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A propos de la crise chypriote

samedi 30 mars 2013, par Patrick Cotrel -

On entend tous les sons de cloche à propos de cette crise : certains reprochent à l’Europe d’avoir bafoué la sécurité des dépôts bancaires, d’autres protestent contre les sacrifices imposés au peuple chypriote. Que faut-il en penser ?

Chypre, un paradis fiscal ?
Il faut savoir que l’économie de cette ile repose sur le tourisme, et surtout sur les activités bancaires : les avoir des banques chypriotes représentent 7 fois le PIB (Produit Intérieur Brut) de Chypre ! (note 1)
Pourquoi cette hypertrophie du secteur bancaire ? Parce que les dépôts dans les banques ne sont pratiquement pas taxés, que ces banques sont peu regardantes sur la provenance des fonds (plusieurs dizaines de milliards € -plus ou moins propres-proviennent des oligarques Russes) et que les taux d’intérêts servis sont très nettement supérieurs à ce qui est pratiqué ailleurs.
La crise du système bancaire chypriote est la conséquence de ses investissements importants en obligations de l’Etat grec.
Dans ces conditions, fallait-il que la banque centrale européenne prête sans barguigner 17 milliards € pour boucher le trou de ces banques et permettre à ce paradis fiscal de pouvoir continuer son buisines ? Ou au contraire fallait-il que ces capitaux, qui avaient bénéficié de taux et de conditions très avantageux, participent à l’effort de redressement ?
C’est finalement ce qui a été exigé et obtenu par la Commission Européenne : elle prête 10 milliards €, mais Chypre devra en trouver 5,8 en taxant les dépôts bancaires (supérieurs à 100 000 €) à un taux de 10 à 20%.
Taxer les capitaux :
Cette décision provoque la protestation des tenants du libéralisme et de la finance internationale. Et on les entend dire que pour résoudre une telle crise, il fallait instaurer l’austérité pour les plus pauvres, réduire les salaires des fonctionnaires, (…), mais surtout pas remettre en cause la sacro-sainte sécurité des dépôts (fussent-ils d’origine douteuse !) et la confiance de la finance.
Pour autant, le peuple chypriote sera-t-il épargné ? Certainement pas, malheureusement, puisque cette activité hypertrophiée génère beaucoup d’emplois et de ressources pour cette ile.
Conclusion :
Nous n’allons pas pleurer sur la mise à mal de ce paradis fiscal.
Mais il en existe d’autres en Europe. L’union Européenne va-t-elle s’y attaquer également ?
Enfin, pour Chypre, l’Europe va-t-elle favoriser la création de nouvelles activités susceptibles de se substituer à la banque, afin que le peuple chypriote voit des perspectives alternatives se dégager ???
C’est seulement à ces conditions que l’Union Européenne pourrait retrouver une légitimité populaire qui lui fait de plus en plus défaut.

Note 1 : par comparaison, le système bancaire français, est un des plus développé du monde. Mais la plus grosse banque française (la BNP) possède des avoirs qui sont à peu près équivalents au PIB de la France (seulement ! ….).

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