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Après le départ de Nicolas Hulot

lundi 3 septembre 2018, par Patrick Cotrel - - -

Les réactions :
Cette démission en direct sur France Inter a fait l’effet d’un coup de tonnerre, même si une majorité pense que la coupe était pleine, comme l’indiquent les sondages :
- Une majorité approuve et comprend la décision de Nicolas Hulot ;
- 52% (‘Oui, tout à fait’) des Français souhaitent que l’écologie et la protection de l’environnement doit être la priorité de l’action gouvernementale ;
- 26% sont plutôt pour (‘oui, plutôt’) ;
- 12% sont contre et 9% plutôt contre (Sondage IFOP publié par le JDD du 2 septembre).
Pour ré écouter l’intervention de Nicolas Hulot, cliquer ici
D’autres réactions (il y en a eu de nombreuses) sont significatives à des titres différents :
- Jean Pasani-Ferry (Economiste professeur à Sciences-Po Paris et architecte du programme du candidat Macron), interviewé dans le JDD, déclare par exemple : "[il ne se saisit pas] assez de la question des inégalités, [au profit d’un] programme assez traditionnel de libéralisation et de baisse des impôts". "ne cédons pas à l’habitude de couper dans les dépenses quand ça va moins bien …".
Le plus urgent ? "Répondre au constat fort et sincère de Nicolas Hulot : « je pars parce qu’on n’a pas changé de trajectoire. »" "Avec la transition numérique, la transition écologique doit structurer une mutation de notre modèle de développement, des mobilités, de notre logique industrielle, d’une économie agricole dépassée et en retard sur les attentes des consommateurs."
"[La méthode Macron] doit changer. (…) Cela suppose plus de délibération, une méthode moins jupitérienne."
- Dans un autre genre, Joël Giraud (chef économiste de l’Agence française de développement, qui gère les interventions de la France dans 109 pays – 10,9 milliards € en 2017), dans Ouest-France dimanche : "Les émissions de CO2 de la France ont augmenté en 2017 de 3,2 %. La moyenne européenne, c’est + 1,8 %. L’Allemagne, c’est - 0,2 % et la Grande-Bretagne - 3,2 %. Nous avons donc la preuve qu’on peut faire beaucoup mieux."
"Au Vietnam, le delta du Mékong est régulièrement, pour partie, recouvert par la mer du fait de la montée des eaux. Or, c’est le grenier à riz d’un pays qui compte 80 millions d’habitants. Le gouvernement nous a appelés au secours pour comprendre comment s’adapter à un delta qui sera définitivement sous l’eau avant la fin du siècle."
"On sait comment agir. Une dizaine de scénarios de transition énergétique pour la France ont été réalisés par des experts en 2013. Ils étaient sur la table de François Hollande et sont aujourd’hui sur celle d’Emmanuel Macron. Cela coûterait entre 2 et 3 % du PIB chaque année, soit entre 45 et 75 milliards." "La rénovation énergétique des bâtiments est prioritaire. C’est le premier poste de consommation de fioul et le premier émetteur de CO2. On pourrait créer beaucoup d’emplois dans ce secteur, diminuer notre dépendance au pétrole et améliorer notre balance des paiements."
"la lutte contre la pauvreté et le dérèglement climatique sont une seule et même question. Ce sont en effet les plus pauvres qui en sont les premières victimes."
- Et puis, il y a les interventions répétées de Daniel Cohn-Bendit : visiblement, il s’emploie fortement pour ’sauver le soldat Macron’ dans la perspective des prochaines élections européennes. Ses interventions ne clarifient pas la question fondamentale posée par Nicolas Hulot, qui n’est surtout pas une simple question de casting.
Les orientations fondamentales :
En cohérence avec les déclarations (ci-dessus) de Joël Giraud, Antoine de Ravignan a écrit deux articles dans ‘L’économie politique’ et dans ‘Alter Eco’ sur les conditions d’une véritable transition écologique. Il évoque la somme annuelle de 50 à 70 milliards €
Il revient sur le ‘Plan Hulot’ de rénovation thermique des logements anciens (500 000 rénovations par an). Pour le réaliser, il faudrait investir 20 milliards € par an, dont au moins 7 ou 8 milliards venant de l’Etat, pour attirer les capitaux privés. Les 3 milliards € accordés au plan Hulot sont loin du compte, comme Nicolas Hulot l’a confirmé lui-même sur France Inter. Et pourtant, l’isolation des bâtiments et logements est la première des priorités pour une transition énergétique et sociale (24% des dégagements de Gaz à Effet de Serre).
La seconde, c’est le domaine des transports (41% des GES). Il faudrait, par exemple, dégager 6 milliards€ pour développer les véhicules électriques (déploiement de bornes de rechargement...) : l’augmentation du prix du gazole ne suffit pas. Mais aussi développer les petites lignes ferroviaires, encourager l’utilisation de véhicules hybrides, développer la recherche sur le stockage de l’énergie par l’hydrogène, taxer le kérosène des avions, très polluant. Le transport maritime, extrêmement polluant, doit aussi faire l’objet de recherche : motorisations au gaz, à l’hydrogène liquide, diminution des consommations, … et ne plus accueillir dans les ports les bateaux qui fonctionnent au fuel lourd très polluant…
Enfin, une volonté de transition écologique ne peut se passer d’un désengagement progressif, mais réel des centrales nucléaires, qui sont un gouffre financier et un lourd échec industriel : c’est la condition pour dégager les financements nécessaires à la transition énergétique (énergies renouvelables, recherche sur le stockage, …).
On le voit, la question de savoir qui va être nommé ministre est secondaire. La question posée par la démission de Nicolas Hulot est l’engagement réel du gouvernement dans la transition écologique et énergétique, avec comme critères :
- Le dégagement des crédits nécessaires (50 à 70 milliards par an), en particulier pour l’isolation des logements anciens (20 milliards€ par an, dont 7 à 8 de l’Etat) ;
- La volonté d’investir dans le développement de modes de transport plus propres ;
- Un calendrier de fermeture de plusieurs centrales nucléaires, en commençant par les plus vétustes, et l’arrêt du programme EPR.
- une nette volonté de sortir d’une agriculture intensive et polluante.
A suivre…

Messages

  • Bonjour
    Le thème des transports m’interpelle particulièrement.
    Il faut « craindre » un développement des véhicules électriques car ceci entraînera un besoin en énergie très important.
    Les véhicules alimentés par des piles à l’hydrogène est une véritable solution.

    • Je ne vous suis pas par rapport à l’hydrogène : ce n’est pas une énergie qui existerait à l’état naturel. Il faut fabriquer l’hydrogène par hydraulise de l’eau avec de l’électricité. C’est donc un moyen de stoker de l’énergie électrique (et cela peut être intéressant pour stoker les énergies renouvelables qui produisent de l’électricité). Mais ce n’est pas une énergie en tant que telle.
      On peut ensuite restituer l’énergie avec des piles à hydrogène qui produisent de l’électricité (qu’il a fallu dépenser pour produire l’hydrogène) et de l’eau. Autre possibilité : produire du carburant pour des moteurs thermiques (en combinant l’hydrogène avec du carbone).
      Restera à mesurer si l’ensemble de ces processus n’entraine pas trop de perte d’énergie au final.
      Patrick Cotrel

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