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Evolution du chômage en période de confinement
dimanche 31 mai 2020, par - Développement Durable - Format. Profession. - Emploi
Les tendances constatées au mois de mars (pour une période de confinement de 15 jours) se sont accentuées en avril.
Accroissement du chômage et transfert entre catégories :
Le nombre de chômeurs de catégories B et C a diminué de 622 000 en avril, soit un cumul de 698 000 depuis fin février.
Pour la plupart, ils ont basculé en catégorie A, qui a augmenté de 1,082 million. Cela s’explique, car les cat. B et C correspond aux personnes qui effectuaient un petit boulot de quelques heures ou quelques jours dans le mois, qui n’ont pas été renouvelés à cause du confinement, sans être déclarés en chômage partiel.
Donc, les ‘nouveaux’ chômeurs de catégorie A sont au nombre de 384 000, c’est à dire l’augmentation du nombre de chômeurs de cat. A, B et C (véritable chiffre du chômage, qui se situe maintenant à 5,767 millions)
Le graphique ci-contre illustre bien ce constat.
Les entrées et sorties du chômage :
Comme expliqué dans l’article traitant du chômage de mars, les mouvements d’entrées et sorties sont plus importants qu’on ne se l’imagine (de l’ordre de 550 000 chaque mois). En examinant ces entrées et sorties, et leurs motifs, on fait les constats suivants.
Les entrées au chômage (nouvelles inscriptions) ont légèrement augmenté en mars, mais ont diminué en avril (591 000 en mars, 462 000 en avril, contre 568 000 en février). Et parmi celles-ci, les entrées pour sorties d’emploi n’ont pas augmenté, sauf pour fin d’intérim ou de CDD (140 000 en cumul de mars et avril) et n’expliquent pas l’augmentation de 384 000 le nombre de chômeurs cité ci-dessus.
Les sorties du chômage ont par contre nettement diminué : 411 000 en mars et 255 000 en avril, contre 557 000 en février. Les motifs les plus impactés sont divers :
- les sorties du chômage pour reprise d’emploi ou entrée en stage de formation (près de 180 000 en cumul des deux mois)
- les défauts d’actualisations mensuelles (près de 190 000 en cumul des deux mois)
- les radiations pour absence à convocation (pas de convocation=pas d’absence).
Si on examine les offres recueillies par Pôle Emploi, on constate un effondrement : 142 000 en mars, 74 000 en avril, contre 267 000 en février. Le ministère du travail a observé le même phénomène pour les 14 sites privés principaux diffusant des offres d’emploi.
Au total :
Au total, l’augmentation du chômage (A, B et C) et le déplacement des catégories B et C vers la A ne résultent pas de vagues de licenciements économiques au cours de ces deux mois. Le dispositif de chômage partiel mis en place par le gouvernement a empêché (ou différé ?) les ruptures de contrat de travail des salariés à contrat stable (CDI, CDD longs, …).
Cela a également permis de maintenir le pouvoir d’achat de ces salariés et aux entreprises de conserver leur savoir-faire et leur capacité de production. Les chances de redémarrage tiré par une demande pas trop effondrée et une capacité des entreprises à y répondre se trouvent ainsi conservées. Mais pour combien de temps ? Sans compter le fait que cette crise suscite de nombreuses questions sur « le monde d’après ».
Dans la période à venir, cette mesure générale ne suffira plus, et il faudra faire des choix sur le type de relance, si le gouvernement ne veut pas être pris en pleine contradiction avec la transition écologique (qui sera appuyé et concrétisé par les propositions de la convention citoyenne). Il faudra donc encourager certains secteurs et prévoir des reconversions pour les secteurs qui ne devront pas repartir comme avant (en particulier dans les transports)...
On constate que les premières victimes sont les salariés à statut précaire (intérim, CDD). Et ce n’est qu’une partie des gens à statut précaire qui se retrouvent en situation économique difficile (intermittents, auto entrepreneurs, certains artisans et commerçants, emplois ‘ubérisés’, …). Il faut que l’État et les collectivités locales se préparent à venir en aide concrète à cette population qui va se trouver la plus exposée face à la crise économique que nous allons vivre.
Rien n’est joué, … Tout est possible...
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