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Analyse des chiffres INSEE du chômage au troisième trimestre 2021
mardi 23 novembre 2021, par - Au fil des jours - Emploi
Avant la publication de ces chiffres, le gouvernement tablait sur améliorations notables par rapport au trimestre précédent. Il a donc entamé une campagne triomphante : la croissance était revenue et la situation économique et de l’emploi était maintenant meilleure qu’avant la crise sanitaire (sous entendu, grâce à nous et à notre politique).
Mais, pas de chance : les chiffres publiés semblent traduire un léger retour en arrière par rapport aux améliorations notées depuis le début 2021.
Il est intéressant de regarder, à la lumière de ces chiffres, ce qui s’est effectivement passé.
Ce que nous apprennent les chiffres de l’INSEE
Ce que nous apprennent les chiffres de l’INSEE
Il faut cesser de comparer les chiffres de Pôle Emploi et ceux de l’INSEE. Ils ne sont pas dans le même ordre de grandeur parce que les définitions qu’il utilisent sont très différentes et que leurs instruments de mesure sont différents (pointage mensuel et menace de contrôle pour l’un, sondage trimestriel anonyme pour l’autre).
Le résultat : le taux de chômage est à 8,1 %, alors qu’il n’était que de 8 % au trimestre précédent. Ecart infime ? Pas si sûr, car cela représente environ 250 000 personnes !
Cependant, les chiffres de l’INSEE nous permettent de découvrir certains aspects de la réalité.
La population active :
Revenons sur la définition de ce taux de chômage : c’est le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active constituée des personnes de 15 à 64 ans qui ont une emploi et celles qui sont au chômage. Ce nombre de chômeurs est de 2,448 millions de personnes (au sens du Bureau International du Travail) pour une population active de 30,222 millions de personnes, alors que la population totale est de 67,5 millions de personnes (la différence étant la population « inactive »).
A la fin 2019, le nombre de chômeurs (BIT) était de 2,409 millions, pour 2,448 millions fin septembre 2021). Nous n’avons toujours pas rattrapé le retard, même si la situation commence à se redresser depuis le début 2021…
Les différents types de contrats (ou de statut) de travail :
Par rapport au trimestre précédent, le taux d’emplois total a augmenté (+0,6 point). Mais cette hausse s’est répartie entre une hausse des CDD ou intérim (+0,3 point) et une hausse des « autres contrats » (+0,3 point). Autrement dit, les embauches nouvelles ont eu lieu sous des contrats ou statuts précaires.
Et c’est justement dans cette période que le gouvernement décide de pénaliser financièrement les titulaires de ces emplois précaires, mais pas les employeurs qui abusent de ces contrats !...
La population ‘inactive’ :
Elle est constituée de personnes qui n’ont pas d’emploi (jeunes ou anciens n’ayant pas l’âge de travailler, femmes ‘au foyer’, personnes lourdement handicapées, , …), mais aussi de personnes au chômage de très longue durée, qui sont découragées, … rejetées de la sphère de l’activité. Et on a constaté que, lors de la crise sanitaire, ce nombre de personnes ‘inactives’ de 15 à 64 ans a augmenté (et la population active a diminué, voir tableau ci-dessus).
De fin 2019 à juin 2020, le taux d’inactivité a augmenté de 0,9, ce qui traduit le fait qu’à l’occasion de la crise sanitaire, un nombre important de personnes (plusieurs centaines de milliers de personnes) déjà en difficulté ont basculé en dehors de la sphère de l’activité professionnelle.
Mais depuis le second trimestre 2021, on a le mouvement inverse, ce qui traduit une reprise générale d’activités. Mais du fait de nombreux appels faisant état du manque de main d’œuvre qualifiée, une partie des « exclus » de la sphère du travail ont commencé à y croire ; et ils se sont ré-inscrit à Pôle Emploi de façon positive (détectable par l’INSEE).
Alors que le nombre de personnes au travail a ré-augmenté, le nombre de personnes au chômage n’a pas diminué, du fait du retour de cette partie précédemment exclue. Conséquence, la population au travail a augmenté, mais aussi le nombre de chômeurs. Donc, le ratio entre les deux (taux de chômage) a peu varié.
Des laissés pour compte :
Les chômeurs de longue durée : leur nombre est passé de 646 000 fin 2019 à 721 000 en septembre 2021, soit une augmentation de 11,6 %.
Cette forte augmentation du chômage de longue durée est au moins un constat identique à celui qu’on peut déduire des chiffres de Pôle Emploi.
Les jeunes : le nombre des jeunes de 15 à 24 ans au chômage est passé de 606 000 fin 2019 à 629 000 en septembre 2021, soit une augmentation de 4 %. Dans le même temps, le pourcentage des jeunes de 15 à 29 ans qui sont ni en emploi ni en formation est passé de 12,4 % à 11,6 %. (amélioration qui s’est produite depuis mars 2021). On peut supposer qu’un certain nombre de ces jeunes se sont réinscrit à Pôle Emploi ou dans les Missions Locales suite aux multiples annonces de la reprise économique et des besoins en main d’œuvre qualifiée.
Quoiqu’il en soit, ce nombre important de jeunes ‘dans la nature’ est inquiétant.
Au total :
Il n’y a pas de quoi crier victoire : l’activité économique a redémarré, suite à la levée progressive des restrictions à la circulation des personnes, mais tout cela est encore fragile et nous n’avons toujours pas rattrapé la situation d’avant crise sanitaire. En particulier, la situation des plus fragiles s’est détérioré.
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