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Chômage et indemnisation : actualités

samedi 22 juin 2019, par Patrick Cotrel - - -

Le chômage en mars 2019 :
Le nombre de chômeurs de cat. A, B et C a peu évolué depuis de l’année : 5,606 millions en déc 2018, 5,590 en février et 5,610 en mars. En un an, ce nombre a baissé de 0,2 %. Par tranche d’âge, les 25-49 ans baissent de 1 % en un an, mais les 50 ans et plus augmentent de 2 %.
A l’intérieur de cet ensemble, la catégorie A est en baisse (3,38 millions, contre 3,42 en décembre) de 1,1 % sur un an. Mais les catégories B et C sont en hausse (2,23 millions contre 2,19 en décembre 2018) de 1,2 % en un an.
On retombe sur le constat maintenant classique : il y a des embauches, mais sous forme de contrats précaires : les demandeurs de catégories B et C sont ceux qui ont accepté de prendre un ‘petit boulot’, tout en recherchant un emploi stable.
Le nombre de chômeurs de longue durée (un an et plus) est stable à 47,4 % de l’ensemble des chômeurs (cat. A, B et C).
Les chiffres trimestriels de l’INSEE :
De son côté, l’INSEE annonce une baisse du chômage de 0,1 % (8,7 % de la population active) au premier trimestre 2019, et de 0,5 % sur un an, en estimant ce nombre de chômeurs à 2,4 millions . L’estimation du nombre de chômeurs de longue durée est même en baisse de 0,3 % sur un an, ainsi que le ’halo autour du chômage’ (à 1,4 million, soit une baisse de 89 000 sur un an) et le sous emploi (à 5,3 % de la populations active, en baisse de 0,4 % sur un trimestre et de 0,8 % sur un an).
Note : le ’halo autour du chômage’ est constitué de personnes sans emploi, mais qui ne sont pas immédiatement disponible, et le sous emploi désigne les temps partiels subis.
Alors que pour la fin décembre 2018 nous avions trouvé une coïncidence entre le nombre de chômeurs de cat.A, B et C, d’une part, et la somme des trois chiffres de l’INSEE Chômeurs+halo autour du chômage+sous emploi (total de 5,7 millions), cette fois-ci les chiffres sont divergeants :
Pôle emploi = 5,610 millions / INSEE = chômeurs+halo+sous emploi = 5,212 millions
A l’évidence, ce n’est pas la même chose qui est mesurée...
Pour voir mon précédent article sur le chômage qui traite de la comparaison des chiffres Pôle Emploi / INSEE ("Chômage, emploi : le point sur la situation en février 2019"),
cliquer ici.
La réforme de l’assurance chômage : pour quoi faire ?
Précisons que moins de la moitié des chômeurs sont effectivement indemnisés (par l’assurance chômage, ou par l’État pour la fonction publique ou pour l’ASS et l’AFD). En prenant à sa charge les cotisations des salariés et des non salariés, l’État est maintenant maître du jeu de l’indemnisation des chômeurs, face au patronat : le paritarisme est contourné et les syndicats de salariés marginalisés.
Pour la réforme en préparation, le gouvernement a annoncé la couleur : il faut que l’assurance chômage fasse 3,5 milliards d ‘économie en 2 ans. Dont acte : la priorité n’est donc pas la diminution du nombre de chômeurs ; et les mesures décidées par le gouvernement sont très loin de concerner TOUS les chômeurs ; car la majorité des chômeurs inscrits ne touche pas d’allocation chômage, souvent parce qu’ils ont épuisé leurs droits. Il faut prendre en compte que la moitié des chômeurs (2,8 millions) sont des chômeurs de longue durée (plus d’un an de chômage) ou de très longue durée (1,5 millions ont plus de 2 ans de chômage), La plupart d’entre eux se retrouvent à demander le RSA.
Ce chômage de longue durée vient de loin : ils n’étaient que 1 million fin 2008, avant la crise, sur un total de 3,2 millions de chômeurs. Leur nombre a presque triplé ! Et ce chômage de longue durée désocialise, bouleverse les rythmes de vie, de santé, de nourriture et de logement… Réacquérir des habitudes de vie compatible avec une activité professionnelle est un effort très important qui demande un accompagnement bien plus lourd qu’une remise à niveau professionnelle.
Les stages de formation professionnelle qualifiante qui vont être proposés en plus grand nombre ne sont pas adapté à ce public marginalisé qu’il s’agit de réinsérer socialement autant que professionnellement : on ne sort pas d’une telle longue période de fort chômage d’un seul claquement de doigt, De ce point de vue, il est bien dommage que ce gouvernement ait supprimé les mesures et emplois d’insertion...
Et pour les autres chômeurs ? Les conditions pour obtenir ou prolonger une indemnisation vont être aggravées. Exemples :
- Pour pouvoir prétendre à une indemnisation chômage, il fallait avoir travaillé 4 mois (sur les 28 derniers mois) ; maintenant il faudra avoir travaillé 6 mois sur les 24 derniers mois. Cela veut dire que pour beaucoup de jeunes, à qui des emplois précaires sont surtout proposés, l’absence de ressources, la pauvreté, vont encore durer plus longtemps. Selon la CFDT, 240.000 privés d’emplois, principalement des jeunes et des précaires, n’entreront pas immédiatement en indemnisation. A moins qu’ils ne soient rattrapés par le chômage de longue durée…
- Pour encourager les chômeurs à accepter un contrat court, plutôt que de rester au chômage, la durée des droits à une indemnisation était prolongée (rechargés) à partir d’un mois de travail. Mais le nouveau règlement précise qu’il faudra 6 mois de travail pour que les droits soient rechargés. Conséquence, le chômeur devra réfléchir à deux fois avant d’accepter un contrat de moins de 6 mois, plutôt que de continuer à rechercher un emploi plus stable ; or 35 % des offres d’emploi sont de moins de 6 mois !
- De la même façon, les chômeurs devront réfléchir avant d’accepter des contrats courts à répétition, puisque l’indemnité de chômage ne sera plus calculée sur la rémunération moyenne journalière, mais sur la rémunération mensuelle moyenne.
Au total, ne risque-t-on pas de renvoyer encore plus de chômeurs vers l’exclusion par le chômage de longue durée et la pauvreté ?
Les mesures ‘compensatoires’ :
- une augmentation de l’offre de formation professionnelle qualifiante et la création de 1000 emplois supplémentaires à Pôle Emploi pour assurer le recrutement. On ne peut qu’approuver cette mesure. Mais on a vu plus haut que cela ne répond aux besoins que d’une petite partie des chômeurs, et certainement pas des chômeurs de longue durée (la moitié des chômeurs !)
- Une pénalisation pour certaines entreprise qui utilisent trop de contrat précaires. Mais cela ne va concerner qu’un tiers des contrats courts. De plus, cette mesure est surtout symbolique et hypocrite, puisque la ‘réforme’ du code du travail a eu comme effet principal de simplifier le recours aux contrats courts et précaires par les entreprises !
Oui, cette réforme de l’indemnisation des chômeurs a bien pour objectif de réduire les coûts de l’UNEDIC ; mais c’est bien sur le dos des chômeurs, toujours aussi nombreux, que cela va se faire !

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