi de la jungle - la compétition. Mais les croyances vivent et meurent. La question de l’effondrement est passionnante car elle traverse tout cela, et permet de traiter autant la raison que les émotions, les idéologies et les mythes. Elle ne condamne pas l’avenir. Elle nous invite à déstabiliser les croyances toxiques. Et à créer un nouvel imaginaire, pour nous permettre de croire à un futur quand ce dernier a l’air de s’effondrer."
"Voilà pourquoi je dis que l’utopie a changé de camp. Aujourd’hui, les utopistes sont les optimistes béats, qui croient que tout peut continuer comme avant. Et les réalistes sont ceux qui agissent en vue des catastrophes qui ont déjà lieu, et de celles à venir."
"C’est l’idée, développée par les américains ]oanna Macy et Chris]ohnson, de faire maintenant, aujourd’hui, ce qui nous semble juste, ce qui nous importe, quelles que soient nos chances de réussite, même si on sait que le réchauffement dépassera 1,5°C, que les migrations climatiques seront gigantesques, etc.
C’est un de ces « déclics » sémantiques qui débloquent tout.
"
"Savoir ne suffit pas. Les responsables politiques qui discutent des chiffres climatiques, lors des Conférences des parties (COP), ont lu les rapports des experts. Ils savent. Mais ils n’y croient pas, comme si la tête savait mais que le cœur s’y refusait."
"… Il ne s’agit pas d’une prise de conscience. C’est une prise d’émotion. Une fois qu’on l’a ressentie, plus rien n’est pareil."
"Si plusieurs climatologues du Giec s’autorisaient à pleurer en public, à l’instar des larmes du représentant des Tuvalu au sommet sur le climat en 2009, ils provoqueraient un « déclic » énorme. Mais quand un Nicolas Hulot pleure lors de sa démission, notre société dit encore trop souvent que c’est la preuve que la politique n’est pas faite pour lui, qu’il est trop émotif ... Et pourtant les impacts des émotions sur notre perception des risques, nos manières de penser, d’agir sont fondamentaux."
"Nous avons besoin des émotions, de l’intuition, de la philosophie, de la spiritualité aussi, pour accompagner la rationalité scientifique."

Pour télécharger l’intégralité de l’interview, cliquer ici.

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