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Compensation de la crise et ‘relance’ en Europe et aux USA : Un océan les sépare

mardi 24 août 2021, par Patrick Cotrel - -

Dans un article publié dans le N° d’août 2021 de la revue « L’économie politique », deux économistes de l’OFCE-Science Po comparent les mesures prises et à venir par les Etats des deux côtés de l’atlantique, face aux conséquences économique de la crise sanitaire.
Ce qui suit est fortement inspiré par cet article.

Des conséquences diversifiées selon les pays :
Certains secteurs ont été particulièrement touchés par la crise sanitaire, comme le tourisme, les services de loisir, le transport aérien, …
Les pays où ces secteurs d’activité sont plus importants ont vu leur PIB diminuer le plus. Exemples : en 2020, Espagne -10,8 %, France -8 %, Allemagne -6,7 % USA -3,5 % (et Chine +2,3 %, ce qui est très faible).

Les réponses des gouvernements :
Tous les gouvernement ont du faire face à des diminution de rentrées d’impôts liés aux activités économiques.
Mais en plus, les gouvernements sont intervenus pour limiter la perte des revenus des différents acteurs. C’est le « quoi qu’il en coûte » que tous les gouvernements des pays développés ont mis en œuvre, contrairement à ce que la communication présidentielle a voulu laisser croire.
Ainsi,dans l’ensemble de la zone Euro en 2020, la perte initiale de revenus a été de 48 % pour les ménages, de 37 % pour les entreprises et de 15 % pour les Etats. Mais après intervention des Etats (subventions, chômage partiel, garanties d’emprunts, …), la répartition finale a été de 5 % pour les ménages, de 24 % pour les entreprises et de 71 % pour les Etats.
En France, la perte initiale de revenus des ménages a été surcompensée, puisqu’ils ont gagné +11 %. On a à peu près la même chose en Angleterre (+9%) et en Allemagne (+10%). Par contre, pour les entreprises, l’Allemagne a été plus généreuse (perte initiale à 53 % pour une perte finale à 9%), tandis que pour la France, la perte pour les entreprises est passée de 51 % à 43 %.

Le « plus possible » des USA :
Mais pour les USA, les ordres de grandeur ne sont plus du tout les mêmes. Les pertes initiales ont été de 73 % pour les entreprises et de 35 % pour les ménages. Mais après interventions des Etats, il y a eu un GAIN de 5% pour les entreprises et de 190 % pour les ménages (et une perte de 295 % pour les Etats).

Exemples de la façon dont cela a pu se passer :
Dès la baisse de la demande, les entreprise américaines ont licencié. Et le chômage s’est envolé. Mais le système d’assurance chômage dépend de chaque Etat. Malgré l’absence d’activité partielle, l’administration Trump a mis en place une allocation chômage fédérale d’un montant forfaitaire de 600 $ par semaine. D’autres mesures, comme des envois de chèques aux individus gagnant moins de 75 000$ par an : 1 200$ , puis 2 000$ en mars 2021. Même des ménages épargnés par la crise ont eu droit à ces aides...
A l’évidence, la surcompensation de la crise a été bien plus forte aux USA qu’en Europe.
Le tableau ci-dessous vient confirmer cette réalité :

Et pour l’avenir ?
Aux USA, en plus des mesures déjà votées, le plan Biden de modernisation des infrastructures va mobiliser 8 % du PIB sur 8 ans. Ce plan est destiné à construire la « nouvelle économie américaine » et doit permettre aux USA de « surpasser leurs rivaux ».
A titre de comparaison, le plan de relance européen, qui cible dans tous les pays de l’UE des investissements dans la transition énergétique et le numérique. Il représente 2,8 % du PIB de l’Union Européenne, soit trois fois moins que le plan Biden.

Ce pari américain vise à conserver le leadership mondial de l’économie américaine, dans une situation de taux d’intérêts très bas. C’est un pari risqué, car avec un tel déficit budgétaire, il risque de rallumer l’inflation, et pas seulement aux USA.
A l’inverse, le plan de relance européen représente un progrès important dans le fonctionnement de l’Europe, surtout qu’il concerne des enjeux fondamentaux pour l’avenir. Mais, par comparaison, ce plan européen semble finalement assez timide.

Les auteurs de l’article de l’économie politique concluent : « Au regard des grandes variables macro-économiques, les Etats-Unis auraient peut-être pu en faire un peu moins, mais les européens certainement un peu plus...  ».

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