Accueil > Blog > Dimanche : un vote pour l’avenir

Dimanche : un vote pour l’avenir

mardi 18 avril 2017, par Patrick Cotrel - -

C’est la première fois qu’une campagne présidentielle amène autant de rebondissements et demeure aussi incertaine jusqu’au bout. Première fois, aussi, que deux élus mis en examen figurent parmi les favoris.
Cela témoigne d’une double crise.
Une crise des institutions représentatives :
Le système électoral majoritaire, accentué par la primauté de l’élection présidentielle sur l’élection législative (depuis Jospin…), se révèle complètement imprévisible face à l’irruption d’une troisième force comme le FN, et encore plus lorsqu’une quatrième force apparait (Macron). Un déplacement de 10% de voix peut permettre à une force politique de disposer de tous les pouvoirs. Alors que dans la plupart des démocraties européennes, un scrutin comportant une part importante de proportionnelle oblige à la constitution de coalitions sur des bases clairement et publiquement établies (après l’élection, sur la base des résultats), qui excluent, de fait, l’extrême droite. Et c’est sur la base de cette négociation qu’un exécutif se met en place. Voir à ce sujet la récente élection législative aux Pays Bas.
Une crise des partis traditionnels :
- Après les révélations sur Fillon, le boulevard qui s’annonçait pour lui se transforme en chemin de croix : une partie de l’électorat de droite se retrouve à soutenir Macron. Et l’hégémonie de LR sur l’électorat de droite se retrouve remise en cause. La droite est profondément éclatée.
- Le PS est en pleine division, avec des élus et des ministres qui vont vers macron et certains militants qui sont découragés et restent l’arme au pied.
- La situation n’est guère plus brillante chez EELV, où le dirigeant historique de Europe Ecologie soutient Macron, suivi par un certain nombre de militants, tandis que d’autres partent faire la campagne de Mélenchon.
- Du côté de Mélenchon, on a un drôle d’attelage où le Parti de Gauche et le Front de Gauche semblent avoir disparus du paysage, mais où la guerre larvée avec le PC continue : pour bénéficier du label "La France Insoumise", les candidats aux législatives devront se rattacher, pour le financement public des partis, à l’association de financement LFI qui vient d’être créé, ce qui constitue une tentative d’étouffement financier du PC.
Préparer l’étape suivante :
On le voit bien, une recomposition des partis politiques est probable et surtout souhaitable. On voit bien apparaître (hormis le FN) une droite réactionnaire, traditionaliste et anti sociale, à côté d’une droite ultra libérale et moderniste sur les questions de société (à la façon Giscard), à laquelle les socio-libéraux sont en train de se raccrocher.
Malgré la grande confusion qui règne dans cette campagne, un phénomène nouveau est apparu à gauche : la transition écologique et la gauche semblent aujourd’hui inséparables (c’est ce que défendent les deux candidats de gauche), tandis que les autres candidats en parlent très peu et veulent toujours développer la filière française de l’énergie nucléaire (pourtant en pleine déconfiture technique et financière).
De plus, sur le terrain, on constate que l’appareil PS fait et organise la campagne (avec plus ou moins d’enthousiasme suivant les endroits), et que de nombreux militants PS s’engagent dans la campagne et défendent la plate-forme signée avec Yannick Jadot.
Cela dessine la perspective de la construction d’une organisation écologiste et socialiste, même si une partie de cette mouvance peut être attirée par la radicalité d’une extrême gauche marginalisée.
C’est en ce sens que cette campagne présidentielle peut être considérée comme une préparation à cette recomposition de la gauche et de l’écologie. Mais on constate que deux conceptions de la recomposition se dégagent :
- une première, celle de Jadot et Hamon, qui a su prendre le temps du débat de fond, de la négociation, d’un premier rapprochement fondamental, même si la dynamique de la campagne présidentielle elle-même a pris du retard ;
- celle de Mélenchon, qui pratique le coup de force permanent (y compris vis-à-vis du PC), sans perte de temps pour le dialogue, qui est en train de siphonner l’électorat de Hamon au nom du vote utile (pourtant décrié par le passé), grâce à une campagne très structurée et dirigée par une nouvelle organisation sans statuts, mais très centralisée.

Ce vote pour la présidentielle, c’est aussi un vote sur l’objectif et la méthode de la recomposition de la gauche et de l’écologie.
- Veut-on une organisation centralisée autour d’un homme providentiel (même si c’est un bon tribun) ?
- Veut-on lancer un ultimatum à l’Europe consistant à imposer nos exigences, sous la menace de sortir et, finalement, de casser l’Europe, dans une situation où il y a un président US imprévisible et une Russie expansionniste ? L’Europe est une construction volontaire et conjointe, négociée pas à pas, qui vise à dégager nos intérêts commun, mais exclue le coup de force.
- Veut-on fermer les yeux sur l’expansionnisme russe à l’Est de l’Europe et avoir une attitude ambiguë par rapport au régime syrien qui pratique le terrorisme d’état ?

Voter Hamon dimanche prochain, c’est donner le maximum de chances à l’émergence d’une force écologiste et de gauche, capable dans l’avenir de postuler sérieusement au pouvoir pour changer la société.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Vous inscrire sur ce site

L’espace privé de ce site est ouvert aux visiteurs, après inscription. Une fois enregistré, vous pourrez consulter les articles en cours de rédaction, proposer des articles et participer à tous les forums.

Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.